NOCTURNES de Chopin. Analyse
Publié le 05/09/2015
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NOCTURNES de Chopin. Ce sont les
compositions qui ouvrirent la voie du succès à Frédéric Chopin (1810-1849). Titre et forme sont dûs à l’irlandais John Field, qui pensait, peut-être, à la poésie du xviiie siècle des Nuits ; poésie mélancolique et méditative, innovée par Young. Cette forme fut le meilleur moyen d’expression que Chopin ait employé pour nous dire cette douleur qui fut la sienne : secrète et pudique, strictement personnelle et intime. Le domaine de ces Nocturnes est en effet d’ordre subjectif : pas la moindre évocation de la nature, mais un univers purement psychologique. Les mouvements de l’esprit et du cœur sont l’unique substance de cet art, qui a, pour ambiance fondamentale, le « tzal « polonais, cette nostalgie mélancolique que chaque peuple a coutume d’exprimer par un mot intraduisible. Sur un fond de douloureuse insatisfaction, propre à l’homme qui ne sait pas saisir la vie, fleurit un monde de rêveries et de songes, de désirs, de nostalgies et d’espérances. Rien ne convient mieux à cette rêverie distraite que le caractère d’improvisation de la musique de Chopin. La moindre sollicitation de l’imagination est recueillie avec ferveur le long de ces poèmes : l’attrait d’un ornement, une sonorité charmante, une parenthèse discrète, une séduction harmonique ; d’où l’allure hésitante, délicieusement incertaine. Le « rubato «, impalpable détente d’un rythme métronomique, soupir de l’âme, est le reflet de cette frémissante sensibilité. Un élément trouble, de « morbidezza «, bouillonne sans doute sous l’apparence parfois céleste des Nocturnes : c’est le mal romantique d’un cœur qui ne peut que souffrir de la vie. Or, il apparaît qu’avec Chopin, ce monde fait d’inquiétude et de chimères trouve pour s’exprimer une forme d’une rigueur étonnante. La grandeur de son œuvre réside dans la pureté hellénique des formes, l’instinctive cohérence artistique sous laquelle se coordonnent ces capricieuses digressions sentimentales. Le premier Nocturne, op. 9 n. 1, en si bémol mineur (1833), mérite l’appellation traditionnelle d’ « élégiaque «. Sa simplicité de structure l’apparente étroitement aux modèles de Field, mais sa qualité mélodique est tout autre. Comme la majeure partie des Nocturnes, il se présente, en quelque sorte, comme un triptyque, la partie médiane faisant contraste avec celles qui l’entourent : une mélodie hésitante, de souples ondoiements, des traits pianis-tiques enchanteurs. Au contraire, dans la longue
«
partie centrale, un peu énigmatique, un rythme hésitant, des accents fréquents sur les temps faibles, et ce chant s’évanouit en un jeu d’échos aux harmonies de multiples couleurs. L’op. 9 n. 2, en mi bémol majeur (1833), est une création très ténue, sans structure ternaire : une belle mélodie doucement pathétique, une improvisation sans plus, sur un accompagnement uniforme de romance. L’op. 9 n. 3, en si majeur
(1833), exprime plus de grâce et de coquet-
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