ROUAULT
Publié le 05/09/2013
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CET homme a mis tant de soins à se ménager une solitude, quand il n'était pas séquestré, qu'on hésite à dire de sa vie plus que n'en laissent voir l'état civil, les palmarès, les catalogues d'exposition ou les gazettes de tribunaux. A savoir : qu'il naquit le 27 mai 1871, 51 rue de la Villette à Belleville, d'une Parisienne et d'un Breton vernisseur de pianos chez Pleyel ; qu'il entra en apprentissage à quatorze ans chez un verrier du nom de Hirsch, et qu'après avoir fréquenté des cours du soir et une école d'arts décoratifs, il fut admis aux Beaux-Arts en 1891 par Elie Delaunay, auquel succéda à la fin de cette même année Gustave Moreau. Il obtient en juillet 1892 un prix d'atelier pour une série d'oeuvres à sujets religieux, en 1894 le prix Chena-yard pour l'Enfant Jésus parmi les docteurs, en 1895 le prix Fortin d'Ivry et une récompense au Salon. Mais il se voit refuser, en 1893, le prix de Rome auquel il concourt avec son Samson tour¬nant la meule et, également en 1895, avec son Christ pleuré par les saintes femmes qui avoisine aujour¬d'hui le Christ de Grünewald au Musée de Colmar.
Après ce dernier échec, il quitte, sur le conseil de son maître, le quai Malaquais et dès lors n'a plus guère de vie publique qu'en ses expositions et ses procès. Exclu du Salon, ainsi que la plupart des élèves de Moreau, après la mort de celui-ci (en 1898), il se réfugie aux Indépendants et participe, en 1903, à la fondation du Salon d'automne. Il participa aussi, vers la même époque, à un misérable litige qui opposait un de ses confrères à la Municipalité de Bordeaux et, de la sorte, prit connaissance d'une Magistrature à laquelle il devait recourir pour son compte, de 1943 à 1947, afin de mettre un terme à la singulière affaire qui, pendant trente ans, réserva son oeuvre et jusqu'à sa personne à Ambroise Vollard.
Quand on aura ajouté que Rouault s'éloigna rarement de Paris et jamais plus loin que la Suisse, qu'il fit un séjour à Ligugé avec Huysmans, fréquenta Léon Bloy, puis Jacques Maritain, fut conservateur du Musée Gustave-Moreau et qu'il est père de quatre enfants, on aura tracé tout son curriculum vite. Mais tel quel, celui-ci dissimule un pittoresque que l'intéressé ne répugne pas toujours à dévoiler et, surtout, il laisse ignorer certains drames et certaines grandeurs dont sa peinture n'est que l'image.
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