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Les domaines de l'esthétique

Publié le 20/12/2011

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Les différents domaines de l'activité de l'homme s'interpénètrent complètement, de telle sorte que le milieu intérieur d'une société constitue un milieu homogène dans lequel technique, social, religieux et esthétique se combinent dans des actes pour lesquels l'accent porte tantôt sur une valeur tantôt sur l'autre. L'activité esthétique baigne par conséquent tous les domaines de l'activité, tantôt de manière presque imperceptible comme en mécanique automobile par exemple, tantôt de manière dominante comme dans la peinture religieuse. n convient donc de parcourir les différents secteurs d'activité pour retrouver les formes sous lesquelles l'expression esthétique apparaît.

« l'homme ct le milieu, naît à la fois dans le geste et dans l'objet qui le prolonge.

On sait que chez l'animal le geste et l'outil l'exercice d'une technique, la situation est la même mais, l'outil étant amovible et sont indissociables : chez l'homme, dans perfectible, il s'y ajoute le sentiment d'une coordination plus ou moins parfaite.

Le plus souvent la sensation n'aboutit pas à une ex­ pression esthétique consciente.

Si l'on con­ sidère la sagaie, par exemple, utilisée par de très nombreux groupes humains depuis la préhistoire, la satisfaction que procure une bonne sagaie associe des sensations très complexes : la forme régulière de la tête, l'effilement de la hampe répondent à des impressions visuelles auxquelles s'associent, à travers des images de chasses antérieures, la notion de son efficacité meurtrière; mais plus encore que sa forme, son poids, et la position de son centre de gravité, la vibra­ tion que lui procure dans la main son élas­ ticité entraînent un sentiment de satisfac­ tion musculaire profonde, de continuité in­ tégrale entre le chasseur, l'arme et le milieu de chasse: finalement.

sur la double percep­ tion visuelle et musculaire se fonde un sen­ liment d'admiration esthétique à l'égard de l'objet.

Ce sentiment n'est pas sépa­ rable chez le chasseur des perceptions cor­ porelles liées à la chasse.

Seul le collection­ neur de sagaies pourrait admirer une arme intellectuellement.

Le pêcheur indonésien qui contemple la régularité de la nasse de bambou qu'il vient de terminer y projette l'image de toutes les sensations de la pêche, le forgeron qui soupèse un bon marteau entend le bruit de l'enclume.

Dans tous les domaines de la satisfaction technique on retrouve cette participation élémentaire du corps, très différente de la participation fi­ gurative qu'on rencontrera plus loin.

Le développement de la satisfaction fonc­ tionnelle c.'Onduit au sport et parfois au besoin d'exalter explicitement la valeur esthétique de l'exercice corporel détaché de ses liens pratiques.

Le tir à l'arc, au Japon, offre l'exemple d'un sport qui a conservé tout l'appareil de la chasse et de la guerre (costume, arc et flèches sont à peine modifiés), mais il s'est développé une codiflcation minutieuse des longues sé­ ries de gestes préparatoires au tir, codifica­ tion à la fois morale et esthétique qui s'ex­ prime dans la conviction que si l'harmonie des sentiments et des gestes est parfaite, la flèche atteindra forcément le centre de la cible.

On retrouve ici, amplifié, le rôle de liaison que joue la perception esthétique entre l'équilibre interne du sujet et l'ef­ ficacité dl' son insertion dans le milieu ex­ térieur.

Le bien-être végétatif Il pourrait sembler trivial de comparer les joies esthétiques que l'homme tire de la gastronomie, du confort vestimentaire, de l'intimité du foyer aux sensations qu'éprouve un poisson placé dans des conditions de nourriture, d'oxygénation et de tempéra­ ture favorables.

L'esthétique est dans la conscience où sc trouve l'homme de ces sen­ sations et dans leur intellectualisation, mais rien ne distingue l'euphorie biologique de l'homme de celle du poisson.

Les liens sont à un tel point réels que non seulement on ne songe pas à considérer les arts qui en ressortissent comme des arts majeurs, mais encore leur pratique exagérée est-elle tenue en suspicion par de nombreuses morale s : la concupiscence dans tous ses domaines, le sybaritisme, l'épicurisme sont réputés exal­ ter le côté animal aux dépens des vertus proprement humaines.

Esthétique alimentaire Les sensations alimentaires sont de nature complexe : la gustation proprement dite n'intervient guère que dans la distinction du salé, du sucré, du poivré, de l'acide, de l'amer, les autres impressions étant olfac­ tives.

Le sens tactile joue un rôle très im­ portant dans la reconnaissance des aliments, le sens thermique intervient et la vue com­ plète l'ensemble de la perception.

Vision et olfaction sont chez l'homme les références fondamentales, celles qui déclenchent les réactions viscérales, la sécrétion salivaire et gastrique.

Chez le mammifère supérieur comme chez l'homme la mise en jeu des différentes perceptions provoque une exci­ tation ct la consommation des aliments donne lieu à des manifestations de satisfac­ tion qui n'ont pas, à la base, la valeur de manifestations esthétiques.

Comme dans les autres domaines de l'es­ thétique fonctionnelle, la limite entre phy­ siologie et esthétique est difficile à tracer.

L'adjonction de condiments qui font appel à des sensations purement gustatives comme le sel ou le piment relève plus d'un be­ soin ou d'un dressage psychologique que d'une recherche esthétique.

Le développe­ ment de leur usage est lié à la consomma-. »

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