Le petit monde illustré d'André Franquin

La naissance de Gaston Lagaffe, le 28 février 1957, aurait pu n’être qu’un épiphénomène. Il n’a d’autre fonction, au début, que de remplir des espaces marginaux du journal Spirou : il se définit lui-même comme un « héros sans emploi ». Mais il ne lui faudra que quelques mois pour quitter son statut précaire. Si la caractérisation graphique du personnage et de ses attitudes ne cessera de s’affiner au fil des années, les traits constitutifs de sa légende sont d’emblée présents : dos voûté, mèches raides et en bataille, mégot vissé au coin des lèvres, pull vert à col roulé élimé, espadrilles fatiguées... Adepte farouche de la sieste au bureau, il ne sort de sa léthargie que pour inventer des « machines à faire les ronds de fumée », des «aspiro-boîtes à lettres » 

Hergé confiait un jour : « Franquin est un grand artiste,

à côté duquel je ne suis qu’un piètre dessinateur. » Génie burlesque disparu le 5 janvier 1997, à l’âge de 73 ans, André Franquin était reconnu par l’ensemble de ses pairs comme un virtuose du dessin. Son œuvre, qui regorge de trouvailles, est sans doute l’une des rares à avoir su concilier poésie enfantine, subversion bouffonne et pessimisme.