PELLEAS ET MELISANDE de Claude DEBUSSY
Publié le 23/10/2010
Extrait du document
opéra français du XIXe siècle de Claude DEBUSSY (1862-1918)
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«drame lyrique« en cinq actes et douze tableaux
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livret : drame de Maurice Maeterlinck
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créé en 1902 à Paris
«
C'est en 1892 que Debussy découvrit le texte théâtral de Maeterlinck, Pelléas et Mélisande : ce fut pour lui une révélation, qui lui inspira immédiatement le désir d'écrire un opéra.
Cependant il lui fallut dix ans pour le mener àbien.
Cet unique opéra, considéré comme son chef-d'oeuvre, suscita à l'époque de sa création une des plus grandesbatailles de l'histoire du théâtre lyrique.
Les deux auteurs, Debussy et Maerterlinck, s'étaient brouillés, parce queDebussy avait refusé que Mélisande fût interprétée par la future femme de Maeterlinck, la cantatrice GeorgetteLeblanc.
Une cabale fut montée : la pièce fut surnommée Pédéraste et Médisante, et le petit Yniold, l'enfant de Golaud, appelé «le petit guignol» ; le jour de la première, l'opéra fut accueilli par des quolibets.
Cependant, lecompositeur André Messager, qui était alors directeur de l'Opéra-Comique (la Salle-Favart), ne cessa de le défendre,ainsi que les grands chanteurs qui l'interprétaient, Mary Garden et Jean Périer.
Aujourd'hui, cet opéra estuniversellement reconnu comme l'un des plus grands et des plus novateurs, bien qu'il ne figure pas parmi les pluspopulaires.
longs cheveux.
Elle s'amuse à emprisonner Pelléas dans sa chevelure.
Golaud, jaloux, ordonne à Mélisande derentrer, et entraîne son frère dans les caves insalubres du château.
Pris de soupçons, il charge son fils Yniold (néd'un premier mariage) d'espionner sa femme.
L'enfant révèle alors que Pelléas a rejoint «petite mère» dans sachambre.
Acte IV : Golaud, fou de jalousie, saisit Mélisande par les cheveux et la jette par terre.
Arkel s'interpose.
Le soir, dans les jardins, Pelléas et Mélisande se déclarent leur amour et s'embrassent longuement.
Golaud les surprend : ilfrappe Pelléas de son épée et poursuit Mélisande dans la forêt.
Acte V: Mélisande se meurt, après avoir donné naissance à un enfant.
Malgré ses remords, Golaud s'obstine à lui demander si elle l'a trompé.
Elle ne comprend pas ses questions : son esprit est déjà parti.
Arkel fait sortir de lachambre la petite fille de Mélisande.
RESUMEconte précieux et tragique
Acte I : Un soir, dans une forêt où il s'est perdu, le prince Golaud (bar) découvre une mystérieuse jeune femme, Mélisande (sop).
Il en tombe amoureux et l'épouse.
Mélisande vient vivre auprès du grand-père de Golaud, le vieuxroi Arkel, et du jeune demi-frère de Golaud, Pelléas (t ou bar), et de Geneviève (contr), leur mère.
Acte II: Dans l'eau d'une vieille fontaine miraculeuse, Mélisande perd son anneau nuptial en devisant avec Pelléas. Au même moment, Golaud tombe de cheval.
Découvrant qu'elle a perdu l'anneau qu'il lui avait donné, il lui ordonned'aller le chercher avec Pelléas.
Acte III: A la fenêtre de la tour, Mélisande peigne ses
ANALYSE
le miracle unique d'une fusion complète entre paroles et musique
Pelléas et Mélisande a bouleversé le paysage lyrique du début du vingtième siècle, dominé alors par deux grandes tendances, italienne et allemande : le vérisme (dont se réclame un opéra français comme Louise de Gustave Charpentier, créé deux ans plus tôt) et le néowagnérisme.
Debussy condamne les débordements : il récuse cemélange de mélodisme et de réalisme appuyé qui caractérise le vérisme, mais aussi le systématisme et l'emphasewagnérienne.
Eliminant les scènes de foule, les ballets, les choeurs, les ensembles tonitruants, tous ces effetsspectaculaires qui étouffent selon lui la poésie, il revendique la demi-teinte, le mystère, l'indicible : «la musique estécrite pour l'inexprimable ; je voudrais qu'elle eût l'air de sortir de l'ombre et que par instants, elle y rentrât ; quetoujours elle fût discrète personne.»
La rencontre de Debussy et de Maeterlinck constitue déjà en soi un miracle.
Depuis longtemps le compositeur avaitdéfini son librettiste idéal : «ce sera celui qui, disant les choses à demi, me permettra de greffer mon rêve sur lesien ; qui concevra des personnages dont l'histoire et la demeure ne seront d'aucun temps, d'aucun lieu...» Certesle poème de Maeterlinck exploite des ressorts traditionnels (l'amour et la jalousie, le trio mari-femme-amant,reproduit à l'opéra par le triangle ténor-soprano-baryton), mais il échappe à toute lourdeur, à toute rhétoriqueréaliste ou mythique.
L'atmosphère est intemporelle et les personnages sont évanescents, insaisissables, sansidentité psychologique définie, surtout celui de Mélisande, autour duquel tourne l'action : «Je ne sais pas ce que jedis...
Je ne sais pas ce que je sais...
Je ne dis plus ce que je veux.» L'écriture, d'une préciosité naïve et feutrée,solennelle et simple à la fois, relève d'une esthétique symboliste, qui cherche la profondeur sous la clarté ; leséléments (l'eau, la forêt, la grotte, la main, l'anneau, la chevelure), sont aussi importants que les personnages.
Endépit de la violence incarnée par Golaud, la tragédie se déroule sans révolte, presque sans éclats.
On ne pouvaitimaginer meilleur support pour l'art de Debussy que ce langage rempli de silences, de sous-entendus, de questionssans réponses et de sentences énigmatiques, où le mystère des âmes affleure à la surface des paroles les plussimples.
Il n'existe pas, dans toute l'histoire de l'opéra, de fusion aussi totale entre le texte et la musique.
Le chant, ici, estabsolument inséparable des paroles.
Debussy reprend le principe de continuité instauré par Wagner dans ses drameslyriques : «J'ai voulu que l'action ne s'arrêtât jamais, qu'elle fût continue, ininterrompue.» Pour cette raison, il bannit.
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