VELÁZQUEZ : LE CHRIST CHEZ MARTHE ET MARTE

« picto NATIONAL GALLERY 401 LONDRES XVIIe siècle Huile sur toile 60 x 103,5 cm L'œuvre U Ce tableau franchit lafrontière espagnole pro bablement lors de la guerre d'Indépendance, emporté sans doute par le colonel anglais H. Packe. En 1881, il fut acheté, lors de la vente des collec tions Packe, par Sir William Gregory. Ce dernier en fit don à la National Gallery de Londres en 1892. Ce musée conserve d'autres œuvres du même artiste et notammentSaintJeanàPatmos, LeChrist à la colonne, lePortrait de Philippe IV, laVénus au miroir. 1 VELASQUEZ LE CHRIST CHEZ MARTHE ET MARTE 1619-1620 Peintre espagnol Analyse ♦^ L'œuvre représente une scène de la vie quo tidienne - deux femmes préparentun repas - dans laquelle s'insère une scène religieuse, celle de l'apparition de Jésus à deux de ses disciples à Emmaùs.

Une disposition semblable se retrouve dans untableaude lacollection Beit,Les Pèlerins d'Emmaiis. Cette composition a pu être dictée par les exigences des commanditaires, mais il est plusvraisemblable que Vélasquez l'a élaborée dans un souci de réalisme. Par ailleurs cette idée du «tableau dans le tableau » se retrouve chez les auteurs dramatiques espagnols du xvnesiècle, comme Calderon ou Lope de Vega, qui sont cou- tumiers du «théâtre dans lethéâtre ». Dans cette toile, le style de Vélasquez se fait plus personnel et plus puissant dans la descrip tion suggestive des poissons posés sur le plat, des œufs à la blancheur éclatante, des gousses d'ail ou de la cruche ; le peintre rend avec exactitude les mains petites et trapues de la jeune femme. Le visage de celle-ci se tourne, triste et désabusé, vers le spectateur, comme pour lui faire partager sa mélancolie.

Vélasquez donne, par ce moyen, un côté théâtralà sonœuvre, etétablit une communication directe avec le spectateur.

Ce sont là des principes picturaux tout à fait nou veaux au début du xvne siècle. Vélasquez s'éloi gnenettement de l'enseignement de son maître Pachecoet reprend à son compte le ténébrisme et le naturalisme propres au Caravage. Ce tableau, peint pendant la période sévillane, garde les tonalités brun-rose des œuvres de jeu nesse. La source de lumière chaude concentrée sur les figures féminines engendre de beaux effets de clair-obscur et accentue le contraste entre l'épisode du premier plan peint sur un fond obscur etlecadre de l'épisode sacré dont lalumi nosité uniforme traduit lasérénité. %JLes Pèlerins d'Emmaiis, Beit, Blessington. Archives Nardini 1618, Collection Du même peintre :PICTO 400 à415 © Nardini Editore.

1991.

VPC Larousse-Laffontpour l'éditionfrançaise.1991. Photo NationalGallery, Londres.. »