les joueurs de skat
Publié le 12/01/2015
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Brève biographie de l’auteur :
Otto Dix est un peintre allemand de la Nouvelle Objectivité et de l’Expressionnisme, né le 2 décembre 1891 à Untermhaus.
Issu d’un milieu ouvrier, Dix réalise des études artistiques et reçoit une bourse qui lui permet d’entrer à l’Ecole des arts
appliqués de Dresde de 1909 à 1914.
Engagé comme volontaire dans l’artillerie lors de la première guerre mondiale, il
combat en France et en Russie et participe à la guerre des tranchées mais est tellement marqué par la violence et l’horreur
de la guerre, que cela devient l’objet de son travail artistique.
Il peint son tryptique « La Guerre » en 1924, une de ses
peintures qui transmet le mieux l’épouvante de la guerre où ses portraits d’inconnus saisissent autant qu’ils dérangent tant
leur réalisme est brutal pour la population.
A son retour de la guerre, il crée le mouvement artistique de la Nouvelle
Objectivité.
Après la prise de pouvoir par les nazis en 1933, Dix est qualifié d’artiste dégénéré, renvoyé de son poste de
professeur et persécuté.
En 1937, la plupart de ses œuvres sont détruites, le reste est exposé pendant un an à une exposition
nazie « Art dégénéré ».
Dix participe par obligation à la fin de la Seconde Guerre mondiale et est fait prisonnier en Alsace
par les Français.
A la fin de la guerre, il s’éloigne des nouveaux courants artistiques allemands mais reçoit plusieurs
distinctions.
Il meurt le 25 juillet 1969 à Singen, d’un infarctus.
Contexte artistique : l’Expressionisme
C’est un mouvement artistique, né en Allemagne au XX ème
siècle, qui tend à déformer la réalité pour accentuer l’expression
angoissante des émotions de l’artiste.
Les expressionnistes ne cherchent pas à représenter le monde tel qu’il est mais à
l’exprimer : l’expressionisme déforme la réalité pour obtenir une angoisse émotionnelle.
Les œuvres sont subjectives.
Contexte historique et social : la fin de la Première Guerre Mondiale
Otto Dix est traumatisé par la guerre de 1914 et l’effondrement moral de l’Allemagne.
Après la guerre, l’Allemagne
compte 2,2 millions de morts et 4,4 millions de blessés ; elle est humiliée et effondrée, livrée à la dictature.
Les artistes ont
de moins en moins la possibilité de rencontres et d’échanges, ils peignent un univers qui est leur présent, leur réalité.
Les
gueules cassés doivent soigner leurs blessures physiques et psychologiques ; elles sont nombreuses à se promener dans les
rues, en portant fièrement la croix de fer.
ANALYSE DE L’ŒUVRE
Sur l’œuvre d’Otto Dix, on peut voir trois hommes assis à la terrasse d’un café, ce sont des gueules cassées.
Les journaux
affichés en arrière plan, sont écrits en allemand ; ce qui fait penser que la scène se déroule en Allemagne.
Les trois hommes
jouent aux cartes, au Skat, jeu allemand très populaire.
On constate que malgré la guerre, ils essayent de reprendre un cours
de vie normal.
L’homme situé à gauche a la peau scalpée.
Il est disproportionné et a une jambe de bois.
Il lui manque un œil et un bras.
Il
est également équipé d’un tuyau qui part de son oreille pour pouvoir entendre.
Il tient ses cartes avec l’aide de son pied.
Son seul bras valide est une prothèse faite en bois.
L’homme à droite a une mâchoire inférieure en fer, il n’a pas de jambes.
Un de ses bras est fait de bois et il porte un cache
au niveau de son nez, ce qui signifie sûrement qu’il n’a plus de nez.
Il porte également la croix de fer, décoration
récompensant la bravoure des soldats.
La personne au centre n’a presque plus de cuir chevelu et on peut deviner au niveau de son crâne une femme nue.
Il a deux
jambes de bois.
Il a un œil en verre et un appareil, au niveau de son oreille, lui permettant d’entendre.
Il a aussi une nuque,
une mâchoire et des narines faites en fer.
Il ne peut pas tenir ses cartes, il a donc besoin d’un pupitre et tient une carte entre
ses dents.
Les trois personnages sont d’anciens combattants de la Grande guerre.
Ils ont l’air isolé dans un milieu sombre, ils n’ont
plus l’apparence d’humains mais sont plutôt monstrueux.
La guerre semble leur avoir retiré leur humanité.
Cependant, ils
semblent fiers des blessures qu’ils ont reçues et semblent vouloir retrouver une vie normale.
La scène est éclairée par un lampadaire où l’on aperçoit l’image d’une tête de mort comme si « la Mort » éclairait ces
vétérans.
Otto Dix renforce l’aspect fragmentaire des corps en mélangeant les techniques de peinture et de collage.
La
désorganisation du tableau renvoie au chaos de la guerre et des combats.
Œuvres liées :
Explosion de Paul Eluard
La Guerre de Otto Dix
Guernica de Pablo Picasso
Impressions personnelles :
Cette œuvre qui montre les horreurs et les atrocités de la guerre à la fois me choque et m’interpelle.
Elle me choque en
exhibant des corps mutilés de façon agressive dans une atmosphère obscure créant un certain malaise.
Elle m’interpelle par
la vision et la critique que fait Otto Dix sur la période après-guerre en montrant le contraste entre des personnages dont la
vie semble avoir été brisée, la banalité de la situation (partie de cartes) et l’exhibition de leurs mutilations soulignant ainsi
la critique du peintre à l’égard d’un nationalisme excessif exprimé par certains anciens combattants allemands..
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