CALVIN
Publié le 02/09/2013
Extrait du document


«
doctrines protestantes et une apologie à l'adresse de leurs détracteurs.
Dès la seconde édition
(1539), il en fit un véritable manuel de dogmatique destiné à guider le lecteur dans l'étude des
Ecritures,
et à lui montrer comment y trouver le Christ dont la communion est pour Calvin le
fondement
de toute religion.
D'édition en édition, l' Institution connut un succès croissant et finit
par s'imposer, sous la forme définitive qu'elle reçut en 1559-1560, après maints remaniements et
surtout après sa traduction en français (1541), comme l'exposé dogmatique le plus original de la
Réforme de langue française.
Elle compte parmi les trois ou quatre livres les plus répandus au
xv1e siècle et parmi ceux dont l'influence fut le plus durable.
Les idées théologiques exposées par
Calvin ne suffisent pas à expliquer pareil rayonnement.
Sans doute se distinguaient-elles par leur
clarté, leur précision, un sens de la mesure qui ne pouvait laisser insensible un lecteur français.
Puisant amplement dans saint Augustin, Luther et Bucer, Calvin avait su n'en retenir que ce qui
était conforme à son esprit et lui paraissait en accord avec sa conception de !'Ecriture.
D'où une
unité qui n'est pas celle d'une logique rigide mais qui procède de la personnalité même de l'auteur.
A cela s'ajoutent les qualités littéraires de l'ouvrage auxquelles les adversaires eux-mêmes n'ont
pu se dérober.
Le latin de Calvin est d'une correction, d'une concision, d'une élégance qui sur
prennent, même quand on le compare à la langue des meilleurs humanistes.
En français, il sait
garder la même brièveté un peu hautaine qui n'exclut ni la vivacité ni l'ampleur.
Il connaît
toutes les ressources de la langue et n'hésite pas à rompre, quand il le faut, sa gravité habituelle
par des traits pittoresques ou mordants et par des comparaisons souvent heureuses.
Avec Rabelais
et Montaigne, Calvin est l'un des créateurs de la prose française moderne.
L'âge pèse peu sur
ses écrits qui restent à la portée immédiate du lecteur contemporain.
L'Institution de 1536 ne fut qu'un début dans la voie nouvelle; désormais se succèdent,
d'année en année, les commentaires bibliques, les écrits de polémique, les mémoires, les sermons,
sans
compter une correspondance à laquelle le réformateur consacre une partie de ses nuits.
Les
cinquante-huit volumes des œuvres complètes attestent, mieux que tout commentaire,
l'énormité de ce labeur incessant.
Au retour d'un ultime voyage à Paris, Calvin voulut regagner Bâle par Genève.
Il y trouva
Farel qui l'obligea à rester auprès de lui pour l'aider à organiser la nouvelle Eglise genevoise.
Les
soucis
de l'action concrète s'ajoutent dès lors pour Calvin aux travaux intellectuels.
Les premières
tentatives
sont du reste vouées à l'échec.
Chassé de Genève, Calvin répond à l'appel de Bucer
qui le place à la tête de l'Eglise française de Strasbourg.
De 1538 à 1541, il écrit, prêche, fait
des cours
à l'école de Sturm, voyage à travers l'Allemagne pour assister aux colloques destinés à
refaire l'unité de l'Eglise.
Surtout, il approfondit ses connaissances théologiques au contact de
Bucer.
Bientôt
il va reprendre, en regimbant, le chemin de Genève, où Magistrat et population le
rappellent avec insistance.
Dès son retour, il donne sa charte à l'Eglise genevoise et en fixe la
doctrine (1541-1542).
Mais les rapports avec le Magistrat restent tendus pendant de longues
années.
En même temps, le réformateur conseille et organise les Eglises qui, peu à peu, se consti
tuent dans les diverses provinces de France; au besoin, il intervient avec tout le poids d'une auto
rité que prouve le succès de ses écrits répandus par une nuée de propagandistes et de colporteurs.
On vient à lui d'ailleurs aussi, d'Italie, de Hongrie, d'Ecosse et des Pays-Bas.
Lorsqu'il meurt, le
27 mai 1564, il dispose d'une puissance spirituelle telle que peu d'hommes en ont connue.
Modeste
sous
d~s dehors autoritaires, il ne veut, jusqu'au bout, connaître d'autre gloire que celle de ce
Dieu à qui il n'avait cessé de rapporter l'ensemble de son œuvre..
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