POUSSIN Nicolas : LA PESTE D'ASDOD

« POUSSIN Nicolas LA PESTE D'ASDOD Vers 1631 Peintrefrançais Analyse 'w La Peste d'Asdod (appelée aussiLes Philistins frappés de la peste) est une œuvre d'une période particulièrement heureuse pour l'artiste.

Repre nant la peinture après une longue convalescence, son seul problème est celui de refuserles com mandes tant sa réputation est grande.

Ici Poussin suit à la lettre le texte biblique (Samuel, V 1-6). Sur la gauche, on voit l'Arched'Alliance entreles colonnes du temple de Dagon ; à côté, les mor ceaux de la statue de la divinité jonchent le sol. Tout autour s'exhibe le macabre spectacle des corps sans vie des pestiférés.

Le décor architectu ral qui donne la perspective de la scène provient' d'une gravure de l'Architecture du Vénitien Sébastiano Serlio. Le goût des scènes historiques est très pro noncé chez Poussin. Ilaime introduire dans ses tableaux — c'est lecas ici — des détails archéolo giques restitués avec grande attention. Mais larecherche fondamentale du XVIIe siècle setourne surtout vers l'analyse du « cœur humain » et Poussin élabore en peinture un langage très proche de celui de la tragédie : ses personnages, souvent impliqués dans des situa- picto MUSEE DU LOUVRE 369 PARIS XVIIe siècle Toile 148 x198 cm tionspathétiques ou dramatiques, offrent une étude admirable des passions humaines.

Il en découle une poétiquesévère qui exige de Poussin une participation presque physique à la création de l'œuvre.

Ce n'est pas un hasard si, quelques années plus tard (1646), Poussin refuse de peindre un Jésus portantla croix ; il écrit à ce sujet : « Je n'ai plus assez de joie ni de santé pour me consacrer à des sujets aussi tristes.

La Crucifixion m'a rendu malade... mais le Portement de croix finira par me tuer.

» Par rapport aux œuvres légèrement antérieures, commeLe Massacre des Innocents deChantilly ou Le Martyre de saint Erasme, où le peintre utilise une gamme de couleursintenses,La Peste d'Asdod présente des tons plus sobres et volontairement moins éclatants. L'œuvre U Après plusieurs changements de propriétaire, le tableau fut acquis par le duc de Richelieu. Celui-ci levendit ensuite à Louis XIV en1665.

Lethème biblique, tiré de l'Ancien Testament, peut avoir été suggéré àPoussin par l'effroyable épidémie de peste qui dévasta Milan et la Lombardie en 1630. Poussin en 1629 et 1630 ^Une fois à Rome, Poussin s'applique à retrouver la réputation qu'il avait à Paris et, en peu de temps, il réussit à conquérir amateurs et mécènes. En 1628, en effet, le Vatican lui passe une commande, Le Martyre de saint Érasme, encore conservé aujourd'hui à Saint-Pierre.

Mais aux alentours de 1630 la vie de Poussin change radicalement : il épouse le 9 août 1633 Anne- Marie Dughet, la fille ducuisinier Jacques, mariage humble qui montre son intention de renoncer aux ambitions sociales. Ildécide alors de s'établir àRome. Hh§§ Du même peintre : PICTO368 à 377 ©Nardini Editore.

1991 VPC Larousse-Laffontpour — édition française. 1991 Les grandes toiles se substituent aux tableaux de dimensions plus restreintes, œuvres d'atelier destinées aux amateurs. Il traverse ensuite une période demaladiequi se répercute gravement sur sa production artistique ; il écrit en effet à Cassiano delPozzo, son ami : « Je vous supplie de toutes mes forces de m'aider de quelque manière, j'en ai vraiment besoin, je suis malade la majeure partie du temps et je n'ai rien d'autre pour vivre que le travail de mes mains. » À la suite de ces momentsdifficiles, les œuvresde Poussinsont caractérisées par un langage de plus en plus classique. Photo R.M.N. R2-03-07. »