MAGNASCO Alessandro : REPAS DE BOHÉMIENS

« I MAGNASCO Alessandro REPAS DE BOHÉMIENS Vers 1708-1710 Peintre italien Analyse ?^La toile figure, dans une lumière sombre, sans doutenocturne,de petits personnages aux traits flous et nerveux : le dessin est si imprécis qu'il est difficile d'imaginer dessilhouettes d'hommes.

On pense plutôt à des poupées en chiffon et en bois, dotées de fils invisibles que manipulerait, derrière un rideau sombre, à l'abri des yeux du public,un marionnettiste.

Le sujet lui-même évoque une scène plus théâtrale que réelle : il s'agit d'une troupe de Bohémiens qui se reposent le soir, après une journée de voyage. Installés sur les gradins d'un portique, dont le haut reste dissimulé, ils se restaurent: trois d'en tre eux, visiblement les chefs de la troupe, ban quettent autour d'une table ronde ; leurs vête ments sont de forme insolite et fantasque. Derrière eux, un autre Tzigane, perché sur le socle d'une colonne du portique,semble totale ment indifférent à l'action.

Au premier plan, trois personnages, assis à une petite table, sont occu pés à manger ; parmi eux, une femme accompa gnée d'un singe : sans doute l'animal fait-il partie d'un numéro de foire organisé par sa maîtresse. picto GALERIE DES OFFICES 477a FLORENCE XVIIe-XVIIIe siècles Huile sur toile 86 x71 cm  D'autres animaux et d'autres objets, parfois dif ficilement identifiables, renvoientauxactivités foraines : le perroquet niché sur le tréteau, au premier plan au centre ; les tambours, au fond à droite...

Tout cet attirail sert aux représentations que donnent les nomades de ville en ville, sur les places publiques. L'œuvre LJ De provenance incertaine, latoile a sans doute été commandée par le grand-duc Ferdinand ou un autre personnage lié à la cour des Médicis ;elle fut achetée en1923 par l'Etat italien pour le compte de lagalerie des Offices, où elle fut finalement exposée. LeRepas de Bohémiens fut par la suite installé dans le « Corridoio vasariano » : construit par Gior gio Vasari, ce long couloir qui enjambe le Ponte Vecchio et les toits de Florence, relie les Offices au palais Pitti et aux jardins de Boboli. Toujours à cette même place, l'œuvre est unanimement attri buée à Magnasco : son exécution doit remonter, d'après son style, aux années 1708-1710, c'est-à-dire peu avant que Magnasco ne quitte Florence. Magnascoà la cour des Médicis •^ Magnasco se rend àFlorence en 1703 : il tra vaille comme figuriste avec Peruzzini et d'autres célèbres paysagistes présents à la cour de Ferdi nandde Médicis : MarcoRicci,Nicola van Hou- braken et Crescenzio Onofri.

Lorenzo Magalotti faitréférence, dans unelettredu 14 avril 1703, à un peintre génois, travaillant à la décoration de la résidence estivale du grand-duc, à Livourne : il évoque les personnages peints par Magnascosur Du même peintre : PICTO 477 et477b © Nardini Editore, 1994. Liriade pour l'éditionfrançaise, 1994, lestableaux de Peruzzini, et « assez bien réussis », dit-il.

L'artde Magnasco se caractérisepar des thèmes étranges et personnels ainsi que par une techniquerapide, proche du croquis. Sans doute son univers fascina-t-ilFerdinand qui aimait, outre les peintures raffinées,plaisantes et soi gnées, les sujets étranges et la virtuosité pictu rale ; il retint d'ailleurs le peintre ligure à sa cour jusque vers 1710. Photo Scala, Florence.. »