Biographie: Jean CALVIN
Publié le 07/12/2009
Extrait du document
- « Il appartenait à Calvin de mettre en forme le message luthérien, de le repenser dans une mentalité latine, de le structurer en une langue claire et forte et d'organiser les communautés naissantes à Genève et en France. Avec lui, les brumes de l'aube se dissipent, les doctrines prennent corps. L'enfance de la Réforme est terminée « J. Cadier, Calvin, PUF, 1966.
-
« La sévérité de Calvin est l'expression de son zèle pour la vérité et même de sa sollicitude religieuse pour la victime. (...) De nos jours, chacun de nous condamne l'intolérance de Calvin et nous sommes frappés de stupeur de voir brûler un homme jusqu'aux cendres pour une question de religion, mais nous n'hésitons pas à réduire des villes entières en poussière pour le salut de notre civilisation. « R. Bainton, Michel Servet, hérétique et martyr, 1897.
On oublie trop souvent que Jean Calvin, une des figures marquantes de la Réforme, fut aussi un grand écrivain, notamment par sa contribution à la création du français moderne.
C'est évidemment à Genève que le souvenir de Calvin est le plus présent (au Monument de la Réformation, i,ar exemple). Mais dans sa ville natale, Noyon (Oise), un musée lui est consacré. L'Académie de Genève, fondée par Calvin, fut et reste le centre des études théologiques des protestants de langue française ; elle fut même pendant longtemps un passage obligé pour tous les pasteurs français.
FICHES DE LECTURE:
L'Institution de la religion de Jean CALVIN
«
CALVIN
1509-1564
RAREMENT les historiens de la littérature accordent à Calvin la place à laquelle il peut prétendre
parmi les auteurs du xvie siècle français.
L'auteur de l'Institution chrétienne a suscité trop de contro
verses et d'incompréhensions pour figurer d'emblée, comme il le devrait, parmi les plus grands
écrivains de notre pays.
Et pourtant, le sinistre portrait du dictateur de Genève, du brutal théolo
gien
de la prédestination ou de l'insensible bourreau de Servet, où certains se sont plu à le recon
naître, est aussi
peu ressemblant que possible.
Calvin est né à Noyon le IO juillet 1509.
Issu d'une famille de petite bourgeoisie, il en hérita
l'ambition
et le goût de l'étude.
Il se peut aussi que son ascendance picarde soit pour quelque
chose dans son sens inné de la logique.
A peine âgé de quatorze ans, et déjà pourvu d'un bénéfice
ecclésiastique, il
se rendit à Paris pour se préparer à la carrière théologique où son père souhaitait
le voir entrer.
Du collège de la Marche où il ne fit que passer, il ne retint que l'amitié de Mathurin Cordier.
A
Montaigu, il suivit les leçons du logicien Coronel et du nominaliste John Mair pendant près de
cinq ans.
De là datent ses premiers contacts avec les Pères de l'Eglise et les docteurs scolastiques
dont il devait garder un souvenir fort précis.
Mais sa curiosité n'y trouva pas de quoi se satisfaire.
Par l'intermédiaire de quelques amis, il entra en contact avec les humanistes en renom qui lui
découvrirent un monde nouveau, en lui communiquant leur passion pour les auteurs de l'anti
quité.
Pendant cinq ou six ans, il se maintient dans le sillage d'Erasme et de Budé; il lit aussi des
écrits
de Lefèyre, de Luther et de Mélanchthon, mais sans y prendre goût.
Le rétablissement des
bonnes lettres lui
paraît alors plus urgent que la réforme de l'Eglise.
En 1529, son père l'oblige
soudain à
abandonner la théologie pour le droit.
A la Faculté d'Orléans, il se met à l'école de
Pierre de l'Estoile, tout en apprenant le grec.
Quelques mois plus .tard, il est à Bourges pour
entendre l'Italien Alciat expliquer les Pandectes dans le plus pur esprit humaniste.
Sans relâche,
il lit et travaille, au point d'y gâter sa santé.
Du moins gardera-t-il toujours, de ses études juri
diques, ce besoin du terme propre et de la définition précise que l'on retrouve dans tout ce qu'il
écrira.
Car le voici à pied d'œuvre et, après un nouveau séjour à Paris - qui le mit en contact
avec l'helléniste Danès et l'hébraïsant Vatable - il se sent enfin de force à publier son premier
ouvrage, un commentaire du De Clementia de Sénèque (1532).
Il s'y montre comme un humaniste
de bonne venue, érudit à souhait, avec tout juste cette pointe de pédantisme qu'exigeait son
époque.
Il avait l'étoffe d'un Cujas ou d'un Bodin.
Sa conversion à la Réforme en décida autrement.
Comme tout ce qu'il entreprenait, il se donna de tout son être à l'Evangile retrouvé.
Dès lors, tout
le reste de sa vie ne sera qu'une lutte passionnée pour introduire cet Evangile en France.
Il eut vite
fait
de comprendre que cette œuvre ne pouvait être menée à bonne fin que du dehors.
Obligé de
fuir Paris au lendemain de l'affaire des Placards (octobre 1534), il se fixa à Bâle où il savait pou
voir écrire en toute liberté.
En mars 1536, il y fit paraître un petit volume de quelque cinq cents
pages, sous le
titre de : Christianre religionis institutio.
Il n'avait pas vingt-sept ans; mais l'âge n'y
faisait rien, et le temps pressait.
Il avait conçu son livre d'abord comme un simple exposé des
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