MAGNASCO Alessandro : GALÉRIENS EN PRISON

« I MAGNASCO Alessandro GALÉRIENS EN PRISON Vers 1745 Peintre italien Analyse ♦'L'œuvre représentela courintérieure, à deux étages, d'une prison où l'on torture des pri sonniers. Entassés sur des charrettes comme on emmène des pestiférés au lazaret, ou des bestiaux àl'abattoir, les condamnés arrivent enchaînés sur le lieu de leur châtiment. L'œil de l'artiste s'attardesur leurtentative derébellion, la mon trant dans la contorsion des corps qui s'agitent nerveusement dans la pénombre et soulignant la violenceet les efforts des geôliers pour accomplir leur tâche.

Dans le fond, devant un juge commo dément assis sur un fauteuil qui vérifie que tout se passe comme il se doit, un homme subissant le supplice de la corde tente vainement de se libé rer, déjà en l'air, du lien qui le garotte tandis que, sous le portique, un autre condamné oppose une telle résistance à ses bourreaux que deux d'entre euxréussissent à peine à le traîner en le poussant et en le tirant par les cheveux. Tout ceci se passe sous les regards, sinon amusés, du moins curieux d'un groupe de badauds qui observent la scène accoudés à l'étage supérieur de la cour.

La condamnation portée par l'artiste sur une telle scène s'exprime aussi par l'utilisation d'une pein ture,certes raffinée, maisnéanmoins d'une grande charge expressivefondée qu'elle est sur picto MUSEE DES BEAUX-ARTS 477b BORDEAUX XVHe-XVIHe siècles Huile sur toile 116 x143 cm les teintes sombres et le jeu d'ombres et de lumiè res dans lequel les personnages sont noyés et dont ils n'émergent que grâce à un rai de lumière imprévu. On ne trouve pas chez le peintre la moindre volonté d'adoucir la cruauté de son sujet.

Peut-être, au contraire, y a-t-ildésir de montrer toute l'atrocité, l'inutilitéet labestialité de la torture, et précisément de la condamner. L'œuvre U Le tableau fut exécuté en même temps que son pendant, /'Embarquement des galériens, égale ment conservé au musée de Bordeaux. Bien que Ton ne connaisse pas de répliques des deux œuvres, au contraire de ce qui arrive fréquemment dans l'œuvre de Magnasco, les deux toiles se relient par leur thème àd'autres œuvres représentant /'Interroga toireet laTorture, jadis àFrancfort etqui furent perdues au cours de la Seconde Guerre mondiale. Remontant àl'époque tardive de son activité, c'est-à-dire vers 1745, les deux tableaux traduisent l'influence des peintures génoises de Corneille De Wael ainsi que des gravures de Jacques Callot que l'artisteavaitvues à Florence. L'annonce de laphilosophie des Lumières ?Comme son pendant, l'Embarquement des galériens, et les deux toiles autrefois à Francfort, l'Interrogatoire et la Torture, Galériens en prison dérive du même climat culturel propre aux patri ciens milanais de l'époque des Lumières qui fut également à la source du Traité des délits et des peines du juriste Beccaria.

Publié en 1764, ce texte reprenait les idées déjà avancées dans le Du même peintre : PICTO 477 et477a © Nardini Editore, 1995.

Liriade pour l'édition française, 1995. Traité de la torture de Bartolomeo Melchiori (1741) qui futpeut-être leprécédent littéraire direct de ces deux toiles. Il reste certain que dans des œuvres comme celles-ci, Magnasco et ses commanditaires se faisaient lespromoteurs d'une peinture à orientation sociale, morale et cultu relle, en même temps ou même avant que ces idées fussent théorisées et diffusées par écrit.. »