CHILDERIC III
Publié le 24/03/2012
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À la mort de Thierry IV (737), Charles Martel laisse le trône vacant. Ses fils, en 743, jugent prudent de faire couronner Childéric III, qui passe pour le dernier Mérovingien : bien entendu, ils gouvernent à sa place la Neustrie et l’Austrasie. En 751, Pépin dépose le roi, avec l’approbation du Pape. Childéric, tondu, finit sa vie dans un monastère.
«
UN ROYAUME
NORDIQUE
La chute des Mérovingiens et
l'avènement des Carolingiens
marquent l'aboutissement d'un
processus de détachement
de la zone d'influence
méditerranéenne.
À l'avènement de Clovis, un
royaume barbare succède aux
derniers vestiges du
Bas-Empire romain en Gaule.
Progressivement, ce royaume
se détache de ses anciens
maîtres.
Les routes
commerciales se déplacent
du sillon rhodanien vers les
vallées du Rhin et de la
Meuse.
Un phénomène
similaire se produit au plan
politique.
Les rois
mérovingiens, plutôt
originaires de Neustrie
(les actuelles régions
Aquitaine, Pays de la Loire et
Normandie) ou de Burgondie
(les actuelles régions Centre et
Rhône-Alpes) perdent de leur
influence au profit des maires
du palais issus d'Austrasie
(région couvrant le Nord et le
Nord-Est de la France),
la Belgique et l'Allemagne de
l'ouest.
Le système de
gouvernement bicéphale,
originalité mérovingienne,
permet un
passage sans
heurt
d'une dynastie à l'autre.
déric, lui fait appliquer la ton-
sure et le renvoie à Saint-Ber-
thin.
C'est là que le dernier
des Mérovingiens meurt ou-
blié de tous.
Quant à Pépin, il se fait élire
roi par l'assemblée des
Francs réunie à Soissons en
751.
Dans la foulée, il se fait
sacrer par les évêques.
Enfin,
en 753, c'est le pape Étienne
Il qui le sacre à son tour.
Ainsi
se concluent les deux siècles
et demi de suprématie des
Mérovingiens, entamés avec
la révolte de Clovis en 486 et
achevés misérablement avec
Childéric III.
La porte est ou-
verte à la famille des Pépi-
nides qui donnera le jour à la
dynastie des Carolingiens.
MCMXCVIII
O
ÉD
ITI
ON
S ATLA
S.
A2-
728.
I
MP.
CEE.
15-
01.
Ci-dessus, la déposition
de Childéric III par
Pépin le Bref en 75L
Gravure de Dupré.
Le rétablissement d'un simu-
lacre de royauté légitime est
donc, avant tout, une solution
provisoire pour ramener la
paix à l'intérieur et en dehors
du royaume.
Pépin et Carlo-
man se souviennent fort à pro-
pos qu'un fils de Chilpéric Il vit
retiré au monastère de Sithiun
— devenu depuis monastère
Saint-Berthin — à Saint-Orner.
Le jeune prince descendant
des Mérovingiens est installé
sur le trône sous le nom de
Childéric III.
Profitant de cette
nouvelle situation, Pépin écra-
se les Saxons tandis que Carlo-
man en fait autant avec les Ala-
mans à Canstatt.
À Paris, le pauvre roi Childéric
III n'est que le faire-valoir de
ses maires du palais et dispo-
se d'une liberté d'action sym-
bolique.
Non seulement il est
trop jeune mais il ne dispose
d'aucun soutien réel car l'aris-
tocratie sait fort bien qu'il est
là pour satisfaire les ambitions
de Pépin et de Carloman.
L'his-
toire le surnommera-t-elle
plus tard «l'Insensé» ou
«l'Idiot» parce que ses capaci-
tés mentales étaient quelque
peu déficientes ?
La fin d'un simulacre
En 747, Carloman, sans doute
perturbé par des années de
guerre, décide d'abandonner
la vie politique et de rentrer
dans les ordres.
Après avoir
passé quelques mois à Rome,
il se retire en Italie, au monas-
tère du Mont-Cassin.
Ce re-
tournement fait de Pépin le
seul régent face à un roi in-
existant.
Il entreprend alors
une subtile campagne de
communication.
Il tire argu-
ment des traditions franques
et alémaniques réclamant la
déposition d'un roi incompé-
tent.
Il rappelle que, selon
saint Isidore, le mot «roi» dé-
coule du verbe latin «regir»
qui signifie exercer le pouvoir.
Bref, il prépare les grands du
royaume à l'éviction de Chil-
déric.
En 750, il envoie Fulrad,
l'évêque de Saint-Denis,
consulter le pape Zacharie.
Celui-ci est dans une situa-
tion militaire telle qu'il ne
peut risquer de mécontenter
les Francs, dont il espère l'ap-
pui contre les Lombards.
Il ré-
pond adroitement qu'il «vaut
mieux appeler roi celui qui
exerce le pouvoir royal plutôt
que celui qui ne l'exerce
pas».
Dès le retour de l'am-
bassade, Pépin dépose Chil-
EAD
i
T
L
IC:
),
Zg.
»
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