Les Peintres réalistes français
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
S'insérant entre le romantisme et l'impressionnisme, les deux autres grands mouvements picturaux du XIXe siècle, le réalisme va s'imposer en France dans les années 1850-1870. Ses trois représentants principaux sont Honoré Daumier, Jean-François Millet et Gustave Courbet.
«
0 0 N
de l'artiste.
Paysans et ouvriers réintègrent la
scène picturale dont ils étaient depuis longtemps
écartés au profit des conven tions plastiques que
rejettent les peintres réalistes: l'idéalisme néo
classique et sa dégradation académique , l'exotis
me; le romantisme et son pittoresque d'évasion.
La conception réaliste entend réorienter les images picturales vers des thèmes contempo
rains et des sujets quotidiens.
L'iconographie
doit
être accessible et compréhensib le par tous .
Les grands chantres du mouvement sont les
peintres Honoré Daumier, Jean-François Millet et
Gustave Courbet.
Pour eux, réalisme signifie
appréhension directe
du monde, mais éga le
ment transcription sincère et sans fioriture de la
réalité quotidienne.
Honoré Daumier,
le peintre de Paris
Honoré Daumier ( 1808-1879 ) s'illustra tout
d '
abord dans la caricature anticléricale et anti
royaliste.
Son œuvre gravée est immense: plus de
4 000 lithographies.
Publiés dans le Charivari,
journal satirique dont il fut le principal collabora
teur , ses violents portraits-charges contre le roi
Louis-Philippe puis contre l es dirigeants de la
Il' République et du Second Empire lui valurent
maintes condamnations (dont six mois de pri
son ) ...
et la célébrité.
Il pose également un
regard implacable sur la bourgeoisie -de préfé
rence la petite bourgeoisie -et la magistrature,
dont il stigmatise l'avidité , l'appât du gain , la grandiloquence et le manque d 'humanité.
Face au monde des nantis , il dresse celui des
déshérités , pour lesquels il éprouve ces senti
ments de charité fraternelle qui définissent les
républicains de 1848.
Proclamant qu'il faut "être
de son temps», Daumier célèbre presque exclusi vement dans ses peintures aux titres évocateurs
(Dans la rue , la Blanchisseuse , Wagons de troisiè
me classe, la Sortie de l'école , les Bons Parisiens)
la vie quotidienne et populaire , ses travaux et ses
distractions: celle des petites gens dont il dévoile
l'humanité sous le masque de la misère .
Ainsi témoigne-~il encore de sa compass ion
lorsqu 'il peint ces Emigrants (1868) que la poli
tiqu e réactionnaire du gouvernement provisoire
contraignai t à l'exil.
Il meurt pauvre et aveugle à
Valmondois ,
près d'Auvers-sur-Oise, dans une
maison discrètement offerte par son ami le
peintre Jean-Baptiste Corot.
Jean-François Millet,
le
peintre de la campagne
Jean-François Millet (1814-1875) est fils d 'agri
culteurs normands aisés.
Il entre en 1837 à
l 'École
des beaux-arts de Paris et débute au
Salon de 1840.
En 1848 , pour fuir la conditi on
inhumaine de la vie citadine et industrielle, il
s 'installe à
Barbizon , dans la forêt de Fontaine
bleau.
C'est là qu'il entreprend, à la source, de glorifier la vie paysanne qu'i l fixe en figures iso
lées ou en groupes absorbés avec solennité
dans
le labeur ancestral de la ferme et des
champs.
Se fondant sur l'observation la plus
rigoureuse , il parvient à rendre la vérité symbo
lique des paysans et de leurs gestes éterne ls en
lui donnant une dimension picturale classique.
Cette représentation du monde rural marque
une étap e importante pour l'affirmation du réalis
me au milieu du XIX'' siècle.
Le Semeur (1850)
figure à la fois le héros d'une épopée rurale et le
symbole d'un mouvement social.
Les Semeuses
(1857), quant à e ll es, apparaissent aux critiques
conservateurs comme "les trois Parques du pau
périsme ».
Ses formes sont massives , ses sujets rus
tiques, ses cou leurs sombres: mais de ces é lé
ments se dégagent une paix, une poésie, un senti
ment d 'éternité par quoi ces scènes rurales se
sacralisent.
Millet excelle notamment dans les
compositions dans lesquelles un groupe vertical
cro ise l'horizontale d' un talus ou de la ligne
d '
horizon, comme dans l'Angélus (1859).
Millet est le premier peintre véritab le de la
condi tion paysanne , qu'il montre dans sa réalité
quotidienne et dans sa transfiguration biblique,
dans sa noblesse et dans son universalité.
Par sa
grandeur sincère , son rayonnement secret , il tou-
......
' Jean-François Millet peignit dans son œuvre la vie quotidienne de la paysannerie française.
Les Glaneuses (1857) est une œuvre dépourvue de toute trame dramatique qui décrit les gestes immuables et toujours renouvelés d'humbles paysannes dans la campagne française.
Millet voulait témoigner de sa compassion envers les efforts et la lassitude qu 'engendrait chez les plus humbles l'obligation de pourvoir à leur pain quotidien .
Et pourtant ses représentations du monde paysan choquèrent la critique conservatrice .
L ' esquisse au fusain ci-dessous témoigne de son talent de dessinateur .
cha profondément le public de son temps ainsi
que des peintres majeurs comme Camille Pissar
ro, Georges Seurat ou Vincent Van Gogh.
Gustave Courbet,
le peintre de la province
Gustave Courbet (1819-1877) est convaincu de la
valeur sociale de l'art.
Il fut un adepte de la
démocratie pacifique de Charles Fourier et lié au philosophe anarchiste Pierre Joseph Proudhon.
Né à Ornans dans le Jura , Gustave Courb et consacrera une partie de son œuvre à peindr e
des portraits de ce qu 'il appe lait sa "petite
patrie ».
En 1848 , il réalise de gigantesques com positions qui choquent par leur sujet et stup é
fient par leur technique dans l
es multiples
Salons où ils les présentent: Une après-dl née à
Ornans (1849) , Un enterrement à Ornans (1849 ),
œuvre sévère pour laquelle toute la population
du bourg a posé, et l'Atelier du peintre (1855 ).
Par défi enve rs le jury de l'Exposition uni
verselle de 1855 , qui a refusé l'Enterrement et
l'Atelier ,
ses deux œuvres maîtresses , il expos e
celles-c i, avec 38 autres toil es, dans un pavillon
qu 'il fait édifier avenue Montaigne , à Paris.
Un e
manifestation personnelle
qu 'il renouvellera e n
1867.
Il prend la tête du mouvement réalist e
dont il publie
le Manifeste.
Fidèle à ses idées révolutionnaires , Courbet participa à la Commune de Paris (1871).
Accus é
d'avoir
pris part au déboulonnage la colonn e
Vendôme , il est condamné à six mois de prison.
Il
s'ex il e en Suisse en 1873 , où il meurt en 1877.
D 'une facture robuste, son œuvre donne aux êtres
et aux choses densité et profondeur..
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- GONCOURT, Edmond Huot de (1822-1896) Ecrivain et historien, il collabore avec son frère Jules à de nombreuses activités : ils écrivent des romans réalistes (Renée Mauperin) et consacrent des études à des peintres comme Watteau.
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