Vauban

« UN MAITRE DE L' ARCHITEOURE DUENSIVE l'homme de guerre est bien connu, même si son image se réduit souvent à quelques stéréotypes : • Ville assiégée par V•.,_, ville prise ; ville fortifiée par Vauban , ville imprenable.

• Bien que soldat dans l'ame , Vauban s'Intéresse davantage à la défense qu'à l 'attaque car, à ses yeux.

la guerre est toujours un grand malheur pour les peuples qui en supportent le poids .

C'est ains i qu'il conçoit la • ceinture de fer • -• de pierre • serait plus juste - dont il entoure le royaume comme une protection destinée à dissuader tout éventuel adversaire.

le soldat se double d'un encyclopédiste avant la lettre, qui ne manque pas de faire des propositions sur l'art de gouverner les hommes.

Il consigne ses idées dans plusieurs ouvrages publiés de son vivant ainsi que dans de nombreux mémoires manuscrits dont il fait relier une partie sous le titre désinvolte de Mes oisivetés ou romas [réunion] de plusieurs mémoires sur différends sujets.

A bien des ègards , Vauban incarne l'honnête homme du XVII' siécle qui, sans se piquer de r ien, a des dartés sur tout Il apprend auprés de lui le métier d 'ingénieur militaire et en 1655 , est nommé ingénieur en second du roi, avant d'être fait capitaine d'Infanterie l'année suivante .

• Trés vite, sa vocation d'Ingén ieur militaire s 'affirme -à l'époque , les campagnes militaires se résument trés souvent à des guerres de siège .

Il consacrera une grande partie de son existence à construire des places fortes , à les défendre et à en assiéger .

• lors de la guerre de Dévolution , en 1667, Vauban participe aux sièges de Tournai , Douai et Lille .

lors du siège de cette dernière ville, il est chargé par le roi de • la principale conduite des attaques ».

En récompense de sa bravoure , il est nommé lieutenant du régiment des gardes -françaises .

• l'année suivante , Vauban est chargé de construire les citadelles de lille et d'Arras.

Ces deux réalisations impressionnent ses contemporains par l'ampleur des bastions et des • demi -lunes ».

LE COMMISSAIIE dNtiiAI.

• lors de la guerre de Hollande , Vauban participe activement au ~ lh MHStrldlt en juin 1673 .

Il met au point une nouvelle technique de siège qui est en partie inspirée de celle des Turcs lors du s iège de Candie en 1669 : des parallèles reliant les tranchées , r----------~ places d'armes (zones de L'INGÉNIEUR ET L'URBANISTE MILITAIRE • Sébastien le Prestre de Vauban voit le jour le 4 mai 1633 à Saint-lèger de Foucheret (aujourd'hui Saint-léger ­ Vauban , dans l'Yonne) dans une famille de petite noblesse provinciale .

• En 1651 -en pleine Fronde -, il entre comme cadet au régiment de Condé qui est en rébellion contre le jeune louis XIV et Mazarin .

Fait prisonnier deux ans plus tard par les troupes royales, il a entre-temps acquis une réputation d'homme de terrain qui attire l 'attention de Mazarin .

• Sur la recommandation du ministre de louis XIV, Vauban rejoint le service du chevalier de Clerville , alors commissaire général des fortifications .

Sous les ordres de ce dernier, il participe à son premier siège devant Sainte-Menehould .

regroupement des troupes ) dans les tranchées .

La ville tombe après treize jours de s iège.

• l'année suivante , Vauban est nommé brigadier d'Infanterie .

Il est maréchal depuis un an lorsqu'il participe, en 1677, au siège de Valenciennes.

Contre l'avis de Vauban , louis XIV fait donner l'assaut à une dem i­ lune : l'opération se solde par de lourdes pertes .

Vauban retourne à l 'attaque , de nuit cette fois, et ne perd que trois hommes .

Admiratif , le roi déclare : • Une autre fois, je vous laisserai faire .

• Sa brillante conduite lors de la guerre de Hollande vaut à Vauban d'être nommé commissaire général des fortifications en 1678 , au lendemain du traité de Nimègue.

• Dès lors, Vauban entreprend de fortifier systématiquement les frontières françaises , tant maritimes que terrestres .

Plus de trois cents places fortes sont a insi construites ou remaniées selon ses plans , et il *Ife iiiHIHie lestrDHJC de certaines d 'entre elles.

• Son œuvre de fortification s'Inscrit dans une tradition déjà longue .

l'un de ses principaux prédécesseurs est Jean Errard (1554-1610 ), de Bar-le-Duc_ Surnommé • le père de la fortification •.

celui-ci a publié en 1600 la Fortification réduite en art et démontrée, un ouvrage qui fait autorité .

• Vauban s'Inscrit également dans la continuité de Blaise-François de Pagan , auteur en 1645 d'un TNIN ths fDrllflatlolls auquel il emprunte son principe essentiel : échelonner la défense en profondeur en transformant le glacis qui court devant une place en une sorte de • champ de bataille préparé à l 'avance •.

Ce que l'on appelle le • système de Vauban • n 'est autre que l'Illustration de ce principe : les demi -lunes , aux avant -postes, protègent le chemin couvert.

c'est-à-dire caché à l'ennemi par un parapet de terre, qui dissimule lui­ même le fossé longeant les bastions .

• Dans le même temps , Vauban tente de répondre par des innovations techniques aux formes d 'attaque , qu'il conçoit au gré des campagnes , puisqu'il est alternativement assiégeant et assiègé .

Il fait ainsi dominer la courtine -partie du rempart comprise entre les bastions - par des tours bastionnées afin de mettre en échec le tir à ricochet qui atteint les piéces d'artillerie derrière le parapet et dont il avait testé l'efficacité lors du siège de Philippsburg en 1668 .

• l'orig inalité de Vauban est d 'avoir constamment adapté ses ouvrages aux contours particuliers du terrain .

l'art de la fortification n'obéit pas aux mêmes règles dans un paysage de plaine ou dans une zone montagneuse .

Ainsi , à Briançon , la nature fortement accidentée du terrain oblige Vauban à renoncer aux dispositions habituelles de la fortification bastionnée pour reprendre celles de la fortification médiévale, ce qui lui permet d 'échelonner les enceintes.

En plaine, Vauban a souvent recours à l'eau pour aménager le système défensff d'une place : la construction d'écluses , en retenant l'eau, offre la possibilité de pouvoir déclencher des inondations artificielles propres à gêner la progression de l'ennemi.

• Quel que soit le dispositff , Vauban s'en tient toujours à la règle qui consiste à s'appuyer le plus possible sur les potentialités du terrain, à en tirer l'efficacité maximale , à en révéler toutes les ressources .

Vauban étend cette méthode à l 'ensemble des frontières , partout où des «dlhtlfs té.,.,._ permettent de la mettre à l'épreuve .

• Mais c'est dans les Fla nd res qu'il innove véritablement en établissant une double ligne de places fortes , de la mer du Nord à la Meuse, introduisant ainsi , pour des raisons stratégiques , l'Idée neuve à l'époque d 'une frontière linéaire .

• C'est donc à sa longue obstination de vouloir donner corps à cette frontière linéaire que nous devons la ceinture de places fortes qui enserrent le sanctuaire territorial -que Vauban nomme • le pré carré • -.

de la mer du Nord à la Meuse, le long du Rhin, sur le sommet des Alpes et des Pyrénées , et sur les rives de l'Atlantique et de la Méditerranée .

• Au sujet de son idée de frontière , il écrit en 1673 à Louvois : • Sérieusement Monseigneur , le Roi devrait un peu songer à faire son pré carré .

Cette confusion de places amies et ennemies pêle-mêlées ne me plalt point[ ...

] C'est pourquoi , soit par traité ou par une bonne guerre, si vous m'en croyez.

Monseigneur, préchez toujours la quadrature, non pas du cercle , mais du pré.

• Aprés la paix de Nimègue , il précise sa pensée : • Cette frontière serait trés bien fortifiée si, à l'Imitation des ordres de bataille, on la réduisait à deux lignes de places fortes .

• En dair, Vauban propose de transformer le dispositff de défense conçu pour le temps de guerre en un dispositff permanent • Son génie d'urbaniste militaire s'exprime à travers les neuf places qu'il crée de toutes piéces pour protéger les frontières : Huningue, longwy , Phalsbourg (1679) , Sarrelouis (1680), Montlouis (1681) , Fort-louis du Rhin {1687), Mont-Royal (1702), Mont ­ Dauphin (1692} et Neuf-Brisach (1698} .

• le projet de Vauban est fondamentalement défensff, comme le montre la série d 'ouvrages qu'il édifie le long du littoral Atlantique et dont la finalité est de prévenir les attaques des flottes anglaise et hollandaise .

Il fortifie ainsi Brest et Dunkerque -qu'il relie par un canal à la haute mer afin de mettre le port à l'abri de l'ensablement Pourtant dans les nombreux mémoires qu'il consacre aux problèmes de défense , il réserve à la marine une place somme toute restreinte et fortifie la mer comme s'il s'agissait d 'une bande de territoire quelconque .

C'est ainsi qu'est né un type de petit fort semi-drculaire adapté aux tirs rasants sur l'eau et dont la tow v.-., à Camaret offre un bel exemple .

W PLANS-IEUEFS • Sous la direction de Vauban, les ingénieurs du roi COIIÇOÎIIent et font construire les plans et reliefs destinés à représenter les places et les villes fortes de la frontière : la • ceinture de fer •.

• le premier plan réalisé est celui 23 Nombre de sièges militaires auxquels Vauban a pris port 8 Nombre de blessures reçues par Vauban au combat 9 Nombre de villes consùuites aux frontières par Vauban : Mont-Louis , Longwy, Phalsbourg , Sarrelouis.

Huningue, Fort-Louis , Mont -Royal , Mont-Dauphin et Neuf -Brisach .

33 Nombre de places fortes consùuites par Vauban .

300 Nombre de places fortes aménagées par Vauban .

de la ville d'Ath.

prise en 1667, et que Vauban a été chargé de fortifier .

Ces plans-reliefs.

QIÎ wient le jour sur l'Initiative de Louvois.

ministre de la Guerre de Louis XIV, sont installés en 1710, sur ordre de œ dernier, dans P.---­ la grande galerie du lolMe- En 1697, Vauban rédige un inventaire qui prévoit la fabrication de 144 ,_.

....

représentant 101 places folœs.

• les plans-reliefs.

CDmplttés au fur et à me5ll'e de l'avancement des travaux sur le terrain.

étaienl réalisés au I/61Kt • Outre leur intértt miitaire,les plans-reliefs constiluenl.

dès leur création.

des objets de prestige.

témoignages de la puissance de la monarchie et du royaume.

ainsi que des œtMes commémoratives , illustrant les grandes batailles et les grands sièges_ Leur produdion se poursuit jusqu'en 1870.. »