UN HOMME ET UNE FEMME CONTEMPlANT LA LUNE de Friedrich

« UN HOMME ET UNE FEMME CONTEMPlANT LA LUNE 1830-1835 Peintre allemand Analyse .._, La scène représente deux personnage s debout sous un arbre au feuillage fluide et tom­ bant, qui rappelle les végétations d' Albrecht Altdorfer : attirés par l'astre lunaire , ils regardent droit devant eux.

La lumière rosée indique que la scène se déroule avant la nuit, peut-être au moment où le crépuscule bascule pour laisser place à l'obscurité.

Comme souvent dans les œuvres de Friedrich, les protagonistes dissimu ­ lent leur visage en nous tournant le dos : leur silho uette se dét ache dans le contre-jour lunaire, d'où émerge également à droite l'arbre trapu et nu, aux branches emmêlées.

Vêtus avec élégance, les personnages scrutent le paysage comme s'ils y percevaient quelque chose d'a utre que la réalité physique et temporelle.

L'homme ne semble pas ici, comme dans les autres toiles de Friedrich, perdu dans la nature environnante , réduit à un point microscopique de l'Univers.

Les deux personnages de ce tableau assument au contraire parfaitement leur impor­ tance, intervenant non seu lem ent comme specta­ teurs mais également comme acteurs : ils com­ prennent le pourquoi et le comment des chose s, et c'est leur présence qui confère à la réalité une importance spécifique.

Cet état de conscience leur vient de leur foi , de leur certitude que Dieu est bel et bien prése nt partout dans le monde : XIxe siècle Romantisme Huile sur toile 34 x 44 cm dans un arbre sec, dans un rayon de lune.

Loin, donc, de subir le poids de l'immensité divine, Friedrich et sa femme - les deux modèles du tableau -acquièrent une importance unique : la conscience qu'ils ont de leur existence donne son sens à ce monde créé tout exprès pour eux.

L'œuvre C Les témoignages anciens ma nquent sur ce tableau ; Eberlein affirme pour sa part avoir décou­ vert l'œuvre chez le marchand d'art dresdois Salo­ mon.

Propri été du B erlinoi s Paul Cassirer en 1932, la toile passa ensuite à Lucerne dans la collect ion de Lulu Bolher puis, en 1936, à la Nationalgalerie de Berlin.

L'œuvre est une réplique des Deux Hommes contemp lant la lune, peints par Fri edrich en 1819 et conservés à la Gemiild ega lerie de Dresde : la dif­ férence esse ntielle entre les deux versions consiste dans le changement d'identité du protagoniste de gauch e; le tableau de 1819 figure August Heinric h, l'élève de Friedrich , et cette toile-ci, Caroline , l 'épouse du peintre .

Le cœur, seule vraie source de l'art + L'œuvre de Friedrich se présente comme un les individus les plus obtus parviennent au moins dialogue .

silencieux avec Dieu ; elle établit un à comprendre par intuition...

L' unique vraie pont entre le divin, éternel et impénétrable, et source de l'art est notre cœur, le langage d'une la réalité tangible de la nature , qui constitue le âme infailliblement pure.

Toute œuvre jaillie leitmotiv presque exclusif de ses toiles.

L'artiste d'une autre source ne peut être qu 'ar tificielle .

allemand, qui considérait le peintre comme un L'œuvre d'art authentique est toujours conçueà artisan divin exerçant sur Terre, aimait à affir.

une heure sainte et mise au monde en · · · mer: «De la même façon que l'homme pieux moment heureux, souvent sans que l'artiste en prie sans dire une parole, l'artiste sensible peint nulle conscience ~:elle naît toujours de l'impulsion et l'homme sensible entend et comprend ; même du cœur.

» Du même peintre : PICTO 619 à 624 Photo Preussischer Kulturbesitz, Berlin.

© Nardini Editore, 1994.

Uriade pour l'éd~ion française, 1994.

30-24. »