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Les cônes d'onguents de la difficulté de lire l'art égyptien

Publié le 09/10/2013

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CRITERES DE REPRÉSENTATION

Le cas du cône d'onguents est un bel exemple de la manière dont il faut lire les représentations égyptiennes. L'image égyptienne est, selon l'expression d'un spécialiste, une « image à lire «. Ainsi, la figure d'un serviteur présentant une voile de navire au nez d'un défunt ne peut être interprétée directement comme la pré‑

 

            sentation d'une maquette de bateau, mais comme une métaphore utilisant un objet concret pour exprimer de l'abstrait. Cette scène figure ainsi le don du souffle de vie qui permet au mort de revivre. Le souffle étant une réalité intangible seulement perceptible par les phénomènes qu'il provoque, comme le gonflement des voiles d'un navire, il s'écrit donc par le hiéroglyphe de la voile. D'autres représentations doivent se lire de façon similaire. Par exemple, dans les défilés des porteurs du mobilier funéraire à déposer dans la tombe, on remarque souvent des coffres surmontés d'objets (pagnes, sandales, colliers...). ne faut pas conclure que, lors de la procession funéraire vers la tombe, les Égyptiens transportaient ainsi le mobilier qui devait être rangé dans les coffres. C'est au contraire leur façon de montrer au spectateur ce que contenaient les coffres transportés.

« moules qui auraient pu servir à confectionner ces éventue ls amas de graisses parfumées.

Une auréole à l'égyptienne? F orce est donc d'admettre que le cône d'onguents avait une dimension plus sym­ bolique que réaliste .

L'idée avait d'ailleurs déjà été émise dans les années 1920 par Ber­ nard Bruyère , l'archéologue français qui fouilla Deir el­ Medineh.

Pour lui, ce cône était un simple indicateur du statut particulier du défunt .

li symbolisait la r éussite du pas- sage devant le tribunal de l'au-delà et était donc un si­ gne de sainteté, en quelque sorte comparable à l'auréole chrétienne ! Si cette interpré­ tation est séduisante, Nadine Cherpion remarque toutefois que, contrairement à l'auréole, le cône d'onguents semble bien être au départ conçu comme un objet matériel : sa représentation en train de fondre le prouve.

Ainsi, bien qu'il semble peu probable que les Égyptiens ai ent pu se pro­ mener réellement avec une motte de graisse sur la tête en train de fondre, il est indé­ niable que le motif du cône se référait malgré tout à un objet matériel : de la graisse parfumée.

Quand l'abstrait est exprimé par du concret C e genre de paradoxe est typique de l'art égyptien.

Les sujets des pharaons, très pragmatiques, se servaient en effet souvent de motifs con-. »

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