Biographie de GOGOL
Publié le 15/12/2009
Extrait du document
- « Il n'est pas de Russe dont le coeur ne saigne pas en cet instant. Pour nous, Gogol était plus qu'un écrivain : il nous a révélés à nous-mêmes. Sous bien des rapports, il continuait à nos yeux Pierre le Grand. « Tourgueniev, discours pour la mort de Gogol.
(...) Il n'est pas de schéma statique qui explique Gogol. Son esprit a été en constant travail, son âme en perpétuelle marche, et c'est seulement dans son devenir, à la lumière de sa biographie, et en particulier de l'abondante correspondance privée qui nous a été conservée qu'on peut espérer comprendre l'unité et les disparités de son oeuvre. « Gustave Aucouturier, préface des Oeuvres complètes de Nicolas Gogol, Gallimard, 1985.
Poète et dramaturge de génie, Gogol, ce névropathe mystique, devient, après la mort de Pouchkine, le plus grand écrivain de sa génération.
Malgré la censure du tsar, les écrits de Gogol conservaient une puissance redoutable. Nicolas Ier, qui ne mesura pas au début leur caractère explosif, se rattrapa à la mort de l'écrivain en suspendant la publication de ses oeuvres complètes et en interdisant tout écrit nécrologique. Tourgueniev fut exilé pour l'avoir encensé. La veille de sa mort, Gogol, affaibli, délire. Les derniers mots qu'il prononce sont : « L'échelle... vite ! «
FICHES DE LECTURE:
«
GOGOL
1809-1852
FILS de modestes propriétaires terriens, N.V.
Gogol naquit à Sorotchinsk, en Ukraine.
Dès
l'école, l'adolescent
prend conscience de ses forces : il ne sera pas relégué, dit-il, « parmi
ceux qui ne sortiront jamais de leur obscurité ».
Mais il songe à une brillante carrière
administrative, nullement à la littérature.
Ses études terminées, Gogol part pour Pétersbourg
où il obtient un petit emploi.
C'est alors seulement qu'afin d'augmenter ses maigres ressources,
il se met à écrire.
L'humour, la fantaisie de son premier recueil de contes, les Veillées du hameau,
conquièrent d'emblée le public.
Suivent deux volumes de récits et d'articles, Arabesques et Mirgorod,
une nouvelle, le Portrait, une farce, les Epousailles, et une comédie, le Réviz;or (l'Inspecteur général).
Ecœuré par le scandale que soulève cette sa tire des mœurs provinciales, Gogol quitte_ la Russie;
il parcourt l'Allemagne, la Suisse, visite Paris et se fixe à Rome.
Il y compose son œuvre capitale,
les Aventures de Tchitchikov ou les Ames mortes, dont la première partie parut en 1842, dont la seconde
ne devait jamais voir le jour.
Ayant par deux fois détruit ses manuscrits, l'auteur abandonne
pour un temps ce roman qu'il intitule« poème>>; il écrit deux récits, le Manteau et Rome et publie
Extraits choisis de ma correspondance avec des amis.
En 1848, il se rend en Terre Sainte, puis s'installe
à Moscou
et reprend la seconde partie des Ames mortes; mais, une nuit, il jette au feu tous ses
brouillons
et meurt quelques semaines plus tard.
La valeur proprement esthétique de l'œuvre de Gogol, qui a pris place à côté de celle de
Tolstoï, de Dostoïevski, est reconnue depuis longtemps en Russie, de même que l'importance
de son rôle historique, tant du point de vue littéraire que social.
« Nous sommes tous sortis du
Manteau », disait Tourgueniev.
Gogol est en effet la source de ce courant réaliste qui domine
tout le roman russe.
Et il est certain, d'autre part, que le rire de Gogol a largement contribué à
libérer les esprits
de l'atmosphère étouffante du régime impérial et exercé ainsi une action vérita
blement révolutionnaire.
On ne peut cependant se cantonner dans une telle perspective où la
portée de l'art de Gogol se trouve restreinte aux limites d'une société depuis longtemps abolie.
Bien
que sa prose souple, riche et expressive, défie la traduction, Gogol n'est pas « que pour la
Russie », comme l'affirmait naïvement le critique Bélinski : cet art a une signification universelle.
Lorsqu'on prétend que le Révizor ou les Aventures de Tchitchikov sont une peinture de la province
russe, on oublie qu'à partir de son arrivée à Pétersbourg, à dix-huit ans, Gogol a perdu presque
complètement contact avec les milieux qu'il est censé décrire; en Russie et à l'étranger, il a
toujours vécu
parmi des intellectuels, des aristocrates.
C'est précisément cette élite qui figure
dans son œuvre, mais « dégradée », selon son propre aveu; « des généraux, dit-il, j'ai fait des
soldats
».
Le réalisme de Gogol n'est qu'un décor merveilleusement monté; il suffit à l'auteur
de quelques détails pittoresques, de menus faits, de locutions caractéristiques, obtenus souvent
GOGOL.
»
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