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Piero della Francesca peint les fresques d'Arezzo : LA LÉGENDE DE LA VRAIE CROIX

Publié le 14/09/2014

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Mais le travail du peintre ne porte pas seule­ment sur la géométrie. Dans le Songe de Constantin, Piero della Francesca invente l'une des premières scènes nocturnes de la peinture occidentale, et l'une des plus belles. L'empereur repose sous sa tente, vaste pavillon conique soutenu par un piquet central. Derrière lui sont rangées à la file, «comme des montagnes autour d'un plateau«, disait l'historien R. Longhi, les tentes des autres chefs, sous un ciel parsemé d'étoiles. Constantin a laissé sa tente ouverte à cause de la chaleur. 

Les peintures exécutées par Piero della Francesca dans la chapelle cen­trale du choeur de l'église San Francesco d'Arezzo, entre 1452 et 1458, occupent les deux parois laté­rales et le mur du fond de la chapelle, percé d'une fenêtre gothique.

Endommagé par des fissures qui ont crevassé les peintures et fait tom­ber l'enduit, le cycle a subi au cours des années 1980 une très importante restauration.

« croix du Golgotha sont extraites du lieu où elles avaient été enterrées, et celle sur laqu elle Jésus fut supplicié est identi fiée grâce à un miracle - la vraie Croix ressuscite u n jeune homme.

Dans la Défaite de Chosroês par Héracliu s, dans la Victoire de Constantin sur Maxence , la Croix donne la victoire à ceux qui s'y rallient contre leurs ennemis païens.

Un espace neuf Pour traite r ce thème traditionnel, Piero della Francesca invente un vocabulaire pictural inédit.

Dans l'lnvention et la preuve de la vraie Croix, une façade d 'église - censée être un temple de Vénus, dans la légende - attire l'attention, en arriè re de l'homme ressuscité.

Faite de pan­ neaux rectangulaires imitant des marbres poly­ chromes, elle s'ouvr e dans le bas par des arcades en plein cintre soutenues par des pilastres, s'ome de médaillons circula ires, se termine, en haut, par un fronton doublé d'une corniche.

Une telle église n'existe pas encore en Italie à l 'époque où peint Piero.

Ou plutôt, un monu­ ment semblable commence à s'élever, au même moment, dans une cité située tr ès à l'est d'Arezzo, sur la côte adriatique, Rimini.

Là, depuis 1447, l'architecte et théoricien Lean Battista Alberti a entrepris d'élever une église d'un style nouveau, classique : une église à arca­ tures et frontons, revêtue d' un placage de marbres et ornée d'oculi , c'est-à-dire d'ouver­ tures ou de motifs décoratifs en forme de cercle.

À gauche de la même fresque, derrière les hommes occupés à déterrer les croix , surg it une ville d'une fascinante beauté, au loin entre deux collines.

Les maisons, les églises, les campaniles développent leurs volumes cubiques, leurs plans inclinés blancs, gris et roses, en arrière de hautes mura illes au tracé également géomé­ trique.

Une lumière éblouissante jaillit des murs de cette ville, où la vie quotidienne s'exprime Piero della Francesca Piero della Francesca est né à Borgo sa n Sepolcro entre 141 O et 1420.

Formé à Flor enc e auprès du peintr e Domenico Veneziano , il réa lise sa première œuvre connue, le Polyptyque de la miséricorde, dan s sa ville natale , en 1445.

À la mê me époqu e, il com mence à trav ailler pour F e der ico di Mont efeltre, sei gneur d'Urbino : il réa lise ra e n 1465 le portrait du du c et de la duchesse de Mont efe ltre (Diptyque d'Urbino , Florence, galerie des O ffice s).

En 1451, il est à Détail de la Victoire de Consta ntin sur Maxence , Piero della France sca.

par de subtils détails : les trous d'un colombier, les bancs d'une rue, les barres d'appui des fenêtres soutenues par des crampons.

Des figures comme des colonnes Devant ce paysage d'une rigueur admirable , les personnages se meuvent avec des gestes lents ou demeurent immobiles, comme dans un rite sac ré.

À droite de l'invention de la vraie Croix, un ouvrier s'appuie sur sa bêche, dans un geste plein de naturel.

Il fait chaud : il a rabattu ses chausses sur ses mollets et reste en chemise, cuisses à l' air.

Ce détail pittoresque n'enlève rien à la solennité de la scène.

D'un bord à l ' autre de la peinture , les personnages, disposés comme dans une frise, ressemblent à des sta­ tues de marbre vêtues et discrètement colo­ rées.

Ils se dressent , droits, les uns à côté des autres, le bas du corps magnifié par l'ampleur du vêtement, et même les gestes des terrassiers ext rayant les cro ix de leur fosse ne les sous­ traient pas à cette linéarité •colonnai re•.

Dans les scènes mêmes du cycle où le thème impose de reproduire un vif mouvement , !'artiste ne se départit pas de ce traitement presque abstrait.

Dans la Victoire de Constantin cont re Maxence , ce n 'est pas le moment du com­ bat qu'il représente mais l'instant qui suit la fin de la bataille - lorsque les cavaliers s'arrêtent devant le fleuve , laissant fuir leur ennemi.

Dans Rimini , où il peint dans le « temple mala ­ testien ,, - l'église recons truite par Alberti - une fres qu e repr ésentant Sig ism ond Malate sta, seigneur du lieu .

L'a nnée su ivante , il comm e nce travailler au cycle d e la vraie Croix, à Arezzo .

En 1460, il peint une étonnant e Flagellation du Christ, aujourd' hui au palais ducal d'Urbino , et la Vi erge enceinte de la chap elle du cimetière de Mont erchi.

Il meurt en 1492 à Borgo San Se pol cro.

L'invention et la preuve de la Vraie Croix, Piero della Francesca (Arezzo, S.

Francesco).

la Bataille d'Héraclius contre Chosroês, le corps à corps des soldats est bien reproduit, mais toute la partie haute de la fresque montre le jeu ryth­ mique des étendar ds déployés dans le ciel e t des panaches se dressant au-dessus des cimiers.

Une lumière surprenante Mais le travail du peintre ne porte pas seu le­ ment sur la géomét r ie.

Dans le Songe de Consta111in 1 Piero della Francesca invente l'une des prem ières scènes nocturnes de la peinture occ identale, et l 'une des plus belles.

L'empereur repose sous sa tente , vaste pavillon conique soutenu par un piquet central.

Derrière lui sont rangées à la file , •comme des montagnes autour d'un plateau •, disait l'historien R.

Longhi, les tentes des autres chefs, sous un ciel parsemé d'étoiles.

Constantin a laissé sa tente ouverte à cause de la chaleur.

Il est veillé par deux senti­ nelles à demi assoup ies et par un servite ur assis sur un banc aup rès de lui, qui somnole aussi.

La composition, faite de valeurs inhabituelles , des jaunes, des oran gés, des bruns se détachant sur le fond bleuté, est illuminée par la lumière que produ it l e corps de l'ange se p récip itan t vers l'empereur comme une météorite venue du haut de la fresque.

La clarté éblouissante, lunaire, blanchit les é toffes, se réverbère sur les casques, et fait paraître plus noire , par contraste, la longue ligne droite d e la lance du soldat.. »

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