WATTEAU Antoine : JUPITER ET ANTIOPE

« r WATTEAU Antoine JUPITER ET ANTIOPE Vers 1715 Peintre français Analyse ♦'Un satyre couronné de pampresdévoile malicieusement le corps d'une jeune femme endormie.

Le paysage est traité dans des tons sombres et denses et la tonalité marron de l'ensemble du tableau met en valeur lablancheur du jeune corps abandonné dans le sommeil. On a voulu voir dans cette représentationune évoca tion de Jupiter qui se déguisa en satyre pour séduire Antiope, fille du dieu-fleuve Asopos et mère des jumeauxAmphion et Zéthos.

Le format ovale de la toile indique qu'il s'agissait probable ment d'un dessus de porte destiné à être encadré dans des boiseries, comme celles qui ornaient les hôtels particuliers au XVIIIe siècle. Bien que l'artiste ait pu prendre connaissance de nombreux tableaux plus anciens consacrés à ce sujet (citons parmi les plus célèbres ceux du Corrège, de Titien ou deRubens)et en dépit de l'intérêt qu'il portait au colorisme vénitien, il choisit de prendre exemple sur Van Dyck. Si le bras du satyre est inspiré de la Déposition du peintre flamand (église Saint-Paul, Anvers), le tableau deWatteau doitsurtout à son Jupiter et Antiope conservé à Gand.

La nymphe évoque aussi, dans une large mesure, la sculpture antique, en particulier L'Amour endormi dont on connaît de nombreuses versions. Watteau devait être satisfait de cette figure, une de ses « statues de chair », puisqu'il la réutilisa dans les Champs- Elysées (Wallace Collection, Londres). L'influencedeTitien, évidente dans cette œuvre, suggère qu'elle a été peinte vers 1715, au cours du séjour de Watteau chez le riche collectionneur Pierre Crozat. picto MUSEE DU LOUVRE 480 PARIS XVIIIe siècle  Huile sur toile 73,5 x107,5 cm Ce corps mollement abandonné inspira à son tour de nombreux artistes, d'Ingres à Renoir. Parmi ceux-ci, citons Fûssli dont Le Cauchemar fut exposé à la Royal Academy en 1781 et où l'image profane etmythologiquede Watteau est transposée en une vision fantastique. Archives Nardini %J Johann Heinrich Fûssli,Le Cauchemar, 1781, The Détroit Institute ofArt, Détroit. L'œuvre O Le tableau fut probablement peint vers 1714-15 pour Léopold-Philippe-Charles-Joseph de Ligne, duc d'Arenberg. L'œuvre provient de son château d'Heverlé, d'où elle passa dans la collection de Théodore Patureau qui la vendit en 1857. En 1868, elle figure à la vente de la collection Bourlon de Sarty où elle est acquise par le Dr Louis La Caze qui la restaura en altérant les bruns et le fond avant de la léguer au Louvre en 1869. Du même peintre : PICTO 479 à 494 © Nardini Editore, 1992.

VPC Larousse-Laffontpour l'éditionfrançaise,1992. Photo Giraudon, Paris. »