POUSSIN Nicolas : ÉLIÉZER ET RÉBECCA

« POUSSIN Nicolas ÉLIÉZERETRÉBECCA 1648 Peintre français Analyse ♦^ Ce tableau illustre un épisode extrait de la Genèse (xxiv) : la rencontre d'Éliézer, le servi teur d'Abraham, et de Rébecca, la futureépouse d'Isaac.

Abraham avait envoyé son fidèle servi teur dans sa terre natale, la Mésopotamie, pour qu'il ychoisisse une épouse pour son fils Isaac. Éliézer prit dix des chameaux de son maître ainsi que de nombreux présents et se rendit dans la ville de Nahor, en haute Mésopotamie.

Un soir, à l'heure où les femmes viennent puiser l'eau, il s'arrêta près d'un puits à proximité de la ville et fit s'agenouiller ses chameaux.

Il implora le Seigneur de lui faire rencontrer la jeune fille qu'il cherchait. «Je demanderai àl'une d'elles de me donner à boire et si elle me répond : "Bois, je vais aussi abreuver tes chameaux", je saurai que c'est elle que tu destines à Isaac.

» C'est alors qu'apparut Rébecca.

Elle descenditau puits et y remplit sacruche. Éliézer, s'approchant d'elle, lui demanda à boire et entenditles paroles qu'il attendait.

C'est ce moment précis qu'a illustré Poussin.

La ville de Nahor est représentéeà l'arrière-plan tandis qu'au premier plan des jeunes filles viennent puiser l'eau.

Au centre de la composition dominée par un ciel crépusculaire aux couleurs délicates, Rébecca écoute la picto MUSEE DU LOUVRE 375 PARIS XVir siècle Huile sur toile 118 x 199 cm demande d'Éliézer et, la main sur le cœur en signe de respect, l'invite à se désaltérer.

Chacunedes femmes présentes réagit à sa manière à l'événement.

Certaines ne se soucient pas du tout de la conversation entre les deux personnages tandis que les trois jeunes filles derrière Rébecca, au contraire, observent la scène avec curiosité. D'autresencore, sans interrompreleur travail, lancent un regard intéressé vers cette présence masculine inattendue qui vient troubler la monotonie de leurs tâches domestiques. L'œuvre U D'après Félibien, le tableau fut exécuté en 1648. Le commanditaire, qui avait admiré un tableau de Guido Reni représentant la Vierge cousant avec ses compagnes, désirait un tableau peuplé comme celui-là de jeunes filles où l'on pourrait «remarquer différentes beautés ».Il laissait entière liberté àl'artiste pour le reste de la scène. La toile appartint ensuite au duc de Richelieu et en 1665, comme le reste de la collection du cardinal, elle entra dans les collections de Louis XIV, puis dans celles du Louvre. Poussin vu par un de ses contemporains ?" Le comte de Brienne parlait ainsi de Poussin en 1665. «C'était lafranchise même. Ilavait une âme grande et noble et était digne non d'être peintre seulement, en quoi il a excellé, mais de gouverner l'État, s'il s'était autant appliqué à la politique et aux financesqu'il s'appliqua, par la fatalité de son étoile, à la peinture.

C'était un génie de premier ordre, né pour les sciences et pour les arts, son plus tendre amour et qui furent presque l'unique plaisir de sa vie, heureuse et malheureuse. Je veux dire obscure et célèbre, Du même peintre : PICTO 368 à 379 © Nardini Editore, 1993.

VPC Larousse-Laffont pour l'édition française 1993 pauvre et commode ; décriée un temps par l'envie et enfin comblée de gloire et d'honneurs lorsqu'il n'était plus en état d'en jouir.

Comme il avaitbeaucoup de raison et de tête, une imagination vive et forte, une mémoire très fidèle, unjugement très solide accompagné d'un bon sens naturel que le Ciel ne donna pas à tous les peintres, il se détermina à s'appliquer à cette profession qui n'a en soi de bas que le nom et la qualité de peintre avec les sobriquets que la malice des hommes a trouvé bon d'y attacher.» Photo R.M.N.. »