René Magritte: vie et oeuvre

« • En 1922, Magritte présente six peintures à l'exposition internationale organisée à Anvers lors du second congrèssur l'Art moderne.

Il fait la connaissance de Marcel Lecomte (1900-1966) et de Camille Goemans (1900-1960), deuxécrivains belges étroitement liés au surréalisme.• Magritte épouse Georgette Berger et s'installe avec elle à Laeken.

Il dessine et fait fabriquer le mobilier de leurappartement• En collaboration avec Servranckx, il écrit le texte d'un petit livre illustré sur l'architecture et la peinture, l'Art pur.Défense de l'esthétique, qui constitue à la fois un plaidoyer pour l'abstraction et pour un art utilitaire sur le modèlede l'architecture.Ce texte rend compte de son attitude plus empirique que théorique à l'égard de l'abstraction. LE CHOC DU CHANT D'AMOUR • À la même époque, Magritte se lie à un groupe structuré baptisé 7 Arts.

Disposant de ses propres canaux dediffusion, celui-ci édite notamment les revues dadaïstes Œsophage et Marie, lancées par Mesens, auxquellesparticipe Magritte - dans le deuxième numéro de Marie, il représente le personnage de Fantômas qui reviendra plustard dans plusieurs de ses oeuvres.

Toutefois, le dogmatisme qui domine les cercles artistiques acquis à l'abstractiongéométrique lui pèse de plus en plus.• En 1923, Magritte participe à plusieurs expositions à Bruxelles et à Anvers.

Il éprouve une profonde émotiondevant la reproduction, que lui présente Mesens, du Chant d'amour (1914) de Giorgio De Chirico (1888-1978).

« Mesyeux ont vu la pensée pour la première fois », écrira-t-il.

Cette juxtaposition non conventionnelle - un buste et ungant de ménage - dans un décor onirique l'incite à s'emparer des objets usuels pour les plonger dans l'épaisseur durêve.• Ce n'est toutefois qu'à partir de 1925 que cette révélation commencera à se refléter dans sa peinture et qu'ildécidera de changer sa manière de peindre en donnant « une représentation détaillée des objets », la plus prochede la vision quotidienne. UN SURRÉALISTE AUTONOME MAGRITTE PUBLICITAIRE • En 1924, Magritte quitte l'usine de papier peint.

Son travail au sein de cette entreprise a nourri son expérienceplastique dans le domaine non figuratif.

L'artiste essaie de gagner sa vie en effectuant des « travaux imbéciles » -des affiches et des dessins publicitaires -, revenant donc à cette activité à laquelle il s'était essayé au lendemainde la Première Guerre mondiale.• Ses trouvailles poétiques rendent compte de stratégies de communication qui influenceront l'oeuvre.

Il déploie uneactivité débordante, créant des affiches et concevant des encarts publicitaires pour la presse.• Il travaille notamment pour la maison de couture Norine, la plus importante de Belgique, fondée par l'épouse dumarchand d'art Paul Gustave Van Hecke - qui le prendra sous contrat pour quatre ans en 1926 dans sa galerie leCentaure.

Les publicités réalisées pour Norine témoignent encore de l'ancrage du peintre dans l'univers de lamodernité des Arts déco, avec ses élégantes, ses voitures de style et cet exotisme qui, dans celle pour Minuit, unerobe de soirée créée en 1925, mêle formes abstraites et négritude inspirée de la revue des Champs-Élysées l'annéemême où y triomphe Joséphine Baker.• En 1926 et 1927, le fourreur Samuel commande à Magritte la réalisation de son catalogue de vente. VERS LE SURRÉALISME • En 1925, influencé par Giorgio De Chirico, mais aussi par Max Ernst Magritte peint ses premières toiles surréalistes: la Fenêtre et les Deux Soeurs.

L'influence d'Ernst le conduit vers la fin de l'année à travailler à des papiers collés.• Après avoir vendu sa première toile, le portrait de la chanteuse Évelyne Brélia, Magritte peint le Jockey perdu(1926) qu'il considère comme sa première oeuvre surréaliste réussie : un jockey paraît sortir d'une allée bordée degigantesques pions d'échecs d'où s'échappent des branchages ; au premier plan, un rideau fait de la scène, auchoix, une représentation théâtrale ou un spectacle aperçu à travers une fenêtre. • Tous les éléments que Magritte va utiliser dans ses toiles suivantes sont en place : ses objets de prédilection, sesméthodes favorites - comme la représentation à des échelles diverses - et surtout sa conception de la peinturecomme représentation « académique » du théâtre de la pensée lorsque celle-ci est « inspirée », c'est-à-dire capablede jouer avec les apparences pour en fournir des versions poétiques et dérangeantes.• Il participe avec le poète Paul Nougé à la publication de la revue Correspondance qui attire l'attention du groupesurréaliste parisien, constitué en 1924.

À la fin de 1926 naît le groupe surréaliste belge autour de Magritte, deMesens, de Nougé, de Goemans et du compositeur André Souris. MAGRITTE ET LE SURRÉALISME. »