pierre chareau
Publié le 30/07/2021
Extrait du document
«
Mais c’est là que se trouve le paradoxe : comment une œuvre d’art ou d’architecture peut-elle être à la
fois « classique » et « révolutionnaire » ?
Considéré désormais comme un classique, ce bâtiment unique dans l’histoire de l’architecture est
devenu un lieu de pèlerinage pour les designers et architectes contemporains.
La presse internationale
l’a comparée aux cours de l’Andalousie mauresque, à un bateau ou encore à un igloo esquimau.
Il est difficile de percevoir l’importance de l’apport de Pierre Chareau à la création mobilière et
architecturale sans préciser le moment dans lequel vient s’inscrire sa réflexion.
Lorsqu’il commence à
travailler, un peu plus d’un an avant la première guerre mondiale, les arts décoratifs sont en pleine
mutation.
Les articles publiés dans les revues et les magazines de l’époque en témoignent.
Et malgré le
manque de recul, ils facilitent une appréciation plus fine du contexte dans lequel Pierre Chareau se
forme puis aborde la vie professionnelle.
La plupart des auteurs considèrent que les prémices du renouvellement se trouvent dans les travaux,
articles ou conférences de Viollet-le-Duc.
Il est en effet assez évident que le mouvement de rénovation,
tant en architecture que dans les arts décoratifs, procède de l’affaiblissement de certains préjugés,
consécutifs à la redécouverte du gothique et de ses principales architectoniques.
Ainsi, l’œuvre de Chareau semble vouée à nous rappeler la durée, le besoin d’échapper à l’éphémère,
l’autre la convenance et le mouvement harmonieux des lignes.
Les volumes évoquent les forces qui
s’opposent et s’équilibrent.
Les bases robustes répondent à la pesanteur à laquelle nul objet ne peut
échapper.
Le meuble étant pour lui une véritable construction, il lui donne une base semblable à celle
d’un édifice.
Au lieu de que son meuble affleure le sol de ses pieds, il s’y appuie entièrement par une
ceinture qui rappelle les fondations.
Que le spectateur aime ou non cet ensemble, il est obligé de constater que cela se tient.
Il y a harmonie
entre les proportions des pièces et celles des meubles ; les surfaces ont été utilisées avec une logique
rigoureuse ; on a tiré le maximum de clarté, de place et de confort de l’espace dont on disposait ; rien ne
manque et il n’y a rien de trop.*
Il a près de quarante ans lorsqu’il conçoit pour l’’Exposition internationale des arts décoratifs et
industriels modernes, le bureau-bibliothèque d’ « une ambassade française » et la salle à manger du
Pavillon de l’Indochine.
Il apparait alors, avec Francis Jourdain, comme l’un des chefs de file de la
modernité et l’un des meubliers les plus unanimement célébrés.
Sa maturité lui a donné des armes
exceptionnelles que renforcent son ouverture d’esprit et sa sensibilité.
Louis-Charles Watelin (archéologue de renom) qui n’est pas un de ses plus farouches partisans
reconnaît :
« Dans l’inattendu, nous trouvons Pierre Chareau, sans cesse à l’affût d’un volume qui répondra à une
nouvelle sensibilité.
C’est un audacieux et un animateur.
Si je ne le suis pas dans tous ses essais, dont les
plus récents me semblent discutables, quoi qu’il contient en lui une grande force de persuasion, je
reconnais qu’il ouvre pas mal de portes où passent ses confrères, quelques fois à leur corps défendant.
Il
ne peut-être question pour cet artiste que d’assurer un style passionné pour une idée qui le tourmente
et qu’il réalisera coûte que coûte ».
»
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