Paul Cézanne : LE GOLFE DE MARSEILLE

« Une couleur qui parle d'espace Une différence similaire de traitement règle les rapports entre la zone de !'Estaque et celle des collines de l'autre rive.

Mais, dans ce cas , la sen­ sation d'espace est d'autant plus convaincante qu'un second procédé s'allie à la géométrie.

Cézanne a appr is de l'impressionnisme à ana ­ lyse r les coule urs dans le ple in air.

Ici, i l applique cette méthode tout en l'amplifiant.

Il creuse la toile au moyen d'un bleu cru, le bleu du golfe, qu'il rehausse de touches horizon­ tales de vert et de violet.

L'eau devient presque mauve au contact de la rive la plus éloignée, parce que, le peintre s'en est aperçu, les couleurs sont affectées par la distance et par la lumière solaire tout à la fois.

Elles trem­ blen t et se mo difient, certa ines s' assomb ris­ sent quand d'autres se décolorent.

Ainsi le bleu devient-il l'indice de l'éloigne­ ment : imprégnant les collines, i l se nuance sur leurs pentes du gris à l'azur en passant par le turquoise.

Les touches les plus vives font écho à celles, plus légères et plus longues, qui couv rent l a surface réservée au ciel.

Une pro­ gression s'organise, des p remiers plans ocre, jaunes, rouges et verts aux arrières-plans où domine la gamme bleutée.

La sensation pro­ duite par le paysage méditerranéen est resti­ tuée dans tous ses aspects , grâce à cette com­ binaison d 'une construction géométrique et d ' une gamme de couleurs aux nuances logi­ quement disposées.

Détail du Portrait de Cézanne, C ézanne , v.

1877- 1880 (Pari s, mu sée d'Orsay).

V L e Golfe de Marseille vu d e !'Estaque , Cézanne, 1886 -1890 (Chicago , Art lnsritur e) .

Paul Cézanne N é à Aix -en -Prov ence en 1839 dans un e fa m ill e a is é e, Céz anne a dès 185 2 po ur camara de d e collège à A ix un n omm é Émile Zola, qui d ev ie nt son ami.

So n père, banqui e r c onf ormi ste, s'a ppl i que à contr arier sa voca tion d e pei ntre, sans succès.

E n 18 6 1, P aul vie nt à Pa ris e t, d ès l'a nn ée sui va nte, se li e avec Pissarro , Renoir , S isley et Mon et.

Il vénère a lo rs Courbet e t Delacroix .

Comm e ses toiles s ont ré gul ièrem ent re fu sées pa r le jur y du Sa lon , Il se d é tourne d'une carri ère parisienne et peint tantôt à Aix , tantôt à !' E sta que .

E n 1872, il qu itt e pou rtant à no uvea u la P rovence e t s'i nsta lle à Auve rs-s ur-Oi se, à pro xim it é de son am i Pissa rr o.

En 1874 , il participe à la premi è re exposition des impr essionn istes, qu i n'obt ient auc un s u ccès.

Il re comm en ce e n 1877, pui s s'é lo igne du groupe.

Il res te li é cependa nt à Zo la e t P iss arro , et séjourn e chez l' un e t l' a utr e, à M éda n et à Pont oise, quand il ne se re tir e pas en Pro vence, ce qui lu i a rriv e de plu s en plu s so uvent .

T o ut a u long de s an nées 1880, il pei nt ses t o iles d a ns la campagn e d'Ai x e t à !'Es ta qu e.

En 1886, Zol a publ ie l'Œuvre , r oman noir su r la pei ntur e mod ern e, et Cézan ne se dé tac he de l ui.

Tous les jours, ce dern ier est «s ur le m otif ..

, face à la mon ­ tagn e Saint e- Vic toire , d a ns la ca rriè re de Bib ému s ou dan s le parc du Jas d e Bout -,.

· fan , ses suje ts de pré di-1 ecti o n.

Sa noto riété grandit ce p e nd ant à P ar is a upr ès des jeun es a rti stes, lassés pa r l'in s titut ionn alisa tion progr essive de l'imp re ss io nni s me .

Le sol itaire co nna ît enfin un d é but de r eco nnaissance.

En 1895, le m arc h a nd Ambro ise Voll ard organi se sa pre­ mi è re e xpo sition p ers onnell e - Céza nne a a lo rs cinqu ant e-six ans ! En 19 00, un e ins titut ion, le mu sée de Berlin lui achè te un t abl ea u.

En 1904, le Salon d'automn e lu i cons acre u ne salle e nt ière.

L e 15 oc tobr e 1906 , alor s qu 'il pe int d a ns la ca mp agne, un orage le surpr end .

Il est pri s de sy ncop e et de cong estio n , e t es t r am ené che z l ui éva no ui.

Il m eurt un e semaine plus ta rd , alor s que le Salo n d'a uto mne expo se dix de ses der­ ni èr es œ uvres en sig ne d'h omm ag e.. »