LE PRINTEMPS de BOTTICELLI
Publié le 22/06/2011
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Peint vers 1478 Musée des Offices, Florence
Cette oeuvre illustre fut commandée par Laurent, fils de Pierre-François de Médicis, pour sa villa de Castello, de même que la Naissance de Vénus. Celle-ci fut peinte un peu plus tard, et je crois qu'elle devait faire pendant au Printemps et en compléter le sens.
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Le Printemps, vers 1478
« Botti celli», surnom d'Alessandro Filipepi, signif iait« petit tonneau ».
On peut rêver mieux pour
un peintre virtuose, entré jeune dans l'atelier de Filippo Lippi, dont il subit durablement l'influence,
et qui faisait partie des beaux esprits dont Laurent de Médicis aimait à s'e ntourer .
Fort estimé de son vivant, Botticelli tombe dans l'oubli après sa mort et n'est redécouvert qu'au
xrxe siècle par les pein tres préraphaélites.
L'histoire de l'art ne délivre pas des vérités immuables mais des
affi rmations changeantes , constamment revisitées, notamment par les peintres contemporains.
Les cubistes
(et les surréalistes) n'ont-ils pas redécouvert Paolo Uccello, Rossetti et Swinburne Sandro Botticelli ?
Si Piero della Francesca représente l'apogée de l'art équilibré du XV' siècle,
chez qui le beau s'identifie au bon, l'art de Botti celli, artiste de la seconde
moitié du même siècle, s'inscrit dans une période d'incertitudes profondes
et de crise dans toute l'Italie, mais singulièrement à Florence, avec
l' assassinat de Julien de Médicis, l'exécution de Savonarole dont les prêches
enflammés avait troublé les consciences (et notamment celle de Bottic elli),
la chute de la République, l'expulsion en 1494 des Médicis ...
Av ant de succomber peu à peu, à la fin de sa vie, dans la mélancolie,
le désespo ir, la solitude et la religion, Botticelli, dont l'art fut qualifié de « viril » par Vasari, avait été
un peintre fêté, protégé par Laurent de Médicis qui en fit même son peintre officiel lorsque
la conjuration des Pazzi fut réprimée en 1478, peintre raffi né, plus ou moins ésotérique, qui participait
aux rêves néoplatoniciens de Cosme de Médicis et de Ficin.
Le néoplatonisme est un mouvement qui, à l'in itiative de Plotin, tentait de fondre ensemble les pensées
de Platon, d'Aristote et des stoïciens.
Pour les néoplatoniciens, l'amour est une émotion éloignée de
la passion, contemplative et transcendante, un chemin vers la vérité absolue, vers les secrets de l'univers,
vers Dieu et sa perfecti on.
C'est plus ou moins ce qu'on trouve dans l'énigmatique et célèbre Printemps , avec Vénus au centre du
ta bl eau, au cœur d'une orangeraie, les Trois Grâces, ses compagnes, dansant gracieusement une ronde,
tandis que son fils, les yeux bandés, vole au-dessus d'elle.
À droite, on assiste à la métamorphose en Flora
de la nymphe Chloris fuyant Zéphyr qui s'est pris d'une folle passion pour elle.
Regrettant sa violence,
il ia change en Flor a, déesse des fleurs printanières.
Quant à Mercure, messager des dieux, à l'e xtrême
gauche, d'un geste de la main droite levée, il interdit aux nuages d'entrer dans ce jardin néo-platonicien
où, selon Angelo Poliziano, poète de la cour des Médicis, règne le printemps éternel et la paix.
La grâce un peu mélancolique de ce tableau, qui exprime un idéal de plus en plus menacé dans les
années où il fut peint, s'inscrit dans la tradition florentine par la passion du trait.
Précis et mobile,
il encadre ici avec bonheur le modelé marmoréen des corps.
Alessandro Filipepi dit Sandro Botticelli.
né à Florence en 1445, mort à Florence en 1510, Italie.
Le Prin temps, tempera sur bois, 203 x 314 cm, 1478.
Conservé à la Galerie des Offices, Florence, Italie..
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