Le Théâtre du peuple a cent ans

Haute-Moselle. Trois ans plus tard, le 1er septembre exactement, c’est sous le nom de Théâtre du peuple qu’il présente une pièce de son cru, le Diable marchand de goutte, jouée par des membres de sa famille et des habitants de Bussang. Deux grands modèles influencèrent cet homme généreux : Michelet, qui invitait les artistes à revenir au peuple (« Sur ce théâtre, montrez-lui sa propre légende... Nourrissez le peuple du peuple », écrivait-il dans le Peuple en 1846), et Wagner, dont le théâtre à Bayreuth, construit en 1876, avait donné une nouvelle dimension à l’opéra et aux rapports entre le spectacle et le public. Maurice Pottecher avait lu Michelet et connaissait la salle de Bayreuth. En outre, une philosophie égalitariste et la religion de l’art animaient ce bourgeois en révolte, qui bénéficia de l’aide financière de son père, fabricant industriel de couverts en métal à Bussang.

En 1895, le lieu choisi n’est encore qu’une large scène adossée à la montagne, couverte d’un toit, flanquée de loges et exposée au regard de deux mille spectateurs assis sur des bancs, en plein air. Peu à peu, il deviendra un grand théâtre clos, en bois de sapin, qui offre cette particularité unique d’une scène s’ouvrant

Le mouvement du théâtre populaire en France semble éclore au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, grâce à la mise en place de la « décentralisation » par les pionniers du théâtre en province, à la création du Festival d’Avignon et à la reprise en main du Théâtre national populaire par Jean Vilar.

En réalité, la naissance de ce mouvement est bien antérieure.

La célébration du centenaire du Théâtre du peuple, à Bussang, a permis de souligner l'importance de l'expérience la plus ancienne et la plus réussie de théâtre antibourgeois et antiparisien qui débuta, en 1895, au cœur des Vosges...