Camus: vie et oeuvre
Publié le 09/04/2013
Extrait du document


«
est donc la valeur suprême de l 'ab
surde, qui fonde une morale de
l'in
dolence, de la cruauté équivalente.
Caligula, figure emblématique de
l'absurde, a appris que les hommes
meurent et
ne sont pas heureux : il
massacre et demande
la lune.
Répétition de L'État de Siège au
théâtre Marigny.
Avec Jean-Louis
Barrault, metteur en scène, et
Balthus, décors et costumes (1948)
L'âme révoltée
"J e crie que je ne crois à rien et
que tout
est absurde, mais je
ne puis douter de mon cri et il me
faut au moins croire à ma protesta
tion." C'est tout le propos du second
cycle camusien, celui de
la révolte,
que son auteur résume encore :
"Je
me révolte donc nous sommes." Au
concept saccageur de l'absurde, La
Peste (1947), L'État de siège (1948),
Les Justes (1949) et L'Homme révol
té
(1951) opposent désormais cette
parade au nihilisme
qu'est "la recon
naissance
d'une communauté dont il
faut partager les luttes".
Puisque
Dieu est mort, il s'agit de devenir un
saint sans lui ; de tenter dans un défi
permanent à sa condition humaine
de définir un humanitarisme de la
révolte ...
Albert et sa femme
Francine, le jour de son Prix Nobel
de Littérature
Mais le problème se pose alors -
l'homme privé du divin, rejeté dans
un temps purement historique -
d'incarner l'idée dans l'histoire, de
passer de la révolte à la révolution,
c'est-à-dire au meurtre.
La révolte
doit dégénérer en justification du
crime : "Tout révolutionnaire finit en
oppresseur ou en hérétique" (c'est
toute l'histoire du nihilisme mo
derne, de Saint-Just à Hitler) ...
Sauf
à être "délibérément statique" (ce
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,__L'ÉDITEUR
« Camus a non
seulement lutté
contre la pa
resse
de l'in
telligence (son
comme l'ivresse
de la lucidité), il s'est
encore plus opposé à
la paresse du cœur.
»
Jean Grenier, Albert
Camus,
Gallimard, 1968
«L'Afrique du Nord a, en sa personne,
donné naissance à un maître à qui toute
une longue suite d'écrivains, d'origine
chrétienne et musulmane, doivent leur faim
de justice, leur amour des hommes et une
exigence sans limite à l'égard de soi
même.
» -Jules Roy, A propos d'Alger,
de Camus et
du hasard, Le Haut Quartier,
1982
«Voyez-vous, je suis souvent malheureux
depuis quelque temps, de ne pouvoir rien
aimer, ou presque, de mon temps.
Ce que
je lis m'impatiente ou me dégoûte, la société
des marchands me décourage, et pour aller
Photos (a, c, e, f, h) Bemand; (b) ERL / Sipa lcono; (d) collection particulière D.R.; (g) collection Viollet
qu'avec Francis Jeanson
stigmatisa Sartre), la ré
volte de Camus conduit
au terrorisme d'État :
nouvelle im-
passe.
Vers l'art
de la mesure
D
e 1954
(L'Été) à
sa mort, Ca
mus découvre
la Grèce, écrit
L' Exil et le
Royaume,
reçoit .
le prix Nobel de littérature (17
octobre 1957), songe avec l'accord
d'André Malraux à prendre la tête
du théâtre Récamier.
S'il a d'abord
tenté d'éviter le conflit fratricide en
Algérie (avant de se résoudre au
silence, persuadé de ne pouvoir
qu'aggraver le malentendu), s'il
continue de s'insurger (contre le
"socialisme des potences" en
Hongrie) ou réfléchit sur la peine
capitale, sa révolte est dépassée (ou
seulement contenue
?) par la convic
tion naissante que
c'est à l'art qu'il
revient de corriger le réel : "L'art
nous ramène ainsi aux origines de
la révolte dans la mesure où il tente
de donner sa forme à une valeur qui
fuit dans le devenir perpétuel, mais
que l'artiste pressent et veut ravir
à l'histoire" (La Chute, 1956).
Apaisé, le philosophe Albert Camus
trouve
la mort en voiture le 4 janvier
1960 ; l'artiste nous quitte sur une
promesse.
plus loin que possible,
je veux dire la gauche,
où
je suis né, où je mourrai, a dérogé selon
moi et vit aujourd'hui dans la pire des
malhonnêtetés, l'intellectuelle.
Mais en
même temps,
je sais que cette décadence des
cœurs et des esprits est à son terme et que
quelque chose renaîtra qui sera fort et tendre,
aventureux et sage, qui fécondera en un mot,
et que nous pourrons aimer.
Simplement,
je crains de ne pas le voir et je n'aimerais
pas l'idée d'avoir vécu sans aimer la vie
autant que
je le puis.
» -Albert Camus,
lettre à Pierre Moinot, 26 septembre 1953,
publiée dans le
Magazine littéraire n° 276,
avril
1990
CAMUSOI.
»
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