Les meubles allemands
Publié le 07/05/2012
Extrait du document
Frédéric II lui-même était un bon flûtiste, doué d'un agréable talent de compositeur. Pour lui, la France était par excellence la patrie de la culture. Il s'était assuré le concours d'architectes de renom comme Georg von Knobelsdorf (1699-1753) et Johann Nahl, qui dirigeaient les travaux des châteaux de Charlottenburg, de Monbijou et de Sans-Souci, à Potsdam, et en assuraient la décoration intérieure. ll y avait aussi les frères Spindler, ébénistes de profession, dont les meubles en marqueterie pouvaient rivaliser avec les meilleures productions françaises. On ne fabriquait pas que des meubles d'apparat en Allemagne, mais aussi des meubles bourgeois, plus conformes aux modèles anglais et hollandais qu'aux français. Les premiers étaient très appréciés en raison de leur relative simplicité et de leur commodité. lls s'étaient fait connaître, notamment, par les publications d'un dessinateur de meuble anglais : Thomas Chippendale (1718-1779).
«
dessinateur de meubles et graveur.
ll se distinguait aussi
dans la ciselure et la sculpture.
Comme bien d'autres ar
tistes allemands,
il avait résidé quelque temps en Italie
pour y étudier le style Renaissance .
Les meubles qu'il con
cevait s'inspiraient largement de meubles d'apparat véni
tiens, plus somptueux que pratiques, et surtout presque
impo
ssibles à fabriquer.
En revanche, il créa de merveil
leux motifs décoratifs et nous laissa toute une série de gra
vures de meubles italiens de son époque.
Le travail du bois jouissait
d'une haute considération
dans
le sud de l'Allemagne, et les objets qui y étaient pro
duits étaient
d'une incontestable valeur artistique.
De
nombreux ensembles décoratifs constitués de lambrissa
ges et de meubles assortis témoignent de la qualité du tra
vail de l'époque.
Pour ces réalisations, on choisissait généralement des
essences résineuses, car
elles ne sont pas trop dures et se
taillent facilement.
En revanche, ces bois, qui ne sont pas
particulièrement beaux, étaient souvent plaqués de frêne
ou peints .
n faut noter toutefois que les meubles peints
appartiennent plus
à l'art populaire qu'au domaine des
antiquités.
Au début du XVI• siècle, les meubles étaient de forme
gothique, comme l'armoire
à deux corps représentée à la
page
54.
Les lignes horizontales indiquent cependant un
début d'influence Renaissance.
Toutefois, le motif gravé
qui sert d'encadrement au meuble est du plus
pur style
gothique, ainsi que
les créneaux du couronnement.
F1ëit
ner a dessiné de nombreuses armoires de ce type .
ll en
garda la forme primitive, mais
les décora de motifs
Renaissance et
les transforma donc en armoires Renais
sance , qui présentaient des vantaux décorés de reliefs et
un fronton s'inspirant de ceux qui couronnaient les édifi
ces de l'Antiquité.
A cette époque,
les meubles les plus courants étaient
l'armoire, l'escabeau,
le coffre, la table de toilette, la table
et plus particulièrement la table de dame (type de table
dont le plateau se rabat pour permettre le mouvement
d'un tiroir profond).
Leur forme restait à peu près con
stante, mais
les motifs se modifiaient et en modernisaient
l'apparence.
Un nouveau genre de meuble, introduit au cours du XVI•
siècle, est la garde-robe à deux portes, dans laquelle on
rangeait les vêtements volumineux que la mode espagnole
prescrivait .
Ces vêtements étaient tellement encombrants
qu'on n'arrivait plus à les ranger dans des coffres ni dans
les classiques armoires à deux corps et à quatre vantaux.
Augsbourg, autre centre culturel important du
XVI• siè
cle, est située à quelque cent vingt kilomètres au sud de
Nuremberg.
Un grand nombre de peintres, de sculpteurs
et d'orfèvres avaient installé leur atelier
à l'intérieur de ses
murs.
Les ébénistes augsbourgeois bénéficiaient
d'une renom
mée mondiale, comme
le prouvent les commandes que
Charles Quint et, plus tard, Philippe II et
le duc d'Albe
leur adressaient.
Quelques quartiers de la
vieille ville
d'Augsbourg témoignent encore actuellement de ce passé
prestigeux, mais la majeure partie des chefs-d'œuvre
architecturaux de la
ville ont été détruits au cours de la
Seconde Guerre mondiale.
Ci-dessus : Ce cabin e t, ou Überbau schrank, est en ch ên e, décoré d e marque terie en palissandrr! et autres variét és de bois.
n fut fabriqué à Cologne en 1583 et S1l! trou ve ac tuelle ment au Rijksmuseurn d'Amsterdam .
Les menuisiers et ébénistes du sud de l'Allemagne et du
Tyrol étaient de véritables spécialistes de l'incrustation et
de la marqueterie, mosaïque de bois différents représen
tant des ornements variés.
Cette technique originaire
d'Italie était très en vogue dans cette partie
du pays.
Les
motifs
les plus souvent traités étaient architecturaux ou se
composaient d'arabesques, de fleurs, de rameaux et de
paysages avec des ruines .
Les effets de perspective étaient
également très recherchés.
Dans
les premières décennies du siècle, les ébénistes alle
mands
se contentaient de garnir certaines parties des meu
bles d'incrustations ou de marqueterie, mais, par la suite,
le meuble fut entièrement recouvert de ces décorations.
La réalisation la plus célèbre de cette époque est incontes
tablement
le cabinet de Wrangel, fabriqué en 1666 à
l'intention du feld-maréchal Karl Gustav von Wrangel,
55.
»
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