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L'IRRÉALISME BYZANTIN ET SON INFLUENCE

Publié le 24/06/2012

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On ne s'étonnera donc pas que presque toutes les oeuvres de la peinture byzantine soient anonymes: nous connaissons le nom d'un très petit nombre d'artistes, et presque tous par la tradition littéraire. On ne sera pas plus surpris que cette peinture, tout entière tournée vers l'éternité, s'écarte résolum.ent de tout réalisme,. refuse toute concession à l'accidentel-et au passager, au documentaire et au pittoresque. En ce sens, on peut parler avec raison de l'irréalisme byzantin. Il a son origine dans l'inspiration même de l'artiste, et se retrouve jusque dans les détails de la forme, où tout est conventionnel comme un langage secret.

« Descente de croix.

Le peintre byzantin a une conception tout autre de son art et de son rôle.

Sujet d'un Empire autoritaire et théocratique, où _la religion est le fondement de l'Etat politique, oit l'Eglise en est l'expression, ü appartient tout entier à l'Eglise et à la religion.

Il ne s'agit pas pour lui d'exprimer les sentiments de l'homme, mais les convictions du croyant.

Il s'agit moins d'émouvoir en s'adressant au cœur, que d'instruire ou de persuader en s'adressant à l'esprit.

Il ne s'agit pas seulement de rendre hommage à la foi, mais d'en proclamer les dogmes.

C'est à !;expression du divin qu'il s'efforce, et à une sorte d'impersonnalité, d'austère dépouillement qui tend vers la religion pure.

Il est théologien autant que peintre, et sa mission est comparable à celle du prêtre: commenter le récit évangélique de la Passion, peindre la Passion sur les murs de l'église, sont deux aspects d'un même ministère.

Pas plus que le prêtre ne saurait s'écarter des textes sacrés sans tomber dans l'hérésie, l'artiste ne saurait modifier une composition où tous les détails, et jusqu'aux gestes des personnages et à l'expression des visages, se sont fixés enfonction du dogme.

La peinture d'icones en est un exemple excellent: elle vise toujours à reproduire exactement un prototype, dont la vertu miraculeuse serait compromise si la fidélité au modèle n'était pas respectée.

Alais les fresques, les mosaïques n'échappent pas non plus à semblable' servitude, et il arrive qu'une certaine monotonie frappe ces images qui se retrouvent à la même place, avec la même signification, la même composition, sur les murs de toutes ·les églises.

On ne s'étonnera donc pas que presque toutes les œuvres de la peinture byzantine soient anonymes: nous connaissons le nom d'un très petit nombre d'artistes, et presque tous par la tradition littéraire.

On ne sera pas plus surpris que cette peinture, tout entière tournée vers l'éternité, s'écarte résolum.ent de tout réalisme,.

refuse toute concession à l'accidentel-et au passager, au documentaire et au pitto­ resque.

En ce sens, on peut parler avec raison de l'irréalisme byzantin.

Il a son origine dans l'ins­ piration même de l'artiste, et se retrouve jusque dans les détails de la forme, où tout est conventionnel comme un langage secret.

Rien de plus caractéristique, pour ne prendre qu'un exemple, que l'emploi constant des mêmes taches de lumière et d'ombre pour exprimer le volume, le modelé d'un visage, les plis d'une draperie, le relief en gradins d'une montagne.

Ce n'est pas simple procédé, mais le résultat d'un effort d'abstraction et de généralisation qui s'exerce aux dépens du particulier.

Erifin, on ne sera pas surpris que la peinture byzantine soit la moins sensuelle de toutes et ne prête aucune attention à la _beauté formelle: dans le corps humain, l'artiste ne voit pas la séduction des formes périssables, mais la demeure éternelle de l'esprit.

De ce qui précède, faudrait-il conclure que la peinture profane, dont très peu d'œuvres sont par­ venues jusqu'à nous, ne tînt à Byzance aucune place? Elle fut au contraire riche et variée, et cette apparente anomalie s'explique par plusieurs raisons.

D'abord, lors du passager triomphe des ico­ noclastes, on détruisit une immense quantité d'images divines, pour les remplacer par un décor pitto­ resque ou ornemental inspiré soit de l'alexandrinisme, soit surtout de l'art musulman auquel les khalifes de Bagdad donnaient un si vif essor; mais ce décor à son tour fut presque partout détruit lors du triomphe définitif des iconophiles.

D'autre part, les arts somptuaires, s'adressant à une clientèle aristocratique où le goût de l'antiquité païenne et de la mythologie était resté vif, ont souvent adapté à ce goût archaïsant le choix de leurs sujets: ainsi tout naturellement les miniaturistes illustrant les textes profanes.

Enfin nous savons, malgré la perte immense que représente la disparition du décor des grands palais, que des mosaïques et des fresques nombreuses et magnifiques étaient consacrées à ce que l'on pourrait appeler le cycle impérial.

Mais s'agit-il bien d'art profane? Plutôt d'un autre aspect de l'art religieux.

Il faut se souvenir que l'empereur byzantin n'est plus le magistrat que voulait être l'empereur romain.

C'est un souverain oriental, tel qu'avaient été les grands rois de l'Orient ancien, revêtu d'un caractère sacré, incarnation terrestre de la divinité.

En se mettant à son service, comme il l'avait fait déjà en Assyrie ou en Perse, l'art reste au service de la divinité.

Les grandes. »

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