ORFEO de Claudio MONTEVERDI

« La personnalité de ce musicien, qui mourut à Venise en 1643, à la fin de la même année que le roi Louis XIII, marqueune évolution profonde dans l'art dramatique musical.

L'avènement de son Orfeo, en 1607, jalonne désormais l'un deces innombrables "tournants de l'histoire" que les imaginations peuvent se représenter, à leur choix, comme unesuite des plus capricieux zigzags, ou bien comme un mouvement giratoire perpétuel. maître de la polyphonie traditionnelle et créateur de l'opéra moderne Claudio Monteverdi a travaillé pendant plus de vingt ans au service de la Cour de Mantoue, puis à Venise, commemaître de chapelle.

Il a composé surtout de la musique religieuse (Les Vêpres) et de merveilleux madrigaux, qui témoignent d'une maîtrise extraordinaire de la polyphonie traditionnelle.

Mais c'est aussi l'un des promoteurs de lamonodie (chant à une voix).

En développant ce nouveau style mélodique, moins rigide, plus adapté à .

l'expression dramatique, Monteverdi a ouvert une ère musicale nouvelle, celle de l'opéra moderne. Parmi les dix-huit opéras qu'il a écrits, trois seulement ont survécu au sac de Mantoue qui eut lieu en 1630 : Orfeo, Le Couronnement de Poppée et Le Retour d'Ulysse dans sa Patrie.

De l'opéra Ariane il reste un très beau fragment (la lamentation d'Ariane). ORIGINE ET ACCUEIL On peut considérer Monteverdi comme le créateur de l'opéra.

Pourtant, Orfeo doit le jour à Euridice ! C'est Jacopo Peri qui a composé le premier opéra digne de ce nom (on parlait alors plutôt de «mélodrame»), intitulé Euridice.

Peri appartenait à un cénacle de musiciens, d'artistes et d'hommes de lettres qui s'était constitué à Florence autour ducomte Bardi del Vernio.

Les membres de la camerata fiorentina voulaient réunir tous les arts (poésie, peinture, musique, danse...), au sein d'un spectacle de «théâtre total».

Ils rêvaient de restaurer la déclamation lyrique de latragédie grecque antique.

Or le chant polyphonique, qui régnait depuis le MoyenAge, avait atteint un tel degré decomplexité que l'on ne comprenait plus les paroles.

C'est pourquoi les intellectuels florentins entreprirent deremplacer la polyphonie par la monodie accompagnée, chant à une voix soutenu par des instruments.

Ils inventèrentune sorte de récitation musicale, qui préservait l'intelligibilité du texte dramatique tout en le drapant d'une beauté etd'une solennité nouvelles. En 1600, lors du mariage de Marie de Médicis avec le roi de France Henri IV au palais Pitti à Florence, le Duc deMantoue, Vincent de Gonzague, assiste à la représentation de l'Euridice de Peri.

Ce spectacle avant-gardiste illustre les théories florentines du stilo rappresentativo (style théâtral) et du recitar cantando (parler en chantant).

Sept ans plus tard, le Duc commande à Monteverdi un ouvrage du même type : ainsi naît Orfeo, premier chef-d'oeuvre de l'art lyrique, dont le succès fit de son auteur le compositeur italien le plus célèbre de son époque. RESUME fable mythologique et allégorique Prologue : La Musique (sop), sorte de quintessence allégorique des neuf Muses, rappelle la vocation musicale d'Orphée et annonce l'action. Acte I : Les bergers célèbrent par des chants et des danses le mariage d'Orphée (t ou bar) et d'Eurydice (sop). Acte : Une messagère (sop) annonce qu'Eurydice est morte, mordue par un serpent.

Orphée, affligé, décide d'aller la chercher aux Enfers. Acte III : Orphée déploie toutes les ressources de son chant pour attendrir le passeur des Enfers, Charon (b); il l'endort et franchit le fleuve du Styx. Acte IV : Touchée par le chant d'Orphée, Proserpine (sop) obtient de son époux Pluton (b), roi des Enfers, la résurrection d'Eurydice, à condition qu'Orphée ne la regarde pas avant d'avoir franchi le royaume des Ombres.

Mais,incapable de résister à la tentation, Orphée se retourne et la perd à nouveau. Acte V: Orphée gémit, désespéré.

Apollon (t ou bar), son père, l'invite alors à le suivre dans l'Olympe, où il pourra revoir Eurydice parmi les étoiles. ANALYSE un opéra qui est comme l'emblème des opéras à venir Le prélude d'Orfeo, une toccata jouée trois fois par l'orchestre, éclate en fanfare, comme pour célébrer une naissance royale, celle de l'opéra.

Pourtant, Monteverdi n'a pas, à proprement parler, inventé ce genre musical : parson génie de la synthèse et son sens dramatique, il a fait jaillir des sèches théories florentines une oeuvre vivante,qui contient en germe tous les opéras à venir.Cette vie se manifeste d'abord par la variété et la richesse de l'écriture vocale.

Orfeo réunit la polyphonie. »