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Tour de Babel, la [Bruegel l'Ancien] - étude du tableau.

Publié le 16/05/2013

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Tour de Babel, la [Bruegel l'Ancien] - étude du tableau. 1 PRÉSENTATION Tour de Babel, la [Bruegel l'Ancien], tableau de Pieter Bruegel l'Ancien, réalisé en 1563. 2 LA TOUR DE BABEL : DEUX TOILES ET UNE MINIATURE DISPARUE Bruegel l'Ancien, la Tour de Babel (Vienne) L'artiste exprime son goût de la description minutieuse et du dessin en miniature au travers de la représentation de l'architecture en construction et du paysage environnant. Pour illustrer le thème de la tour de Babel, Bruegel décrit la structure en gradin des ziggourats mésopotamiennes. La disposition des personnages sur le premier plan permet d'accorder au tableau une surprenante profondeur.Bruegel l'Ancien, la Tour de Babel, 1563. Huile sur panneau, 114 × 155 cm. Gemäldegalerie, Kunsthistorisches Museum, Vienne. Bridgeman Art Library, London/New York La Tour de Babel du musée de Vienne (huile sur panneau, 114 × 155 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne) est le plus grand format des deux compositions (connues) que Bruegel l'Ancien a consacrées au mythe de la tour de Babel. Après avoir longtemps appartenu au collectionneur et amateur d'art anversois Nicolas Jongelinck, le tableau est entré dans la collection personnelle de l'empereur germanique Rodolphe II de Habsbourg. Bruegel l'Ancien, la...

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« 3 UN THÈME BIBLIQUE Le thème de la tour de Babel est inspiré du livre de la Genèse (XI, 1-9) où est mentionnée la construction d’une tour de la vallée de Shinéar (Babylonie) au lendemain du Déluge, les hommes cherchant « à se faire un nom » et ne pas être dispersés à la surface de la Terre : « Bâtissons une ville et une tour dont le sommet pénètre le ciel.

» La punition divine ne se fait pas attendre.

Yahvé fait en sorte que la tour ne puisse jamais être achevée : « Voici que tous forment un seul peuple et parlent une seule et même langue… Il n’y aura désormais plus aucun dessein qui ne sera irréalisable pour eux.

Allons, descendons et brouillons leur langage pour qu’ils ne se comprennent plus entre eux… Aussi la ville a-t-elle été nommée Babel, car c’est là que Yahvé a brouillé le langage de tous les habitants de la Terre » — la racine bll de Babel voulant dire en hébreu « confondre, brouiller.

» Bruegel l’Ancien reprend dans son tableau l’interprétation allégorique du XVe siècle telle qu’elle est attestée dans les enluminures des Heures de Bedford (v.

1423, British Library, Londres) ou, plus tard, dans celles du Bréviaire Grimani (1508-1519, Biblioteca Marciana, Venise) : la punition divine est le juste châtiment de l’orgueil démesuré des hommes et du défi lancé à la divinité. 4 DU RÉALISME À L’UTOPIE Dans le traitement pictural de sa toile, Bruegel l’Ancien choisit de retenir comme à l’accoutumée l’aspect le plus réaliste du thème de la tour mythique.

Il laisse croire à première vue que cette construction est réalisable — même si elle apparaît d’emblée éventrée.

Il s’attache parallèlement à représenter le plus fidèlement possible tous les corps de métier parmi la fourmilière de travailleurs qui œuvrent à l’édification de cette tour, disproportionnée au regard de la ville (à gauche) et des navires du port (à droite). Pourtant un regard plus attentif sur le tableau fait très tôt ressortir l’impossibilité fondamentale de l’achèvement de la tour et sa dimension utopique.

Sautent alors aux yeux les incompatibilités et les aberrations architectoniques — juxtaposition de zones achevées et d’excroissances de rochers dans les fondements mêmes de la tour — ou la non-fonctionnalité du bâtiment — galeries intérieures rectilignes conduisant toutes au centre de l’édifice. Ces incompatibilités sont perçues comme un sapement des assises mêmes de l’autorité qui a ordonné l’édification du bâtiment.

Comme le souligne Marguerite Yourcenar ( Souvenirs pieux, 1974), elles remettent en effet en question la symbolique attachée à l’ordonnancement du pouvoir temporel.

L’écrivain relève, à l’avant-plan gauche du tableau, le caractère paradoxal de la présence contiguë des tailleurs de pierre et du roi Nemrod, « chef d’État reçu respectueusement par des ouvriers », ceux-là mêmes « qui édifient pour lui cet amas d’erreurs ». 5 DU COLISÉE À LA ROME PAPALE Pour cette construction, Bruegel l’Ancien s’est moins inspiré des ziggourats de Mésopotamie que de l’architecture « colossale » du Colisée.

Ce second bâtiment, symbole de la persécution des chrétiens et de l’hybris (l’orgueil) des hommes, il a pu l’admirer au cours de son séjour à Rome.

On en vient à se demander, avec l’historien de l’art Pierre Francastel, si le choix d’une formule italianisante n’implique pas à cet égard un autre type de critique, à savoir l’« opposition de la créativité des cités bourgeoises aux mirages d’outre-monts ».

Par-delà cette critique, on pourrait dès lors imaginer une possible remise en question par Bruegel l’Ancien de la toute-puissance du rationalisme humaniste qui bat alors son plein. Nombreux sont par ailleurs ceux qui ont vu dans ce tableau des références implicites au catholicisme, l’année même où s’achève le concile de Trente (1563), au cours duquel ont été dénoncés les fastes démesurés de la Rome papale. La Tour de Babel de Bruegel l’Ancien a inspiré à son fils, Pieter Bruegel le Jeune, une copie extrêmement fidèle qui se trouve aujourd’hui dans une collection particulière bruxelloise. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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