RICCI Sebastiano : DIANE ET CALLISTE

« RICCI Sebastiano DIANE ET CALLISTE Vers 1715 Peintre italien Analyse "^Le poète latin Ovide relate dans les Méta morphosescomment la nymphe Calliste, l'une des compagnes de chasse de Diane, fut surprise dans un bois par Jupiter et violée, malgré sa farouche résistance.

Neuf mois s'étaient écoulés depuis cet épisode lorsque la déesse, suivie par son cortège de nymphes, entra pour se reposer « dans un endroit frais et ombragé où un ruisseau prenait sa source et s'écoulait en murmurant. Elle loua l'endroit ; elle loua aussi le cours d'eau et dit : "Nous sommes bien loin ici des regards indiscrets : entrons dans l'eau claire et aspergeonsnos corps nus".

Calliste rougit.

Les autres laissè rent choir leurs voiles, elle seule cherchamille prétextes ; mais tandis qu'elle hésitait, ses vête ments lui furent arrachés ; on put alors voir sur son corps nu la trace de la faute. Éperdue, elle chercha àcacher sonventre de ses mains. "Éloi gne-toi d'ici ! ordonna Diane, ne souille pas les eaux sacrées" et elle imposa à la jeune fille de quitter sa suite.

» Sebastiano Ricci a choisi d'illustrer cette confrontation.

La déesse, figurée dans sa beauté virginale légèrement androgyne, la lance encore dans la main et le visage sévère, pointe du doigt la jeune fille qui, ayant perdu sa virginité, est devenue indigne de demeurer à ses côtés.

Telle est la justice divine, unique et sans appel.

Les autres nymphes, surprises, pourront essayer de défendre leur compagne : leurs tentatives se sol deront immanquablement par un échec. r xvne-xviiie siècles Huile sur toile 51 x72 cm Cette toile date probablement de la période anglaise du peintre, c'est-à-dire des années 1710. La ligne à peine esquissée des personnages cen traux, la description rapide de la forêt, qui rap pelle le style de Marco Ricci, le neveu de Sebas tiano, évoquent davantage un croquis qu'un tableau fini. L'œuvre, typiquement vénitiennepar ses tons chaud, illustre l'immense savoir-faire de Ricci dans les scènes mythologiqueset histori ques : la richesse du coup de pinceau et la vigueur des nus sont particulièrement remarquables. L'œuvre U Conservée à l'origine dans une collection anglaise privée, Diane et Calliste entra au début du siècle dans la collection Contini Bonacossi de Florence. L'œuvre fut vendue en 1941 au feld- maréchalnaziHermann Gôring: ce dernier s'était fait, avec la bénédiction de Hitler, le promoteur d'unegrande campagne d'importationd'œuvres d'art italiennes. La toile de Ricci fut rendue àl'Ita lie en 1949, en même temps qu'un ensemble consi dérable de tableaux et de sculptures.

La chose fut rendue possible grâce à l'énergie de Rodolfo Siviero, le chef de la « Mission pour les Restitutions », créée juste à la fin de la guerre pour permettre au pays de récupérer les œuvres illégalementexportées.Diane et Calliste rejoignit ensuite les salles de l'Accade mia de Venise. Sebastiano Ricci, peintre-voyageur ? Vénitien d'origine — il est né à Belluno en 1659 —, Ricci a longtempstravaillédans sa région. Mais il incameaussi cette catégorie d'artistes itinérants, désireux de voir du pays : un tempérament agité, le désir de se confronter à d'autres artistes et la nécessité de trouver de nou- Du même peintre : PICTO474 à 474b© Nardini Editore, 1995.Liriade pour l'édition française, 1995. veauxcommanditaires expliquenttout à la fois ce goût du voyage. Si Venise constitua toujours le point d'ancrage du peintre — quiséjourna tour à tour à Bologne, Parme, Rome, Milan et Florence —, Vienne, Paris et l'Angleterre furent aussi des lieux où iltravailla. Photo Bôhm, Venise.. »