CONDILLAC (1715-1780): VIE, DOCTRINE
Publié le 17/01/2022
Extrait du document

I. — VIE DE Condillac
Étienne Bonnot de Condillac naquit à Grenoble en 1715. De fréquentes maladies, auxquelles son enfance fut exposée, retardèrent son développement intellectuel Obligé de s'interdire tout travail, à .cause de la faiblesse de sa vue, il parvint jusqu'à l'âge de douze ans sans avoir encore appris à lire. Emmené à Paris par son frère l'abbé de Mably, il entra dans les ordres, reçut l'abbaye de Mu- veaux, puis celle de Flux, près de Beaugency, mais n'exerça jamais ses fonctions ecclésiastiques. Lié avec Diderot et J.-J. Rousseau, il se consacra exclusivement à la littérature et à la philosophie. Eu 1757, Marie Leczinska l'appela à diriger l'éducation du jeune Ferdinand, duc de Parme, petit-fils de Louis XV. Deux ans après, Condillac remplaça l' abbé d'Olivet à l'Académie française, mais il ne prit jamais part aux travaux, de l'illustre Compagnie. Décidé à vivre dans la retraite, il refusa la charge de précepteur des enfants du. Dauphin (Louis XVI, Louis XVIII et Charles X), et s'adonna tout entier à la composition de ses ouvrages. Il mourut en 1780.

«
Au milieu de ces exagérations sur l'importance du langage, on trouve de très beaux aperçus sur les services qu'ilrend à la pensée; Condillac montre très bien que le langage sert à former les idées abstraites et générales, à fixerl'attention, et, par là même, à développer la mémoire; il montre également que le langage peut être un instrumentd'analyse; mais, ici encore, il exagère en disant que toute langue est une méthode analytique.Voici comment Condillac expose l'origine du langage.
Le langage d'action est naturel à l'homme, en ce sens qu'il estune suite de la conformation de ses organes; l'homme savait ce qu'il pouvait signifier avec ses gestes, et il s'en estservi.
L'analogie lui fit aussitôt ajouter des signes artificiels.
Mais « l'homme est également conformé pour parler lelangage des sons articulés.
» Comme les premiers sons de voix faisaient partie du langage d'action, l'homme n'eutqu'à y joindre une articulation pour les rendre plus expressifs.
D'abord, il imita tous les objets qui font quelque bruit;puis, d'analogie en analogie, il arriva à tout représenter par des mots.Les qualités d'une langue bien faite sont, d'après Condillac : l'analogie, la simplicité et la précision ; mais il oublie larichesse qui la rend capable de suffire à tous les besoins de la pensée.
3.
Théories logiques.
— Condillac montre bien les rapports qui unissent la logique à la psychologie; mais l'idée étroiteet incomplète qu'il s'est faite de la nature humaine, se fait sentir dans les règles qu'il donne pour la direction del'esprit.Il attaque la règle d'évidence donnée par les cartésiens, en prétendant qu'elle est incomplète, parce qu'il faut unsigne pour reconnaître l'évidence.
Selon l'expression de Laromiguière, il a mis une enseigne à l'évidence, ensoutenant que ce qui fait l'évidence d'une proposition, c'est l'identité des termes, et que ce qui fait l'évidence d'unraisonnement, c'est l'identité des propositions qui le composent.
Aussi, est-ce dans la notion d'identité, queCondillac prétend trouver le critérium de certitude.
Mais, outre que ce mot identité n'offre pas un sens précis, lanotion qu'il exprime ne saurait être le signe de la vérité; car aller du même au même, c'est traduire une chose dedeux manières différentes; ce n'est pas reconnaître l'impossibilité de nier ou d'affirmer d'une manière opposée.D'ailleurs, dans une proposition, l'attribut n'est pas toujours identique au sujet; et, dans un raisonnement, lespropositions successives qui le composent ne sont pas identiques, autrement, on pourrait les remplacer les unes parles autres.
De plus, partout où l'esprit conclut par identité, il ne marche pas; proclamer le critérium de l'identité,c'est donc nous condamner à l'immobilité.Condillac préconise la méthode d'analyse : « Nous n'aurons pas à chercher, dit-il dans sa Logique, comme on on afait jusqu'à présent, une nouvelle méthode à chaque étude nouvelle; l'analyse doit suffire à toutes, si nous savonsl'employer.
» Mais il absorbe la synthèse dans l'analyse, en faisant de celle-ci une décomposition suivie d'unerecomposition.
Par suite, il combat la synthèse et s'élève contre l'abus des définitions ; il dit de ces dernièresqu'elles doivent être le résumé de ce que l'on a dit, plutôt que le principe de ce que l'on va dire.Ainsi que l'observe avec raison M.
Robert , «Condillac ne discute nulle part avec quelque étendue les grandsproblèmes de la spiritualité de l'âme, de l'existence de Dieu, de la liberté, du bien et du mal.
» — « Les pentes de saphilosophie, » dit Cousin, « le conduisaient à des opinions que repoussaient sa raison et les bienséances de sonétat.
» Il admet avec Descartes que Pâme est distincte du corps ; il prétend même contre Locke que Dieu nepourrait pas donner à la matière la faculté de penser.Il est inutile de faire remarquer le désaccord qu'il y a entre cette théorie franchement spiritualiste et celle dont nousavons parlé plus haut qui ramène le moi à une collection de phénomènes.
C'est par une inconséquence semblableque Condillac admet le libre arbitre, après avoir ramené la volonté au désir, et qu'il démontre l'existence de Dieu ens'appuyant sur le principe de causalité : « Dieu ne tombe pas sous les sens, mais il a imprimé son caractère sur leschoses sensibles; nous l'y voyons, et les sens nous élèvent jusqu'à lui » Il est plus conséquent avec ses théories dela sensation, lorsqu'il fait consister la moralité dans la conformité de nos actions avec les lois, lesquelles ne sont quedes conventions faites par les hommes et dictées par les besoins de la nature humaine.« Sans se faire le champion des idées reçues, sans donner à sa pensée le ressort d'une lutte contre les novateursdangereux ou contre la crédulité vulgaire: Condillac fait de la science et ordonne un système.
Comment cet homme,si étranger au prosélytisme de quelques-uns de ses contemporains, pouvait-il s'inquiéter des conséquencespratiques de ses doctrines? Il n'a qu'une passion, l'amour de l'étude...
Par ses défauts comme par ses qualités,Condillac est, dans la philosophie pure, l'homme du dix-huitième siècle.
»Les conséquences que Condillac ne tira pas de son système furent admises par ses successeurs.
A Condillac serattachent Helvétius, Saint-Lambert, d'Holbach et La Mettrie, qui professèrent ouvertement le matérialisme..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Condillac (Étienne Bonnot de ), 1715-1780, né à Grenoble, abbé philosophe français.
- CONDILLAC, Etienne BONNOT de (1715-1780) Philosophe et logicien, il est le principal représentant de l'école " sensualiste ".
- CONDILLAC, Etienne BONNOT de (1715-1780) Philosophe et logicien, il est le principal représentant de l'école " sensualiste ".
- Vie et doctrine de AUGUSTE COMTE ?
- VIE ET PHILOSOPHIE DE CONDILLAC ?