Biographie de ÉRASME (Didier).
Publié le 01/07/2009
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Né à Rotterdam en 1467, mort à Bâle en 1536. Il étudia à Paris et en Angleterre, et devint docteur ès arts de l'Université de Bologne en 1506. Il vécut à Venise, à Padoue, puis en Angleterre et en Hollande, où Charles Quint lui accorda une pension et le titre de conseiller, avant de s'installer à Bâle en 1521. — Il exerça sur son temps une influence considérable, en donnant un grand essor à l'érudition classique et en y faisant participer toute l'Europe du Nord. N'ayant de conviction ni catholique ni protestante, il se cantonna dans un humanisme épicurien.
«
pourrait en être fait.
Il n'empêche qu'à mesurer la vanité des rites extérieurs qui se substituent au véritable courageévangélique, et en lui tournant le dos, Erasme va à l'essentiel du message évangélique, qu'il interprète toujoursselon l'esprit qui vivifie, jamais selon la lettre qui tue.Ce n'est pas seulement dans l'Ancien Testament, mais aussi dans le Nouveau que la lettre tue.
L'Evangile lui-même asa chair, et il a son esprit.
Le Christ a dit : «La chair ne sert de rien, c'est l'esprit qui vivifie».
Je me serais faitscrupule de dire : elle ne sert de rien ; j'aurais dit : elle sert de quelque chose, mais l'esprit est bien plusavantageux.
Non : la Vérité même a prononcé : elle ne sert de rien.C'est encore en référence à ce même principe de l'esprit vivifiant et de la lettre mortelle qu'Erasme prend position —vivement sollicité par les plus hautes instances politiques et religieuses, et comme pour se défendre, bien malgré lui,d'«avoir pondu l'œuf que Luther a couvé» — sur la question du libre arbitre.
C'est dans son Essai sur le libre arbitre(1524) qu'Erasme, dans la langue simple, et sans technicité théologique, qui est la sienne, donne son opinion surcette question délicate entre toutes :A quoi servirait l'homme...
si Dieu agissait avec lui comme le potier sur l'argile ?Si l'homme, comme le prétend Luther, était impuissant à faire son salut, qui ne dépendrait que de la seule grâce deDieu : «quel pécheur soutiendrait cette lutte continuelle et laborieuse avec sa chair ? Quel méchant s'appliquerait àcorriger sa vie ? »C'est pourquoi pour Erasme, la réponse est claire et simple, le libre arbitre est :Ce pouvoir de la volonté humaine grâce auquel l'homme peut s'appliquer à tout ce qui mène au salut éternel, ou, aucontraire s'en détourner.Ce n'est pas qu'Erasme nie la grâce.
Non, elle est toujours pour lui la cause principale du salut, comme,parallèlement d'ailleurs, la volonté de Dieu est cause principale de tout ce qui se fait.
A dire vrai il ne s'ingénie pastellement à trouver un lien théologiquement impeccable entre, d'une part, la grâce, et, d'autre part, le libre arbitrede l'homme, mais bien plus à prôner une voie moyenne, et surtout à défendre le libre arbitre sans lequel la grâceserait désolante :Quelle origine pourrions-nous assigner aux mérites dans un monde où il n'y aurait que nécessité perpétuelle et où lalibre volonté n'aurait jamais à intervenir ?
La complainte de la Paix
C'est parce que toute guerre ne peut qu'en engendrer une autre, c'est parce que la guerre n'est douce qu'à ceuxqui ne l'ont pas faite, c'est parce que la guerre est toujours un remède pire que le mal auquel elle prétend répondre,c'est parce que la guerre entre chrétiens, est non seulement fratricide mais encore sacrilège (de part et d'autre,communiant avant la bataille, de soi-disants chrétiens s'entretuent, le corps du Christ lové en eux!), c'est parce quela guerre est le comble de la folie, c'est parce que la guerre est anti-naturelle et anti-chrétienne — et l'on pourraitallonger la liste des parce que — qu'Erasme la condamne de la façon la plus absolue qui soit, même s'il réserveparfois, par pure hypothèse d'école, sa rarissime éventualité.Dans son œuvre, la Complainte de la paix qui, au XVIe s.
verra tant de traductions en français, allemand, espagnol,et qu'il est aujourd'hui presque impossible de se procurer, Érasme démonte les mécanismes qui mettent en branle laguerre, le coût horrible en dégradations physiques, morales et matérielles qu'elle provoque, et en tire la conclusionqui est celle de tous les pacifismes : la paix n'est jamais payée trop cher.
"Je me suis souvent étonné, je ne dis pas que des chrétiens, mais simplement des hommes en arrivent à ce point defolie de mettre tant d'efforts, d'argent, de courage à s'assurer leur perte mutuelle...
Toutes les bêtes ne se battentpas, mais seulement les fauves : elles ne se battent pas à l'intérieur d'une seule espèce; elles se battent avec leursarmes naturelles, et non, comme nous, avec des machines nées d'un art diabolique; elles ne se battent pas pourn'importe quoi, mais pour leurs petits et pour leur nourriture.
La plupart de nos guerres naissent de l'ambition ou dela colère ou de la luxure ou d'une autre maladie de l'âme.
Enfin les animaux ne vont pas à la mort par troupeauxcompacts; comme nous.
Nous qui portons le nom du Christ, lequel ne nous a jamais enseigné que la bonté et parson propre exemple; nous qui sommes les membres d'un seul corps, une seule chair; qui nous nourrissons du mêmeesprit, des mêmes sacrements; qui sommes appelés à la même immortalité; qui aspirons à la communion suprêmecomme lui-même est uni au Père, peut-il y avoir au monde une chose d'un prix si grand qu'elle nous amène à faire laguerre ? La guerre est si néfaste, si affreuse que même avec l'excuse de la justice parfaite, elle ne peut êtreapprouvée d'un homme de bien."
Contre toute logique du pouvoir, contre tout machiavélisme aussi «real politik» qu'il soit, Erasme sera toujours en«guerre», car il est trop nourri de sagesse antique et d'esprit évangélique que pour ne pas savoir que la guerreengendrant la guerre, il n'est d'autre solution que de la supprimer.
Car si Machiavel a raison — et à voir le mondecomme il va Machiavel a au moins l'histoire pour lui — il y aura toujours la guerre et la violence.
Mais si lechristianisme et la sagesse humaine ont un sens — et pour Erasme cela ne fait pas un pli — ce sens ne peut êtreque celui de lutter pour la paix et la concorde contre la guerre, car l'histoire ne prend sens — autrement elle serépète ou bégaye — qu'avec cette lutte-là.Citons encore pour terminer quelques extraits qui vont dans ce sens, toujours, o combien, actuel.
"Un bon prince n 'accepte jamais aucune guerre, excepté quand, après avoir tout tenté, il ne peut l'éviter par aucunmoyen.
Si nous étions dans ces dispositions-là, il n'y aurait pour ainsi dire jamais de guerre nulle part."
...à supposer qu'on ait le droit jamais d'appeler juste une guerre.
"Augustin a trouvé l'un ou l'autre cas où il ne condamne pas ta guerre : mais toute la philosophie du Christ la.
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