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PIAZZETTA Giovanni Battista : SAINT JACQUES CONDUIT AU SUPPLICE

Publié le 17/09/2012

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La lumière joue un rôle déterminant : elle rythme la composition et souligne le caractère symbolique de la scène. La source lumineuse, située à l'endroit exactoù l'apôtre fixe son regard, rappelle la présence divine...

« PIAZZETTA Giovanni Battista SAINT JACQUES CONDUIT AU SUPPLICE 1722 Peintre italien Analyse •& Deux adversaires de force égale s'affrontent: pour l'heure, nul ne triomphe mais bientôt l'un des deux prendra fatalement l'avantage.Saint Jacques, immense, estreprésenté le visage tendu et sortant du cadre du tableau ; de forte corpu lence lui aussi, le bourreauentraînede force le vieil apôtre au martyre.Le cadre rapproché et le raccourci en légère contre-plongée renforcent la présence des personnages; ce qu'accentue encore le traitement naturaliste.

Saint Jacques, échevelé et à demi vêtu, avec son livre de parchemin usé, ressemble à un rude paysan aux membres noueux, sculptés par la fatigue. Le bourreau semble sortir quant à lui d'un tableau du Caravage : ses traits sont durs, sa peau est sombre et ses muscles de débardeur sont tendus par l'effort. La lumière joue un rôle déterminant : elle rythme la composition et souligne le caractère symbolique de la scène.

La source lumineuse, située à l'endroit exact où l'apôtre fixe son regard, rappelle la présence divine. Alors que la lumière éclaire le saint avec force, dévoilant son visage, son livre et ses membres tendus, elle laisse dans l'obscurité la peau mate du bourreauet son corps presqu'entièrement happé par le noir. Cette œuvre était extrêmement originale et novatrice, comparée à la productionvénitienne del'époque.

Piazzetta, qui se réclamait del'école naturaliste duxvne siècle, restituait au thème ptcTo EGLISE SAN STAE 478a VENISE XVIIIe siècle Huile sur toile 165 x138 cm ft sacré une incontestable immédiateté visuelle et une forte intensité dramatique à travers des clairs-obscurs contrastés.

Cette esthétique prenait lecontre-pied du style clair etfantaisiste de Sebastiano Ricci, qui prônait le retour à l'art de Véronèse.

Il suffit d'ailleurs de comparer cette toile aux autres tableaux qui composent la série des Martyres des apôtres, exécutée par différents artistes, pour percevoir la spécificitéde l'écriture de Piazzetta, pathétique et tout en clairs-obscurs. L'importancedonnée aux corps et à la psycholo gie révèle également une conception très moderne de l'art. L'œuvre USaint Jacques conduit au supplice est une œuvre de commande, tout comme les onze autres toiles de la série : cet ensemble venait répondre à la volonté testamentaire du curé de San Stae, Andréa Stazio : ce noble ecclésiastique consacra à ce projet la somme de 1 200 ducats. D'abord disposées en bas des colonnes, lelong de la nef, les toiles furent ensuite placées par groupes de trois sur les murs du chœur, à l'intérieur des corniches en stuc. Un «amoureux » insatisfait ^^ L'éditeur vénitien Albrizzi révèle dans les mémoires sur l'artiste, publiés en 1760, que Piaz zetta « ne se soucia jamais des honneurs ni même de ses intérêtspersonnels.Il étaitamoureux de son art, lui dédiant chaque instant de sa vie et chacune de ses pensées ».

Toutes les sources font par ailleurs état de l'insatisfactionpermanente du peintre face à son travail, qu'il recommençait sou- Du même peintre : PICTO 478 et478b © NardiniEditore. 1994. Liriade pour l'édition française. 1994. vent plusieurs fois, ainsi que de son extrême len teur : un tel comportement découragea bien des commanditaires, incités à setournerailleurs.

Ces qualités paraissent d'autant plus singulièresdans le contexte de la peinture vénitienneduxvme siè cle : rapidité d'exécution, imagination débordante et goût de l'improvisation étaient en effet les grands mots d'ordre. Photo Scala, Florence. »

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