Pierre Soulages : L'ABSTRACTION FRANÇAISE
Publié le 14/09/2014
Extrait du document
«
moyens strictement picturaux, sans allusion
figurative ni expressionnisme.
Enfin, deux
œuvres du British Museum de Londres, un
dessin à l'encre de la campagne romaine par
Claude Lorrain et un lavis de Rembrandt repré
sentant une femme à demi couchée, décou
verts dans une revue par l'artiste adolescent,
l'impressionnent vivement.
Soulages les décrit
comme •une série de coups de pinceaux très
forts, très beaux •.
Il les sait figuratifs, mais les
regarde aussi comme des œuvres abstraites, en
chois issant parfois d'en cacher une partie.
Loin de l'expressionnisme
Ces influences croisées déterminent toute
l
'œuv re de Pierre Soulages.
Dans sa peinture,
lignes et cou leurs sont remplacées dès la fin
des années 40 par de larges traces noires qui
envahissent la totalité de la feuille de papier.
Celles-ci ne se veulent pas l'expre ssion d'une
sensibi lité se t r aduisant dans le geste, à
l'inverse de ce que prat iquent les artistes new
yor kais contemporains, Pollock ou De
Kooning, mais le produit d' une raison qui
constru it et équilibre.
La trace du mouvement
pictural importe moins que la structure qu'il
bâtit.
«Ce qui m'intéresse, ce n'est pas le ges te,
mais son incarnation picturale ...
», dit Soulages .
Seules comptent pour lui les relations entre les
formes, les couleurs, les fonds et les matières .
Parce qu'il refuse l'anecdote, Soulages intitule
sobrement ses toiles Peinture, ce terme étant
accompagné de la date de l'œ uvr e et de son for
mat.
Ouand il parle de ces «peintures », Soulages
en évoque le format soigneusement calculé et
les matériaux qui les composent: le châssis, la
manière dont la toile est tendue, les pigments,
les outils et la façon dont il en fait usage.
Peintur e Polyptyque C,
Pierre Soulages, 1985 (Pan"s, mu sée national
d'Art moderne) .
Une tache de goudron ...
Car l'œuvre naît de ces éléme nts.
Elle naît sur
tout de la pâte et de la couleu r, faite de tons
sombres, esse nti ellement d es noirs.
Pale tte
limitée au nom d'une économie de moyens
poussée à son paroxysme ? Nullement.
Mais le
noir offre à l'artiste des possibilités immenses,
du transparent à l'opaque, du mat au brillant,
de la nég ation de la couleur à sa résurrection
par le jeu de la lumière, nature lle ou artificielle.
Cette prédilection pour le noir remonte à une
vision d'enfant, que Soulages aime à rappeler :
•De la fenêtre de la pièce où je faisais mes
devoirs d'écolier, je pouvais voir sur le mur d'en
face une tache de goudron.
J'avais plaisir à la
regarde r: je l'aimais [ ...
] Elle avait une partie
unie, surface calme et lisse qui se liait à d'autres
plus acciden tées, marquées à la fois par les irré
gularités de la matière et une directivité qui
dynamisait la forme [ ...
] J'y lisais la viscosité du
goudron, mais aussi la force de la pro jection, les
coulures dues à la verticalité du mur et à la
pesanteur, liées au grain d e la pierre. »
Etalé sur du verre en 1948 -dans cinq œuv res
réalisées justement avec du goudron -, sur le
blanc du papier l'année suivan te, sur une toile
claire ou préparée en bleu ou en rouge plus
tard, travaillé sur le sol avant d'être accroché
au mur, brossé en profondeu r, str ié dans
1 1 épaisseur de la pâte pour obtenir des jeux de
réfraction lumineuse, le noir de Soulages vaut
toutes les couleurs .
Et l 'artiste de dire avec un
parti pris d'humour: •Üuand o n écrit avec de
l'encre noire, ce n'est pas forcément une lettre
de condoléances!•
-> Voir aussi : p.
300-301 (New York s'exprime).
Peinture T 54-16,
Hans Hartung, 1954 (Pan"s, musée national d'Art moderne).
Des courants divers
L'abstraction française dans les années 50 est un mouvement dont les ramifica tions sont nombr euses.
Le rejet de la figure , le rêve d'u ne comm union avec la nature, une exaltation du geste pictural et de la matière se révèlent les seuls traits
communs à ces artistes cosmopolites , si
fort emen t distincts par ailleurs.
Un précurseur , Hans Hartung .
Dès
ses débuts en 1920-1922 , le peintre d 'ori gine alle mande Han s H artung a fait preuve d'une l iberté de geste , in spirée en
partie par l 'ex pre ssio nnisme allemand, m ais aussi par Rembrandt et par Goya ,
qui préfigur e l'abstraction lyrique.
Dans les année s 30, pui s, avec plus de su ccès, à partir de 1945 , Hartung s'écarte de l' abs traction géométrique en exéc utant des
toile s ma rquées par des ligne s fortemen t
dynamiques , des tracés calligraphiques et
de larges signes noirs sur des surfaces
sombres.
Quant à l'expression d'« abstrac
tion lyrique" , elle est inventée et défendue par Georges Mathieu (né en 192 1 ), qui se fait le héros d'un art
essentiellement g es tuel et pu lsionnel.
L 'art informel.
Ce mouvement prend
naissance au d ébut des années 50 sous l'impu lsion d'un critiq ue, Miche l Tapié de Ce leyran.
Il réunit des artis tes ayan t pour point commun un parti pris lyrique qui s'exprime, notamment , dans l'usage d 'une peinture où les empâtements deviennent un moyen d'ex pression.
Jean
Fautrier (1898-1964) est le principa l artiste lié à ce coura nt.
Jean Dubuffe t ( 1901 -1985 ) se situe sur ses marges , et
parmi
les autres protagonistes figurent Wols et Bryen , tous deux venus du sur
réal isme..
»
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