LE NAIN Louis : FAMILLE DE PAYSANS DANS UN INTÉRIEUR

« LE NAIN Louis FAMILLE DE PAYSANS DANS UN INTÉRIEUR Vers 1642 Peintre français Analyse ^Le peintre a fixé un instant de la vie d'une famille de paysans, dans leur intérieur très sim ple.

Le repas est juste terminé. Le petit garçon assis par terre, le regard tourné vers nous de manière à la fois sereine et interrogative, s'amuse tandis que son plus grand frère distrait l'assem blée en jouant de la flûte.

Le chef de famille est encore assis à table ; devant lui est posée une écuelle vide.

Sa femme vient juste de se verser un autre verre de vin de la carafe en terre cuite qu'elle tient sur ses genoux. Tous les deux nous observent : le regard de l'homme aux habits déchirés et au chapeau de paysan est presque torve ; celui de la femme coiffée d'un voile lourd, estmélancolique et pensif. L'un et l'autre sont attirés par la présence du peintre, tout comme la jeune fille — sans doute la fille aînée — assise face à la table et le chat blanc et noir, àmoitié caché par le chaudron abandonné sur le sol.La petite fille à l'extrême droite ne se soucie absolu ment pas, quant à elle, du peintre, absorbée dans on ne sait quelle pensée.

Fascinéspar les jeux lumineux des flammes, les deux jeunes enfants qui se tiennent près de la cheminée ne nous regardent pas davantage.Le magnifique contre- jour rendparticulièrement frappantsl'enfant qui se tient de dos, masse obscure silhouettée par un filet de lumière, et l'expressionpresque triste de RCTO MUSEE DU LOUVRE 360 PARIS xvif siècle Huile sur toile 113,5x159,5 cm la fillette dont les lueurs du feu s'amusent à révéler le visage. Le peintre a sublimé ce moment de la vie paysanne en traitant son sujet comme s'il s'agissait d'un thème dit « majeur », religieux ou historique, cherchant à révéler les sentiments,les émotions, l'intériorité et la grande dignité morale de cespersonnages, au métier et à la vie pourtant humbles. L'œuvre U Connue sous plusieurs noms, notamment Famillede paysans dans un intérieur etJeune Joueur de flûte, la toile peut être datée de 1642 environ, en raison de sa parenté avec Repas des paysans, également au Louvre. Le XXe siècle lui réserva une destinée étrange. Cédée à un particulier lors de la vente de la collection du marquis de Marnier à Paris en 1914, ellefut rachetée Vannée suivante par le Louvre. Le 13 novembre 1927, le bas du tableau fut lacéré par Georges Latreille, un boucher parisien qui déclara avoir fait ce geste pour être arrêté etvoir son nom à la une des journaux. Enfin signalons que, en 1956, l'État français émit un timbre au bénéfice de la Croix-Rouge avec, pour effigie, le visage du jeune flûtiste. Les frères Le Nain et les Bamboccianti ^- Voici ce qu'écrivait le peintre français Le Leu à propos de la formation des frères Le Nain en 1712-1716 : « Ils furentformez dans cet art par un peintre estranger,qui lesinstruisit et leur monstra les règlesde cet art à Laon pendant l'espace d'un an ; de là, ils passèrent à Paris, où ils se perfectionnèrent et s'établirent, tous trois demeurant dans une mesme maison. »Identifié par certains critiques comme FranzHais,le mys térieux étranger était probablement un peintre Du même peintre : PICTO356 à 359 © Nardini Editore, 1992 VPC Larousse-Laffont pour l'édition française 1992 flamand qui incita les jeunes artistes à se spéciali ser dans l'art du portrait et les représentations de la vie réelle, très répanduesalors dans la peinture flamande.

Cette mode fut importée à Rome par les Bamboccianti, un groupe de peintres flamands qui s'étaient rendus en Italie à la suite de Peter Van Laer, surnommé Bamboccio enraison de son aspect difforme.

Considérés comme inférieurs et jusque-là inconnus de l'art italien, ces sujets ont été appelés péjorativement des « bambochades ». Photo R.M.N.. »