Biographie de FICHTE (Johann-Gottlieh).
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
Né à Rammenau (Lusace) en 1762, mort à Berlin en 1814.
D'origine très humble, il put, grâce à l'aide d'un bienfaiteur, poursuivre des études de théologie à Iéna et à Leipzig. Il voyagea beaucoup en Europe et rencontra Kant, en 1791, à Königsberg. Il s'enthousiasma pour la Révolution française. Professeur de philosophie à l'Université d'Iéna en 1794, il fut accusé d'athéisme et dut suspendre son cours en 1799. Il fit alors une série de conférences à Berlin ; puis il fut nominé professeur à Erlangen en 1805, à Königsberg en 1806 ; mais, devant l'avance des armées françaises, il se réfugia au Danemark. Rentré à Berlin en 1807, il fit de la propagande antifrançaise et publia son fameux Discours à la nation allemande, ouvrage classique du nationalisme allemand. Il devint, en 1811, ouvrage premier professeur de philosophie et le premier recteur de l'Université de Berlin, nouvellement créée. Il voulut s'engager personnellement dans la guerre contre la France, mais son état de santé ne le lui permit pas. — Fichte a très nettement subi l'influence de Kant. Sa philosophie est un idéalisme absolu. La seule réalité, c'est le moi ; le moi est le principe suprême de la réflexion ; il se pose lui-même ; tout ce qu'il connaît lui est relatif : il est infini. Mais, si son essence est illimitée, le moi connaissant est limité par le Non-Moi. La nature est un obstacle pour le Moi ; elle est un instrument (le la réalisation progressive du Moi. « Toute volonté réelle vise nécessairement un acte, mais tout acte est un acte sur des objets. Or, dans le monde des objets, je n'agis que par la force naturelle, et cette force ne m'est donnée que par le penchant naturel ; elle n'est rien d'autre que le penchant naturel en moi, la causalité de la nature rapportée à elle-même, qu'elle ne possède plus en sou propre pouvoir comme nature morte et inconsciente, mais que j'ai reçue en ma puissance parla libre réflexion. Par là, toute volonté possible a déjà nécessairement pour objet immédiat quelque chose d'empirique : une certaine détermination de la force sensible, qui m'est accordée par le penchant naturel, donc une propriété qu'exige celui-ci, car il n'accorde qu'en exigeant. Je veux, et non la nature ; mais, quant à la matière, je ne peux rien vouloir d'autre que la satisfaction du penchant naturel.« — Pour Fichte, la liberté n'est pas une donnée, mais mie activité, un « devoir-être « : « Etre libre n'est rien ; devenir libre, c'est tout. « — Dieu n'est pas une chose en soi, niais une activité, une expérience. — Théoricien politique, Fichte pose le travail comme fondement de la propriété ; c'est par le travail que le Moi se reconnait dans le Non-Moi. L'État est chargé d'une mission morale ; il doit user de contrainte, afin d'établir une liberté concrète. Après l'« État de contrainte «, règnera une société parfaite et libre. La philosophie de Fichte ouvre sur une aspiration infinie. — Hegel a porté sur son disciple ce jugement, qui est un résumé de la doctrine fichtéenne : « C'est le moi qui, dans la philosophie de Fichte, constitue le point de départ des développements ultérieurs de la pensée philosophique et les catégories doivent se produire comme le résultat de son activité. Mais le moi de Fichte n'est pas l'activité libre, spontanée, parce que c'est par une impulsion extérieure que cette activité est d'abord excitée. Le moi réagit contre cette impulsion, et c'est par cette réaction qu'il atteint à la conscience de lui-même. La nature de l'impulsion demeure un dehors inconnu et le moi ne cesse pas d'être une activité conditionnée qui a un autre objet en face de lui... Le fini seul peut être connu, et l'infini dépasse la sphère de la pensée. «
Œuvres principales : Critique de toute révélation (1792), Doctrine de la science (1794), Fondements du droit naturel (1796), Système de la doctrine des meurs (1798), La destination de l'homme (1800), introduction à la vie bienheureuse (1806), Discours à la nation allemande (1808), Le système de la doctrine du droit (1812), La doctrine de l'Etat (1813).
«
Ce philosophe sera recteur de l'Université de Berlin en 1822.
Il écrit en 1813 un Discours à la Nation Allemande —charte du nationalisme allemand naissant — où il réclame une régénération de l'Allemagne par une éducation de typenouveau.
Parmi ses ouvrages philosophiques citons la Doctrine de la science ( 1794), la Destination de l'homme (1800 ), l'Initiation à la vie bienheureuse (1806).Pour Fichte l'ouvrage le plus satisfaisant philosophiquement de Kant est la Critique de la raison pratique : car laRaison s'y affranchit complètement de la sensibilité pour y construire par ses seules forces l'action éthiquementvalable.
L'homme y fonde par sa propre liberté le monde moral : « je vis dans un nouveau monde, écrit Fichte dansune lettre, depuis que j'ai lu la Critique de la Raison pratique.
Avant la Critique il n'y avait pour moi d'autre systèmeque celui de la nécessité.
Maintenant on peut de nouveau écrire le mot de morale qu'auparavant il fallait rayer detous les dictionnaires.
»Mais Fichte rejette la notion kantienne de chose en soi qui futilise tout notre savoir par un horizon d'inconnaissable.Le seul moyen de guérir ce scepticisme est l'idéalisme absolu.
Le moi transcendantal (et il faut entendre par ce moiun sujet universel) n'est pas seulement ce qui reconstruit le monde, mais littéralement ce qui le crée.
Sans doute aupoint de départ faut-il bien admettre des sensations qui se heurtent au moi (c'est le « choc »).
Seulement cemonde qui est un e non-moi » ne se caractérise comme tel que par l'action du moi qui « se pose en s'opposant ».L'idéalisme pur décrit à sa manière le rapport du moi et du monde en disant que le moi pose le non-moi à titred'obstacle qui lui permet de prendre conscience de lui-même.L'éthique de Fichte, justement parce qu'elle est plus radicalement idéaliste que celle de Kant, est aussi moinsformaliste.
La raison pratique kantienne ne visait que la bonne intention.
Le moi fichtéen qui n'a posé l'être originaireque pour le nier et faire surgir un monde intelligible se propose une « tâche infinie » concrète, et entend faire surgirun monde où les rapports entre les hommes soient sans cesse plus justes, plus harmonieux, plus heureux.
Moinsformaliste, cette morale est aussi moins ascétique que celle de Kant (le corps y a sa place comme instrument del'action de l'homme sur le monde).Cet idéalisme pratique (qui substitue une philosophie de l'acte aux traditionnelles philosophies de l'être) annonce parlà des doctrines capitales comme notre existentialisme contemporain, (« Faire et en faisant se faire », cette formuleque les existentialistes ont trouvée chez Lequier est au fond très fichtéenne) et aussi les doctrines socialistes etnotamment le marisme (où l'homme crée par le travail un monde meilleur) bien que les réformes auxquelles penseFichte n'aillent guère plus loin que celles de la Révolution française..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- THÉORIE DE LA SCIENCE (LA) ou DOCTRINE DE LA SCIENCE, Johann Gottlieb Fichte (résumé & analyse)
- SYSTÈME DE L’ÉTHIQUE D’APRÈS LES PRINCIPES DE LA DOCTRINE DE LA SCIENCE, Johann Gottlieb Fichte
- FONDEMENT DU DROIT NATUREL SELON LES PRINCIPES DE LA DOCTRINE DE LA SCIENCE, Johann Gottlieb Fichte
- INITIATION À LA VIE BIENHEUREUSE, Johann Gottlieb Fichte - étude de l'œuvre
- ÉTAT COMMERCIAL FERMÉ (L’), Johann Gottlieb Fichte