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Piotr Ilitch Tchaïkovski

Publié le 26/02/2010

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Piotr Ilitch Tchaïkovski naquit le 7 mai 1840 à Wotkinsk où son père était ingénieur des mines. A l'âge de dix ans on l'envoie à l'École de Droit à St-Pétersbourg. A dix-neuf ans Tchaïkovski entre comme fonctionnaire au Ministère des Finances. Mais déjà il étudie le piano et chante dans un chOeur d'église. Cependant ce n'est qu'en 1863 que, quittant le Ministère, il embrasse définitivement la carrière musicale. Il commence par suivre les cours du Conservatoire de St-Pétersbourg. En 1866, il devient lui-même professeur d'harmonie au Conservatoire de Moscou. Tout en consacrant la plus grande partie de son temps à la composition, il y restera onze ans. En 1865 une Oeuvre symphonique de Tchaïkovski (Danse de Faneuses) avait été exécutée en public pour la première fois. Mais ce ne sera qu'en 1869 que Piotr Ilitch connaîtra son premier grand succès avec son ouverture Roméo et Juliette. Fin 1876 commence la correspondance de Tchaïkovski avec Mme von Meck, admiratrice enthousiaste et passionnée qu'il ne devait jamais rencontrer, mais en qui il trouva toujours l'appui moral et matériel qui fait souvent si cruellement défaut aux artistes. En 1877, à la suite d'un mariage des plus désastreux qui fut rompu au bout de quelques semaines, Tchaïkovski part pour l'étranger, séjourne en Suisse, puis en Italie. Rentré en Russie, il vit tantôt chez sa sOeur, tantôt dans son propre domaine, près de Klin. A partir de 1887, surmontant peu à peu une timidité presque maladive, il commence à se faire connaître comme chef d'orchestre, dirigeant ses Oeuvres d'abord à Moscou, puis à travers toute l'Europe et à New York. C'est alors la gloire. Tchaïkovski est au faîte de sa célébrité. En 1893 on lui décerne le titre de docteur honoris causa de l'Université de Cambridge. Et c'est cette même année qu'en pleine maturité, foudroyé par le choléra, Tchaïkovski s'éteint le 6 novembre, laissant une Oeuvre aussi abondante que diverse. Piotr Ilitch est enseveli au couvent St-Alexandre Newski à St-Pétersbourg. Parmi ses ouvrages symphoniques citons : les Symphonies (au nombre de six) ; les Ouvertures ; les Suites d'orchestre ; le poème symphonique Fatum ; les trois Concertos pour piano et orchestre dont le plus universellement connu est celui en si bémol ; les Variations sur un thème rococo pour violoncelle et orchestre et la Sérénade pour orchestre à cordes. Comme musique de chambre : trois Quatuors, un Trio et un Sextuor. Pour piano solo Tchaïkovski a composé de nombreux Recueils de pièces et une grande Sonate. Parmi ses dix opéras il faut citer Onéguine et la Dame de Pique, tous deux composés sur des libretti tirés de Pouchkine ; et enfin le Lac des Cygnes, Casse-Noisette et la Belle au Bois-Dormant, trois ballets qui méritent, avec les deux opéras précités, d'être placés au rang de ses chefs-d'Oeuvre.

« précisément sous la plume de cet homme-là les lignes que voici : "Depuis que j'ai commencé à composer, je me suisposé pour but d'être dans mon métier ce qu'avaient été dans le leur les plus illustres maîtres, c'est-à-dire d'êtrecomme eux un artisan à la manière d'un cordonnier...

Ils ont composé leurs Oeuvres immortelles exactement commele cordonnier fait ses chaussures, c'est-à-dire de jour en jour et le plus souvent sur commande." Réserve faite donc des compositions ou de certains passages de ses Oeuvres qui décidément ne nous apportent pasgrand-chose, Tchaïkovski nous laisse une Oeuvre d'une richesse telle, d'une qualité si authentique, que l'on a peineà comprendre comment on a pu si longtemps être aveuglé à son endroit au point de le considérer tout au pluscomme une sorte de Mendelssohn de deuxième zone.

Voyons les motifs de ce désaveu posthume.

Il s'agit, nousl'avons dit, du désaveu des musiciens de toute une génération, donc d'une élite, mais qui ne devait pas tarder àgagner tout le public moyen et cela surtout en France.

Car c'est en France que l'on a été pour Tchaïkovski le plussévère.

Or être pour ou contre Tchaïkovski (d'une façon motivée, bien entendu) dénote aujourd'hui toute unementalité, toute une attitude devant l'art en général et la musique en particulier.

Si cette attitude avait au débutdu siècle des motifs passagèrement valables, si elle se justifiait alors dans une certaine mesure on cherchait tropautre chose pour apprécier ce que nous donne Tchaïkovski elle est aujourd'hui, avouons-le, nettement démodée.

Etsans avoir le moins du monde le fétichisme de l'up to date, l'on peut admettre qu'il n'y a rien de méritoire à êtredémodé. On attaque généralement Tchaïkovski sur deux points précis : on discute la qualité de son "goût" ; on conteste lecaractère authentiquement russe de sa musique. Le premier de ces griefs, d'ordinaire moins explicitement formulé que le second, se cache souvent derrière lui d'unefaçon assez sournoise.

Au fond et c'est par là que le cas Tchaïkovski prend aujourd'hui valeur de symbole il met encause non seulement l'esthétique de Piotr Ilitch lui-même, mais de toute une famille de musiciens à laquelleincontestablement il appartient.

Ainsi, de nombreux mélomanes croiraient encore déchoir en prenant plaisir à lamusique d'un Gounod, d'un Donizetti ou d'un Verdi.

Ils baisseraient immédiatement, semble-t-il, dans leur propreestime.

C'est que l'idée bien arrêtée, assez étroite et pour tout dire primaire qu'ils se font de ce qui est "noble" et dece qui ne l'est pas, de ce qui est ou n'est pas de "bon ton", de "bon goût", préside à tous leurs jugements.

C'estainsi qu'en architecture les mêmes personnes n'admettent l'Antiquité étant hors de cause, bien entendu que legothique ou le roman, mais rejettent à coup sûr le baroque et le rococo.

Pour les mêmes raisons sont frappésd'ostracisme le ballet classique, le bel canto et l'opéra italien.

Tout cela se tient. Mais il y a autre chose croyons-nous, et c'est là peut-être la clé du problème : on trouve en effet à la racine decette mentalité si répandue dans le monde intellectuel d'aujourd'hui, un indéracinable préjugé contre une certainefacilité, une certaine légèreté, une certaine élégance spontanée, une certaine qualité de grâce pour tout dire, queles Italiens ont peut-être portée avec le plus de naturel, qui fut en tout cas pendant des siècles une desconstantes de leur art.

D'où la défiance très marquée chez les représentants de cette mentalité envers ce qu'il estconvenu d'appeler "l'italianisme".

L'on tolère à la rigueur ces qualités chez les Italiens, mais on ne veut pas admettrequ'elles puissent être authentiques chez d'autres (c'est non sans réserve qu'on accepte un Weber), et l'on est portéà les juger comme inconvenantes et déplacées lorsqu'on les rencontre dans des Oeuvres de caractère dramatiqueou pathétique.

Qu'on se l'avoue ou non, c'est un alliage qu'on trouve de "mauvais goût".

(L'on oublie que le "bongoût" n'est qu'une qualité mineure, indispensable il est vrai quand on n'a pas de génie.) Or, tout cela réuni chez unRusse, comme c'est le cas pour Tchaïkovski, voilà qui dépasse toutes les bornes ! Tombant également sous le grief du "goût", il y a encore l'éclectisme de Tchaïkovski : rencontrer un thème russenettement francisé ou italianisé dans une étoffe musicale où, de plus, l'influence d'un Schumann est souventmanifeste n'est pas chose rare chez Tchaïkovski. Comme le dit Stravinski, Piotr Ilitch ne se gêne pas en effet de porter du reste avec une parfaite aisance "lachemise russe avec le haut-de-forme".

Cela suffit pour indigner les puristes qui oublient que l'art vit de rencontresimprévues, d'emprunts, de croisements, de métissages...

à condition bien sûr qu'ils soient réussis.

Pourquoil'éclectisme mot auquel on attache généralement une signification plutôt péjorative serait-il nécessairement chosemauvaise ? L'on peut toujours emprunter, dit-on, à condition de rendre avec intérêt.

On transforme alors lasubstance empruntée en sa propre substance.

Mais et c'est là que les deux griefs adressés à Tchaïkovski serejoignent c'est la substance même de Tchaïkovski qui est incriminée : on n'admet pas qu'elle soit authentiquementrusse.

Sur quoi se base cette opinion ? Sur l'idée tout à fait préconçue que toute musique qui se prétend russe doitnécessairement puiser son inspiration aux sources du folklore national.

A-t-on jamais formulé exigence pareille àl'égard de la musique française, allemande ou italienne ? Il faut dire que la responsabilité de cet état de chosesincombe avant tout au fameux groupe des "Cinq" dont l'esthétique était diamétralement opposée aux tendances d'unTchaïkovski.

Leur "russisme" concerté, voulu et pour ainsi dire codifié était parfaitement académique.

Il n'avait riende spontané (sauf chez Moussorgsky) et leur succès, dû précisément au fait que tout ce qu'ils composaient portaitl'étiquette "made in Russia", fit qu'ils ne tardèrent pas à être considérés comme les seuls vrais représentants de la"musique russe".

De là à affirmer que Tchaïkovski n'était pas un compositeur authentiquement russe, il n'y avaitqu'un pas.

Ne suffirait-il pas cependant de savoir que n'importe quel Russe reconnaît en Tchaïkovski l'un des siens etque Piotr Ilitch lui-même, dans une de ses lettres à Mme von Meck, s'est donné la peine de répondre à ce grief ?Voici en effet ce qu'on y lit : “...

quant à l'élément russe de mes Oeuvres...

je commence souvent à écrire avecl'intention de me servir de tel ou tel chant populaire.

Parfois...

cela se fait d'une façon tout à fait inattendue...

etpour ce qui est du caractère russe de ma musique en général ses rapports avec les chants populaires en fait demélodie et d'harmonie j'ai grandi dans un endroit paisible, imprégné depuis ma petite enfance de la miraculeuse. »

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