Raphaël
Publié le 26/02/2010
Extrait du document
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mouvement des personnages.
Et il y a certainement quelque chose de florentin dans les vierges et] es portraits decette époque, par exemple dans la Vierge au baldaquin de la Galerie Pitti qui, par sa composition et l'attitude desfigures, prélude à la Dispute, ainsi que dans la Déposition de la Galerie Borghèse où l'influence de la Pietà de FraBartolomeo se manifeste, entre autres, par la manière un peu affectée dont la douleur s'exprime.
Plusieurs Vierges etSaintes Familles sont aussi de cette époque.
Mais la Rome Eternelle l'attire et lui promet de plus hautes destinées.
Ils'y trouve déjà en septembre 1508 et là, mis en contact avec les restes merveilleux de l'art classique qui, presquechaque jour, surgissaient des ruines et remplissaient écrivains et artistes de stupeur et d'enthousiasme, Raphaëlapprit l'art d'extraire la beauté idéale des formes naturelles et d'en accroître le prestige par la finesse et la richessedécorative dont les maîtres antiques avaient laissé d'innombrables exemples dans leurs fresques.
L'art de Raphaëlatteint, dans les oeuvres exécutées à cette époque, le plus haut degré de la perfection.
Il commença par lachambre de la Signature qui est après la chapelle Sixtine le plus grand monument pictural que le monde connaisse,et il y travailla pendant quatre années entières.
Il est admis non sans raison que cette pièce était la bibliothèque oule cabinet de travail de Jules II, le pape intrépide qui ne craignait pas de se mettre, tout armé, à la tête de sestroupes mais qui savait, en même temps, s'entourer d'artistes comme Bramante et Raphaël et faire plierl'indomptable volonté de Michel-Ange.
Jamais aucun palais, aucune cour n'eut de salle décorée de peintures d'unetelle valeur et d'une telle signification.
La pièce offrait quatre murs à décorer, et au plafond en croix, quatrepanneaux correspondants, auxquels devait nécessairement se soumettre la distribution des peintures sans oublierl'emplacement des grandes fenêtres.
Et ces peintures, choisies par un esprit génial, devaient constituer un toutorganique susceptible d'être séparé en quatre parties.
Le sujet choisi, tel qu'il ressort de l'examen de ce monument,est l'évolution de l'humanité dans ses facultés fondamentales et ses aspirations.
En effet, la vie humaine estgouvernée par l'intelligence ; celle-ci est éclairée par les sciences et avant tout par la théologie, science de lareligion qui instruit l'homme de sa nature spirituelle et de ses destinées éternelles ; ensuite par la philosophie qui,d'après la conception aristotélique et scolastisque, embrasse aussi l'étude de la nature physique, de la géométrie etdes mathématiques ; la jurisprudence qui détermine les droits et les devoirs de chacun ; les beaux-arts, la musiqueet la poésie surtout, représentant l'éternelle jeunesse de la vie, qui se joignent à la philosophie et à la jurisprudencepour en rendre l'action plus efficace et plus précieuse.
Voici donc, dans les quatre médaillons du plafond,accompagnées de brèves inscriptions, les reines de l'intelligence humaine ; les grandes fresques des murs sontsubordonnées aux médaillons, les deux principales sont réservées à la Théologie et à la Philosophie, les deux pluspetites à la jurisprudence et à la Poésie.
Et c'est ici que, sortant du domaine des abstractions pures, se révèle legénie créateur de Raphaël qui, malgré le peu d'espace dont il dispose, ordonne et met en valeur des aspects sinombreux et si divers de l'activité humaine.
Avec l'Apollon Musagète et le Mont Parnasse qui groupe les plus grandspoètes de l'humanité, la Poésie occupe une paroi ; du côté opposé, voici la Jurisprudence en compagnie d'unempereur et d'un pape les deux astres de la justice médiévale dans l'acte de sanctionner les lois.
La Philosophie estreprésentée, sur une troisième paroi, par un grandiose édifice de style classique ; au milieu se détachent les deuxfigures majestueuses de Platon et d'Aristote ; à leurs côtés, sur le grand escalier qui monte vers l'édifice, les sagesde l'antiquité forment différents groupes, les uns solitaires et pensifs, les autres excités par l'ardeur de la discussion,occupés à consulter des volumes ou à tracer des figures géométriques.
La Théologie domine sur la fresque opposéequi a reçu improprement le nom de Dispute du Saint Sacrement, alors qu'elle devrait s'appeler le Triomphe de la foi.L'empyrée, avec ses choeurs d'anges, de chérubins et de séraphins, et les bienheureux de l'Ancien et du NouveauTestament qui forment une haie à la sainte Trinité, occupent la partie supérieure de la fresque ; l'Eglise militante,représentée par les pères et les docteurs, des évêques et des papes, des philosophes et des poètes, mêlés à lafoule des simples fidèles, se tient en bas, aux côtés de l'autel où resplendit la sainte hostie.
Toute la scène,cependant si variée dans sa composition, dégage un sentiment d'harmonie et de paix : la curiosité du spectateur estéveillée et satisfaite.
Mais quel autre artiste aurait su développer, dans un espace aussi restreint, des conceptionsaussi vastes et donner à l'expression d'une doctrine une telle chaleur de sentiment et des images aussi appropriées,aussi nobles ? La chambre de la Signature, terminée au moment même où Michel-Ange peignait les fresques de lachapelle Sixtine, est digne de lui être comparée par l'élévation de sa conception et l'art consommé avec lequel cetteconception est traduite.
Ces deux monuments se complètent et représentent véritablement l'apogée de la peinturede la Renaissance.
Après la chambre de la Signature, viennent les autres salles qui occupèrent, en grande partie, lavie de Raphaël et de ses élèves jusqu'à la mort du maître.
Alors que la première avait eu pour sujet un cycle dedoctrines religieuses et morales, les trois autres seront consacrées à des événements historiques : les deuxpontificats de Jules II et de Léon X, et mettent en évidence le triomphe de la papauté.
Raphaël a le don de saisirl'instant le plus dramatique d'un événement pour ses oppositions : instant dramatique de l'action comme dansHéliodore chassé du temple, dans Attila arrêté par le pape Léon, dans la Bataille d'Ostie et du Pont Milvius, dansl'Incendie du bourg ; instant dramatique des émotions comme dans la Messe de Bolsène, dans le Couronnement deCharlemagne, dans l'Apparition du Labarum et le Baptême de Constantin.
Au point de vue artistique, par lacomposition, le mouvement et l'entente des couleurs, la chambre d'Héliodore, avec la Messe de Bolsène et SaintPierre dans sa prison, constitue la cime du chemin parcouru par Raphaël ; mais entre temps, les commandes de sesadmirateurs et des souverains étrangers s'ajoutent à celles des mécènes et de ses amis de Rome.
Raphaël,incapable de refuser, acceptait des tâches aux délais déterminés.
Par exemple, en 1515, la marquise Isabelle deMantoue voulut avoir de lui un petit tableau de la Sainte Famille ; en 1516, le cardinal Cortese désira des fresquespour un couvent de Modène ; puis les religieuses de Monteluce un Couronnement de la Vierge pour leur chapelle ; en1517, le duc de Ferrare lui commandait un Triomphe de Bacchus ainsi que le Portrait de Laurent de Médicis, ducd'Urbin ; en 1518, toujours pour Laurent de Médicis, Raphaël s'engageait à peindre un Saint Michel et une SainteFamille ; toutes ces oeuvres venant s'ajouter à de très nombreuses autres déjà en cours, dépassaient les forcesd'un homme seul, même doué d'un talent extraordinaire.
Et, comme si tout cela ne suffisait pas, à la mort deBramante en 1514, Raphaël fut appelé à lui succéder à la Fabrique de Saint-Pierre, pour l'étude et la préparation desplans et la direction des travaux de la nouvelle basilique.
De plus, un an après, Léon X lui confiait la conservationdes édifices, des sculptures et des inscriptions antiques.
Raphaël s'acquitta de ces travaux avec le plus grand soin..
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