L'HOMME AU TURBAN ROUGE de VAN EYCK

« Analyse ~ L'homme, peut-être l'artiste lui-même, est représenté de trois quarts sur un fond sombre, enveloppé dans une fourrure épaisse et mœl­ leuse.

Il porte un chapeau de fantaisie , d'un rouge flamboyant.

Dans cette richesse vestimen­ taire se détache le visage pâle qui vous observe intensément avec une expression fine et péné­ trante.

L'analyse des traits, vraiment remarqua­ ble, pourrait susciter l'admiration de nos meil­ leurs photographes par le soin et la précision apportés au rendu des détails (les rides autour des yeux, les muscles contractés de la bouche et de la joue, les veines apparentes sur la tempe).

L 'épiderme semble palpiter devant nos yeux, souligné par une lumière blanche et diffuse qui s'oppose à la zone d'ombre .

En observant des tableaux comme celui-ci , daté de 1433 , on comprend l'importance qu'a eu la peinture flamande pour l'art européen de la deuxième moitié du xv e siècle et en particulier pour l'art italien .

Les contacts étaient favorisés par les voyages des marchands italiens aux Pays-Bas et par la venue d'artistes flamands (et de leurs œuvres) auprès des cours du sud, à Florence, Urbin, Ferrare et Naples .

On trouve des affinités évidentes entre ce portrait de Van Eyck et le Portrait de vieillard de Filippino Lippi daté de 1485 (galerie des Offices, Florence).

Filippino, même s'il garde une confiance toute florentine dans le dessin des contours, découvre le charme de la représenta­ tion naturaliste qui affirme la réalité des détails, comme les rides du visage ou l'oreille pliée par le chapeau.

() Filippino Lippi, Portrait de vieillard (1485), galerie des Offices, Florence.

L'œuvre C L'œuvre conserve son cadre d'origine peint en imitation-marbre, portant la d'ate du 21 octobre 1433 , la signature de l'artiste et l'inscription ais ich can, c 'est-à-dire «comme je peux ».

Le tableau appartenait au XVIf siècle à Lord Arundel ; il fut classé , dans un inventaire de 1655 environ , comme un autoportrait de Van Eyck.

En 1851 , il fut acquis par la National Gallery de Londres.

Certains critiques ont récemment émis l'hypothèse selon laquelle le portrait représenterait le b eau-pèr e du peintre , e n raison de sa ressemblance avec l'épouse de Van Eyck, Marguerite, peinte dans un tableau de 1439 aujourd'hui au musée Groninge de Bruges .. »