Matisse : LA TRISTESSE DU ROI
Publié le 14/09/2014
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«
choisi d'orner de fleurs le manteau du musicien
et de semer sur le fond de carreaux multico
lores de schématiques et délicates feuilles -
les «So ucoupes» - jaunes.
la vivacité des cou
leurs, à peine corrigée par le corps noir du gui
tariste, évoque l'insouciance des compositions
de jeunesse du peintre, à l'époque de la joie de
vivre ou de la Blouse roumaine, et les motifs flo
raux et végétaux rappellent les visions éblouies
de Tahiti, que l'artiste a visité vingt ans plus
tôt.
la danseuse même , représentée dans une
liberté de composition absolue, constitue un
thème que Matisse a souvent traité, directe
ment ou sous une forme proche (les bai
gneuses de Luxe , calme et volupte}.
Tous ces
motifs resurgissent dans une œuvre qui appa
raît dès lors comme la récapitulation d'une car
rière, la mémoire venant vaincre la vieillesse ou
au moins apaiser sa •tristesse».
Des signes de papier
la nouveauté de la Tristesse du roi réside
cependant moins dans son thème ou dans ses
motifs, exp lorés par d'autres peintres ou trai
tés antérieurement par Matisse lui-même, que
dans la technique utilisée .
La Tristesse du roi
est réalisée au moyen de grands morceaux de
papier que l'artiste, désormais infirme et inca
pable de peindre, fait recouvrir de gouache
par des assistants et qu'il d écoupe ensuite
puis fait coller sur la toile selon ses indica
tions.
Il s'agit là d'un procédé totalement nou
veau, qui diffère aussi bien des papiers collés
cubistes que des collages dada et surréalistes.
Alors que les premiers utilisent, au hasard,
des &agments de papier, de tenture, d'embal
lage, de journal, et que les seconds assemblent
des bouts de photographies figurant des
objets dont la réunion crée le caractère inso
lite, les papiers de Matisse sont des morceaux
de feuilles neuves que l'artiste fait peindre des
couleurs de son choix.
C'est à la fin de la Seconde Guerre mondiale,
à partir de 1943, que Matisse expérimente ce
procédé.
Il travaille alors à illustrer un livre,
jazz, qui paraîtra en 1947.
Ce livre est consti
tué d'une alternance de textes courts (des
•petits riens», selon Matisse) et de planches en
pleine page, qui reproduisent les premières
gouaches découpées.
Dans les années sui
vantes, Matisse reprend la même technique,
en la développant cette fois à une échelle
monumentale.
Il réalise des cartons pour des
tentures et des tapisseries, de vastes tableaux,
la Tristesse du roi, et des maquettes pour les
vitraux et la décoration murale de la chapelle
du Rosaire à Vence, sa dernière grande réalisa
tion.
Tailler dans la couleur pure
l'augmentation du format s'accompagne d'une
modification des formes.
les premières pro
ductions sont simples, faites d'un motif unique
- feuille, fleur, algue -; les dernières, entre
1950 et 195 3, sont plus variées et savantes.
La
Tristesse du roi est de celles -là, traitée &ontale
ment, faisant appel à des coloris puissants qui
mettent en place de façon simple les volumes.
La Tristesse du roi, Henri Matisse ,
1952
(Paris, musée national d 'Art moderne).
Sur le fond constitué de rectangles pourpres et
bleu nuit, les • soucoupes volantes couleur
d'or » se détachent, symboles de richesse, de
chaleur du cœur, d'amour.
le caractère exceptionnel de l' œuvre réside
aussi dans la manière dont Matisse procède
pour déterminer les formes de ses découpages.
Il taille dans le pap ier à l'aide de ciseaux, sans
jamais laisser guider sa main par des traces au
crayon, et il n ' hésite pas à laisser apparaître
quelquefois un côté malhabile pour mettre en
valeur l'aspect spontané de la technique.
•Découper à vif dans la couleur me rappelle la
taille directe des sculpteurs », écrit-il.
Mais c'est surtout avec le dessin que l'acte de
découper entretient ici un rapport.
Matisse
incise le papier coloré, comme il dessinerait
avec un pinceau, en traçant directement dans,
ou avec, la couleur.
Le même geste réunit
contour et teinte , créant une forme d'expres
sion plus concise, plus apte à rendre le motif
avec la sobriété et la densité qu'a désirées le
peintre.
Cette économie de moyens est non un
point de départ , mais un aboutissement.
•Vous
allez simplifier la peinture », avait annoncé
Gustave Moreau à son élève .
Les gouaches
découpées de Matisse illustrent cette prédic
tion.
Mais elles interviennent tardivement dans
la carrière de l 'artiste : •Il faut évidemment
avoir tout son acqu is derrière soi et avoir su
garder la fraîcheur de l'instinct [pour réaliser ces
peintures ]», remarque -t-il.
-+ Voir auss i : p.
27 4 -275 (La cage aux fauves )..
»
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