PIERRE DE CORTONE : LE RETOUR D'AGAR

« I PIERRE DE CORTONE LE RETOUR D'AGAR 1637-1640 Peintre italien Analyse -^ La toile illustre l'épisode de la Genèse trai tant du retour d'Agar chez ses maîtres.

Cette jeune esclave égyptienne avait été « prêtée » par Sarah à son mari Abraham pour qu'elle lui donne un fils : elle-même était maintenant trop vieille pour espérer enfanter.

Fière d'avoir réussi là où sa maîtresse avait échoué, Agar humilia Sarah : celle-ci répliqua en maltraitant son esclave, puis en la chassant. Un ange apparut àl'Égyptienne, durant son voyage : il lui conseilla de retourner chez Sarah et de se soumettre humblement àsa volonté.

En échange, son fils, qui porterait le nom d'Ismaël,donnerait naissanceà unenombreuse descendance. L'artiste a choisi de figurer le moment où la jeune esclave, poussée par la voix de l'angelot voletant derrièreelle, vient trouver Abraham. Agar a laissé choir sur le solson bâton où est accroché son maigre bagage, pour porter humble ment les mains sur sa poitrine et demander par don.Abraham, tout à la fois doux et sérieux, offre à laservante un abri ; devantl'habitation setient une femme à l'allure pensive - la jeunesse de son visage empêche de penser qu'il s'agit de Sarah, 1 picto KUNSTHISTORISCHES MUSEUM 381a VIENNE XVIIe siècle Huile sur toile 123 x99 cm décrite dans la Bible comme un personnage âgé. L'ensemble est immergé dans une végétation luxuriante : lesarbres révèlent, comme le ciel strié de nuages qui sert de coulisseatmosphéri que à la scène, que le peintre était animé ici d'intentions non seulement narratives mais égale ment naturalistes. L'œuvre LJLa toile provient de la collection du grand-duc de Toscane :elle fut gravée par Carlo Faucci et Giovanni Domenico Picchianti.

Lacélèbre Tri bune des Offices de Zoffany, conservée àWindsor, confirme la provenance médicéenne : on peut reconnaître en effet, parmi les œuvres représentées dans ce tableau, Le Retour d'Agar. Le fait que Zoffany ait reproduit la composition de Pierre de Cortone laisse penser en quelle estime les Médicis tenaient cette œuvre : les grands-ducs n'exposaient en effet dans la Tribune que les tableaux qu'ils jugeaient les meilleurs. Citée jusqu'en 1793 dans les inventaires des collections médicéennes,la toile est mentionnée pour la première fois dans lecatalogue duKunsthistorisches Muséum de Vienne en 1796. Un débutant devenu le plus grand peintre de Rome ?Pierre de Cortone est sans doute, de tous les artistes du xvnesiècle travaillant à Rome, l'un des peintres qui obtinrent le plus grand succès et le nombre le plus important de commandes. Sa réputation naquit en 1626, lorsqu'on enleva les échafaudages quimasquaient lesfresques ornant la nef de Sainte-Bibiane, exécutées pour le pape Urbain VIII Barberini. L'autre mur était orné des fresquesde Ciampelli, un Toscan encore très marqué par lavieille école florentine, comme l'attestent la gestualité et les costumes de sa Sainte Bibiane. Encouragé par ses succès romains, Ciampelliavait affirmé que le pape l'avait mis en compétition avec undébutant, et qu'il n'en ferait qu'une bouchée : il ignorait apparemment tout du talent de Pierre de Cortone.

Le public réalisa,en comparant le travail des deux peintres, combien le style de Cortone était novateur : désormais éta blie, la renommée del'artiste devait durer, sans ternir, jusqu'à sa mort. Photo Kunsthistorisches Muséum, Vienne. »