Devoir de Philosophie

Photographie de 1995 à 1999 : Histoire

Publié le 24/12/2018

Extrait du document

histoire

Comme une déferlante, la photo s’est imposée, ces dernières années, sur le marché de l’art ancien autant que contemporain. On la retrouve dans des lieux d’exposition toujours plus nombreux, mais aussi dans des secteurs en pleine transformation tels que la presse, la publicité ou l’édition. Elle s’adapte aux nouvelles technologies et alimente « le monde des images » dont notre fin de siècle s’apprête à faire un marché industriel. Traversée par tous ces bouleversements, à quoi ressemble aujourd’hui la photographie ?

 

Des prix qui s’envolent...

 

La création, en 1996, de la Maison européenne de la photographie (MEP), au cœur de Paris, est le symbole d’une prospérité et d’une reconnaissance définitivement acquises. Avec cette institution culturelle prestigieuse à son service, la photographie, en tant qu’art, ne souffre plus aucune contestation. Depuis quelques années, les galeries de peinture traditionnelles sont de plus en plus nombreuses à consacrer leurs cimaises à l’image fixe. La curiosité des collectionneurs s’est déplacée et se porte davantage sur la photographie, dont les prix sont beaucoup plus abordables que ceux de la peinture. Il arrive pourtant que l’image argentique fasse exploser les prix du marché de l’art mais, pour le moment, cette flambée ne concerne que des épreuves du xixe siècle et des premières décennies du xxe siècle. Durant ces dernières années, celles-ci ont atteint des prix records. Un portrait du mime Debureau par Félix Tournachon (le frère cadet de Nadar) s’est vendu aux enchères 1,15 million de francs en juin 1998. À New York, la même année, un tirage original de Man Ray intitulé Noire et blanche a été acheté 3,6 millions de francs. L’affaire fit grand bruit : Man Ray se vendait dorénavant au meme prix que Matisse, la photo valait aussi cher, voire plus, que la peinture !

 

... ET UNE EFFERVESCENCE INÉDITE

 

Lieu de naissance de la photographie, la France possède un patrimoine qui excite la convoitise de riches collectionneurs américains ou nippons. La rareté (de plus en plus grande) des tirages d’époque, la

 

qualité des procédés de l’image ancienne, une connaissance de plus en plus fine du corpus, des critères de valeur de plus en plus précis : ce sont quelques raisons qui expliquent une montée de la spéculation dont on sait déjà qu’elle ne s’arrêtera pas là. C’est sans doute ce même intérêt grandissant des collectionneurs et du public qui explique le succès immédiat de Paris-Photo, première foire internationale de la photographie, dont l’édition initiale eut lieu à l’automne 1997

histoire

« LA VOGUE DE LA PIIOTOGRAPHIE.

Le fe.lti•·al • Visa pour l'image » de Perpignan, damia popularité ne se dément pas, accueille depuis plus de dix a11s les p rofess io1111els du monde emier et 101/S les amateurs de photojoumalisme.

L'édition 1998 a nollmtmenl été marquée par le reportage en no ir et blanc de Hariet Logan sur les femmes afghanes.

Ci-contre : l'une des facettes, impressionnantes, de celle recherche.

0 Hariet togan ­ Network-Rapho sées par de grands formats, Cibachromes ou caissons lumineux, ces œuvres techniquement attractives, imposantes, d'un formalisme sou­ vent pompeux, rivalisaient encore avec la peinture.

Les jeunes créa­ teurs des années quatre-vingt-dix, sont.

eux, épris d'une image plus traditionnellement " photographique "• qu'elle soit revenue à de modestes dimensions, qu'elle s'inspire du quotidien, de l'autobiogra­ phie, ou qu'elle retrouve le noir et blanc.

L'Américaine Nan Goldin est sûrement l'artiste la plus représentative de ces dernières années : toujours de grands formats en couleurs mais une veine franchement intimiste, voire exhibitionniste, où la photographe se met en scène (ou met en scène ses proches), dans une vie faussement quotidienne et dans des expériences limites largement scandées par le sexe et la drogue.

Aveux, confessions à moitié fictives, images « banales ,, mais brillantes, où Nan Goldin invente à la perfection cc « faux réel , qui fascine notre fin de siècle.

L'autre révélation de ces dernières années est aussi une Américaine, Francesca Woodman, laqueiJe s'est suicidée à l'âge de 22 ans, en 1981.

La découverte posthume de son œuvre, lors de deux grandes expositions à Arles et à la Fondation Cartie r à Paris en 1998, fut un choc : vision poétique en noir et blanc de son propre corps, de sa nudité ou de celle des autres, son œuvre est d'une lumière aussi légère qu'une plume, et le mouvement de ses images évoque une sorte de frôlement céleste.

L'autoportrait sous toutes ses formes, simples et sophistiquées, est une tradition de la photographie, mais Francesca Woodman y met un point d'orgue fulgurant.

La provocation en matière d'art se porte bien ct c'est encore une femme, une Française, Sophie Calle, qui en donne une expression originale, subtile ct très « conceptuelle "· Elle utilise la photographie sans volonté de« faire beau», la prend comme trace (en noir et blanc), comme témoignage du réel pour outenir des démarches totalement voyeuristes (suivre quelqu'un, surveiller le détective que l'on a soi­ même engagé pour se faire surveiller, figer les chambres d'hôtel après le passage des clients) ou narcissiques (photographier ses menus de la semaine, ses cadeaux d'anniversaire, etc.).

Autre Français inclassable, Marc Pataut a exposé en 1997 à la Dokumenta de Kassel, la célèbre foire d'art contemporain.

Professeur aux Beaux-Arts, il incarne par­ faitement l'expérimentateur qui fait de l'art sans faire de l'art.

et de la photo ave c.

un appareil qu'illaissc utiliser par ses modèles.

Ses projets artistiques sont toujours collectifs ct résultent d'une vie partagée pen­ dant plusieurs mois.

À Kassel, il présentait des portraits réalisés auprès d'habitants expulsés d'un quartier de Saint-Denis, en banlieue LA VOGUE DE LA PHOTOGRAPHIE.

Entre autobiographie provocatrice et reconstitution du quotidien, l'Américaine Nan Goldin est l'une des photographes les plus représentatives de cette fin de siècle.

travaillant en alchimiste à la frontière de plus en plus ténue qui sépar e fiction et réalité.

Ci-desst/S : Self Portrait on the Train.

Germany.

© Galerie Y1•on Lambert, Paris parisienne.

Photographie documentaire ? Ethnologie ? Recréation du tissu social ? Réappropriation de leur image par ceux dont la person­ nalité est brisée ? Dans l'ensemble, la photographie devient alors un étrange carrefour où sc croisent littérature, discours et arts visuels, et un excellent support pour le métissage des pratiques.

Une conclusion identique s'impose lorsque, de plus en plus fréquemment, la photo­ graphie s'associe à la vidéo dans des-titre d'une exposition de la MEP, durant l'été 1999.

PRESSE ET PHOTOGRAPHIE : L'ÈRE DU FAUX La photo permet toutes les hybridations, elle est l'image moderne par excellence.

Les jeunes créateurs en sont tellement engoués aujourd'hui que la peinture semble devenue anachronique, exclue de celle omniprésence et de cette fascination du « visuel ,.

dont se repaît l'ép6que contemporaine.

La photo a l'avantage de la légèreté d'utilisation, de la simplicité des moyens pour rendre oompte du monde et de son expérience.

Un autre espace, encore Oou, se dessine, promis sans doute à un grand avenir, celui qui se situe à la croisée de la vision d'auteur et de l'image de reportage.

Michaël Ackerman, un jeune Américain découvert cet hiver 1999 à travers plusieurs expositions et la publication d'un livre, End Ttme City, s'il se conduit en photojour­ naliste en se rendant dans tel lieu précis- en l'occurence la ville de B en arès - fait de ce lieu un univers apocalyptique, plus fantasmatique et subjectif que réel, par une approche violente et volontairement noire.

Le photographe au jou rd 'hui ne peut plus se contenter d'enregistrer le monde autour de lui et, renonçant à une objectivité illusoire, il ose une écriture photographique et assume sa subjectivité.

Le fait que la presse ignore de plus en plus le travail du photojournalisme pour ne publier, dans une proportion toujours grandissante, que des portraits de célé­ brités (le> en termes de métier), oblige les photographes, s'ils veulent montrer leurs reportages, à faire des livres ou à exposer dans des galeries, des musées et lors de festivals.

Cette situation nouvelle engendre pour les journalistes un statut également nouveau d'auteur et même le leur impose.

Eugene Richards, célèbre pour ses reportages de fond dans l'univers de la désespérance et de la drogue chez les Noirs américains, s'est exclamé récemment :. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles