Maurice de VLAMINCK : RESTAURANT DE LA MACHINE A BOUGIVAL
Publié le 30/06/2012
Extrait du document
Le peintre, dans une telle stratégie, doit faire des choix - et Vlaminck
semble les effectuer sans le moindre état d'âme. Les suppressions auxquelles
il procède tiennent à l'indistinction des détails, à l'estompe des silhouettes
humaines, traitées de la manière la plus sommaire.
«
Commentaire de l'image --------------
"Un pot de peinture jeté à la face du public", disait un critique
contemporain, parlant des tableaux des Fauves.
L'œuvre
que nous avons ici
choisie permet de mesurer le
choc qu'eurent les spectateurs en décou
vrant, à l'orée du
)()(ème siècle, ces toiles novatrices qui bousculaient sans
ménagement leurs habitudes et dérangeaient leur confort.
Toute la
diffi
culté consiste à aller au-delà du constat de subversion, et de retrouver les
tenants et les aboutissants
de cette démarche allègrement séditieuse.
Un rapport ambigu à la réalité
L'œuvre surprend sans pour autant déconcerter.
C'est qu'elle présen
te suffisamment de points
de repères pour que le contemplateur s'y re
trouve :l'artiste propose un paysage si banal qu'il en devient familier.
Ce
pourrait être n'importe quelle place de n'importe quelle ville, avec ses
lieux conventionnels : des arbres -on imagine des platanes -un restau
rant, des rues qui rayonnent à partir
de la place, des maisons assez mo
destes adossées les unes aux autres
...
La banlieue parisienne, en l' occur
rence,
se présente comme un lieu emblématique de la "France profonde".
Cette
juxtaposition d'éléments nommément présentés comme anodins
(ce n'est sans doute pas un hasard si le restaurant ne porte pas d'autre
nom
que cette indication générique) permet à l'artiste de mettre en place
un paysage ordinaire.
Mais c'est précisément parce qu'il est
commun qu'il
est intéressant.
Il s'agit d'un lieu dûment apprivoisé, c'est ce que signalent
la solidité et la stabilité des lignes géométriques qui structurent l'œuvre.
Tout l'étonnement du spectateur est
donc transféré du thème au traite
ment
de ce thème: c'est un lieu ordinaire auquel est affecté un traitement
extra-ordinaire.
Et d'emblée, il s'avère que l'exception réside surtout dans
le traitement chromatique : aux divers objets sont affectées des couleurs
qui ne doivent rien à celles
de la nature ...
en témoigne le tronc rouge de
l'arbre du premier plan.
Cette répartition insolite des couleurs fait que nous nous trouvons en
face d'un paysage crédible sans être ressemblant.
La référence au réel ne
fonctionne
que très partiellement, et souligne combien radicale est ici la
réfutation du postulat
de l'art mimétique de la réalité.
Une réalité que l'ar
tiste prend
en compte (le titre du tableau identifie le restaurant et atteste
la réalité des lieux) et réfute tout à la
fois, comme pour mieux dire qu'il
ne
se sent nullement otage des règles habituelles de la représentation.
L'œuvre demeure certes figurative, notamment
par une organisation plau-
120.
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