Biographie de THOMAS D'AQUIN (saint).
Publié le 17/01/2022
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Thomas d'Aquin naquit au château de Rocca-Secca, près d'Aquino, en Italie méridionale, d'une haute et puissantefamille.
Enfant, il fut oblat à l'abbaye bénédictine du Mont-Cassin ; il étudia ensuite à la Faculté des Arts del'Université de Naples.
En 1244, il entrait dans l'Ordre de Saint-Dominique ; envoyé à Paris, puis à Cologne, il y reçutl'enseignement de saint Albert le Grand ; il revint à Paris en 1252, fut admis au grade de Maître en 1256 et professa,à ce titre, la théologie pendant trois ans dans le cadre de l'Université.
De 1259 à 1268, il s'acquitta des mêmesfonctions soit auprès de la Curie pontificale à Anagni, Orvieto ou Viterbe, soit au couvent dominicain de Sainte-Sabine à Rome.
De 1269 à 1272, Paris entendit à nouveau ses leçons.
Il rentra alors en Italie et enseigna à Naples.Convoqué par Grégoire X au Concile de Lyon, Thomas d'Aquin tomba malade durant le voyage et mourut à l'abbayecistercienne de Fossa-Nova le 7 mars 1274, à quarante-neuf ans.
Il fut canonisé en 1323, proclamé Docteur del'Église en 1567, déclaré Patron universel des Écoles catholiques par Léon XIII en 1880.
Si la vie terrestre de saint Thomas fut brève, son œuvre, on le sait, est considérable.
La liste de ses écritsauthentiques ne comporte pas moins de soixante-quinze articles et s'étend de la philosophie à la liturgie en passantpar l'Écriture sainte, la théologie dogmatique et morale, l'apologétique, le droit canon, la parénétique.
Son ouvrage majeur est la Somme Théologique, construction monumentale qui a recueilli sa pensée définitive (1267-1273).
L'admirable Officium Corporis Christi, composé en 1264 pour la liturgie eucharistique, dit éloquemment, parl'alliance intime de l'effusion spirituelle et de la clarté doctrinale, ce que peut être la “ sainteté de l'intelligence ”.
Parmi les travaux strictement philosophiques, comprenant treize commentaires de textes aristotéliciens et unedouzaine d'autres compositions, mentionnons le précieux traité De Ermite et Essentia (1256).
La Somme contre lesGentils (1258-1260), si riche soit-elle de substance philosophique, appartient au registre de l'Apologétique.
La doctrine de saint Thomas fut âprement combattue de son vivant et après sa mort, ses adversaires la tenant pourcompromise avec l'aristotélisme hétérodoxe de Siger de Brabant.
“ C'est donc une étrange illusion de perspectiveque de se représenter un XIIIe siècle thomiste, car les hommes de son temps ne l'ont assurément pas vu sous cetaspect, mais ce n'en est peut-être pas une, à la distance où nous en sommes, que de nous le représenter comme lesiècle de saint Thomas...
”, en l'œuvre de qui il s'accomplit et se dépasse.
“ Ce solitaire n'a pas écrit pour sonsiècle, mais il avait le temps pour lui ”, parce que, sensible à la croissance de l'histoire comme à la nécessité de latradition, il était assez libre et profond pour accéder à l'intemporel.
Sans doute convient-il, maintenant, de montrer comment saint Thomas d'Aquin prend place en cette galerie de “philosophes célèbres ”.
Essentiellement théologien, peut-on le comprendre, peut-on surtout se réclamer de lui, sansadopter pour centre de perspective sur son œuvre, qui fut le vrai centre d'irradiation de sa pensée ? Peut-onlégitimement traiter saint Thomas en philosophe ?
Répondre pertinemment à ces questions serait sans doute aller droit au cœur du thomisme.
Tentons-le, aprèsbeaucoup d'autres.
Aussi bien, la difficulté est-elle plus apparente que réelle, car, pour Thomas d'Aquin, l'existence d'une philosophievivante et vraie, constituée en un organisme intègre, est une condition nécessaire de la perfection de la théologieentendue comme explicitation de la Vérité de la Foi dans la conscience intellectuelle pour une vie chrétienne plushaute et plus profonde.
La célèbre formule médiévale : philosophie ancilla theologiœ, est fort loin de représenter la conception thomiste dela philosophie, de la théologie et de leurs rapports.
Si juste soit-il d'insister sur la primauté de la théologie dans l'œuvre de saint Thomas et de rappeler que saméditation philosophique est, la plupart du temps, conduite en fonction de thèmes théologiques, toutes lesdémarches de sa pensée n'en requièrent pas moins la présence effective et agissante d'une sagesse rationnellepleinement digne de ce nom.
Et j'écrirais volontiers ici : d'une sagesse rationnelle autonome, si le mot d'autonomien'appartenait plutôt au vocabulaire de ces philosophies qui récusent la validité de la perspective théologique.
Il importe peu, dès lors, que saint Thomas se soit contenté, en philosophie, du rôle modeste de commentateurd'Aristote.
Certes, il reconnaît à la doctrine du Stagirite une signification privilégiée.
Mais il demeure pleinement jugede l'adhésion qu'il lui donne.
Sans disposer des ressources de la critique historique, il a claire conscience destransformations profondes qu'il impose, en vertu des exigences de sa réflexion propre, à la tradition intellectuelle quis'offre à lui.
Et l'on peut dire qu'il en a de plus en plus conscience : sur la question de savoir, par exemple, si Platonet Aristote étaient parvenus à l'idée de création strictement dite, il semble avoir longtemps pensé qu'ils durentnormalement y atteindre, parce qu'elle était dans la logique profonde de leurs métaphysiques.
Mais lorsqu'il rédigeait,vers 1267, la première partie de la Somme Théologique (question XLIV, article 2), il ne croyait plus qu'en fait l'un nil'autre l'eût professée : “ Il faut bien se dire que les anciens philosophes ne sont entrés que peu à peu et commepas à pas dans la connaissance de la vérité.
Au début, leur esprit peu dégrossi ne concevait d'êtres que ceux quitombent sous les sens.
Et parmi eux, ceux qui attribuaient aux êtres le mouvement, ne le considéraient qu'à l'égardde certains états non-essentiels comme la rareté et la densité, produites par l'agrégation ou la ségrégation desparties.
Supposant la substance des corps incréée, ils ne s'occupaient que de trouver une cause aux ditestransmutations accidentelles, que ce fût l'Amitié, le Conflit, l'Intellect, ou autre chose.
Progressant au-delà, on.
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