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Une décennie de contrastes : blues, swing, modem dance aux États-Unis, persécution de l'avant-garde en Europe

Publié le 23/03/2019

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Les années 30 sont une décennie marquante et douloureuse dans l'histoire de la musique du xxe siècle. La joie de vivre pleine d'innocence que traduit le swing et la musicalité ardente de l'Amérique noire contrastent avec l'influence toute puissante des régimes totalitaires qui menacent l'Europe, et qui ne font preuve d'aucun respect pour l'art musical de l'époque.

En octobre 1935 à New York, a lieu la première de Porgy and Bess de George Gershwin. Cette comédie musicale est exclusivement interprétée par des Noirs. Après des mois d'études musicales dans le Sud des États-Unis, Gershwin écrit une œuvre qui se nourrit de la culture blues des Noirs et qui critique le racisme des Blancs. D'abord diffamé par la presse, Porgy and Bess devra attendre les années 50 pour recueillir le succès qu'il mérite. Des chansons comme Summertime et It ain't necessarily so font partie des meilleurs moments du répertoire de la comédie musicale.

 

Lors du premier concert de jazz le 16 janvier 1938, l'honorable Carnegie Hall de New York tremble sous les battements de pieds et les acclamations de milliers de spectateurs. Le podium est occupé par le « King of swing », le clarinettiste et chef d'orchestre du Benny Goodman's orchestra. Son Sing, sing, sing devient le tube de l'ère du swing. La notoriété de Goodman peut se mesurer

 

Une scène de l'opéra Porgy and Bess de George Gershwin, qui date de 1935. Cette œuvre réaliste fait référence dans l'histoire américaine de l'opéra.

par cette lettre arrivée par avion à son destinataire, et dont l'adresse était la suivante : « A Monsieur Goodman, roi du swing, quelque part à New York, Rats-Unis ». Goodman étend la gamme classique des instruments de jazz et confronte dans son grand orchestre les saxophones à de nombreux autres cuivres. Le succès du concert au Carnegie Hall permet à Goodman de donner d'autres concerts de jazz dece genre qui n'ont rien de commun avec les soirées dansantes des années précédentes.

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« per sécution des juifs dans le Reich al lemand depuis 1936 en refusant de dir iger en Allemagne, en It alie et en Autriche.

Toscanini avait été déjà la cible d'attaques fascistes en 1931 en Italie.

Il ne rentrera dans son pays qu'en 1946 pour trav ailler à la Scala de Milan.

Musique dégénérée.

Lors des journées musicales du Reich qui se déroulent du 22 au 29 mai 1938 à Düsseld orf, les nazis se vengent des artistes avant-gardistes qui ne leur sont pas favorables.

Des « spécia­ li stes » se réun issent pour la session « Mu­ sique et racisme ».

L'exposition « Musi­ que dégénérée » dirigée par le conse iller d' État Hans Severus Ziegler, vise la grande majorité des artistes ; elle réunit des caricatures sournoises et des mor ceaux de musique extraits de leur contexte.

L'exposition tourne en ridicule les acquisitions modernes de la musique germa no-autrichienne.

La revue spé­ cialis ée Signale publie les noms des compositeurs mis au ban de la société : Alban Berg, Paul Hindem ith, Ernst Krenek , Arnold Schonberg, Franz Schreker et Kur t Weill, pour ne citer que les plus célèbr es.

C'est juste men t à Düsseld orf qu'avaient été jouées au cours des années précédentes de nombreuses œuvres de Berg, Hindemith et Weill.

Ce revirement soudain déconcer te les mu siciens ; il app araît clair emen t que l'exposition sert uniqu ement à dis créditer les compositeurs contemporains.

Des listes noir es semblables à cel les de Signale cir cule nt et mettent fin à plusieur s carrièr es mu sicale s prome tteuses : ces artistes se retrouvent en camps de trava il ou de concentrat ion.

Ceux qui le peuvent émigr ent à l'é tranger, comme Alban Berg, Kurt Weill et Hanns Eisler, car sur la scène hitlérienne règne le culte de Wagner, de Beethoven et d'a utres classiques.

Les représe ntations de l'avant-garde alle­ mande ont lieu à l'étranger : ainsi, l'élève de Schonberg, Anton von Webern, donne le Concerto à la mémoi re d'un ange -la dernière œuvre de Berg écrite après la mort de la fille d'Alma Mahler, Marion Gropius -le 19 avril 1936 à Barcelone.

URSS : la terreur culturelle distillée par Sta line.

En Union soviétique, la terreur st ali nienn e atte int son triste paroxysme dans les années 30.

La liberté créatrice d'a près la révolution d'Octobre a encore permis, dans les années 20, de fructueux échanges avec l'avant-garde occidentale.

Depuis l'ins taur ation de la doc trine artistique du réalisme socialiste en 1932, les artistes qui dérogent à la règle sont de plus en plus persécutés.

De nom breux musiciens et compositeurs disparaissent sans laisser de traces ou atte rrissent du jour au lendemain dans les camps.

Par mir acle, le jeune Dimitri Chostakovitch sur vit aux épurations du dictateur.

L'opéra Lad y Macbeth de Mtsensk (1932) qui, comme Wozzeck d'Alban Berg, analyse l' entourage social d'une meurtrière, a été représenté près de deux cents fois depuis 19 34 à Moscou et Léningr ad, rapportant à son créateur une popularité inespérée.

Le 28 janvier 1936, le compositeur ouvre la Pravda et peut y 1 ir e, sous le titre « Le chaos à la place de la musique >>, un article sur son opéra qui lui fait l'effet d'une condamnation à mor t.

Pour d'a utres, l'acceptation d'une esthétique officielle n'équi vaut en rien à l'abandon du génie.

Ainsi, Serge Prokofi ef, après une riche période de création à l'étrang er, notamment à Paris, décide-t-il de revenir dans son pays en 1935 pour y mettre sa musique au service du réalisme socialiste.

Pu isant dans le folklore russe pour célé brer l'âme sla ve, il compose entre autres œuvres le conte musical Pierre et Je loup (1936) qui comp te aujour d'hui en cor e parmi ses œuvres les plus populair es.

Arturo Toscanini compte parmi les éminents chefs d'orchestre du XX" siècle.

Sa seule présence exerce une fascination magique sur l'orchestre.

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