Le Musée et son évolution
Publié le 19/10/2011
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Le musée est actuellement en pleine mutation. Ses responsables s'affrontent, et posent le problème de sa redéfmition de son rôle et même, en France, de son statut. La création d'un centre culturel au plateau Beaubourg à Paris, provoque d'une manière concrète ces querelles.
Depuis les années 60, l'art refuse de plus en plus nettement d'être associé aux cadres traditionnels; sa forme même dans bien des cas l'en exclut : Land-Art, Body-Art, happenings, etc... qui se rapprochent du théâtre et des formes d'expression corporelle.
«
est peu rémunéré.
Les responsables ne pourraient vivre dans bien des cas sans une fortune personnelle.
Les gardiens se mettent en grève pour dénoncer les bas sa· laire s.
On tente de reculer l'heure journalière de ferme· ture des musêes afin d'en élargir le public : il s'ensuit
des problèmes d'organisation et de roulement.
Nous
posons là
Je problème du statut des musées qui, peut
être trouvera une solution dans les expériences qui se ront faites au centre Beaubourg.
Certains souhaite raient ériger ce dernier en une e.ntreprise industrielle
et commerciale.
Les opposants à cette idée posent le problème de l'appartenance et donc des mouvements
des œuvres acquises.
Certains responsables veulent
malgré tout continuer à faire partie de
la fonction pu blique, par idéal.
Par ailleurs , le ministère des Finan ces craint des revendications des autres musêes pour
obtenir le même statut, les employés étant dans ce cas
mieux rémunérés .
Le problème est complexe .
Rien
n 'est encore décidé.
On vit dès 1960 la nouvelle conception de Musées d'Art Moderne à Amsterdam, Stockholm, Berne et New York.
Le choix de l'architecte du Centre Beau bourg donna lieu à un concours international auquel
participèrent des agences de nombreux pays y compris
des pays de l'
Est L'équipe anglaise PIANO-ROGERS ET FRANCHINI en fut le laur éat ; son projet répon· dait parfaitement au programme énoncé : les organisa teurs imposaient que le centre; s'intègre parfaitement
à la vie du quartier , et qu'il ait une surface au sol minimum afin de permettre un espace vert maximum.
Par sa structure , il devait pouvoir s'adapter à une ac tualité constamment renouvelée, ce qui se traduisi t par une grande mobilité.
Le Centre Beaubourg regroupera
une bibliothèque, le Musée National d'Art Moderne ,
le Centre National d'Art Contemporain, un centre de
création industrielle, des équipements pour la
recher · che musicale contemporaine, des salles polyvalentes
pour le théâtre, la musique et le cinéma .
Il éditera des
ouvrages , agira en province et à l'étranger et pourra
promouvoir l ' esthétique industrielle par un label de
qualité.
L'importance des conceptions nouvelles qu'
il apporte
paraît énorme dans l'histoire des musées.
L'aven ir en
jugera par la postérité et le succès qu'il conna ttra.
Ac tuellement , cette formule semble se mode l er parfaite ment à l'art si l'on en juge par le succès des musêes d'art moderne similaires déjà existants.
Mais la réus site du Centre Beaubourg dépendra aussi des budgets
annuels alloués et de la politique culturelle suivie.
On peut néanmoins prevoir que cette formule de « conservation » des œuvres actuelles où le musêe de vient le forum de l'art n'exclura pas le musée-sanc tuaire traditionnel.
L'histoire du musée aussi bien "dans sa conception
que du point de vue chronologique a toujours
été en évolution .
Elle est liée au rôle et à l'impact qu'à l'art dans une époque donnée , aux modes et aux habitudes
des collectionneurs (pour le choix des œuvres) , à l'his toire et aux alliances politiques , comme d'ailleurs pour
les objets eux-mêmes.
Mais si l' histoire et la concep tion du musée semblent évoluer de façon sinusoïdale ,
insistant parfois sur son rôle pédagogique , pour favori ser ensuite l'amateur et le plaisir de la contemplation
des œuvres, ou bien le témoignage scientifique que cel- les-ci
peuvent apporter pour telle ou telle conception
philosophique
ou religieuse, les méthodes de conserva· tion proprement dites,.
de recensement des œuvres de
restaurat ion , semblent évoluer de façon continue avec
de plus en plus de précision , de perfection et donc de
difficultés, jusqu'à la
création en France d'un c Labo ratoire des musêes de France » installé au pavillon de
Flore dans le Louvre.
La fondatrice Madame Hours en
est le conservateur .
Cet atelier très perfectionné de res tauration est en même temps un instrument de l'his toire de l'art .
Il permet par des méthodes physiques
(photographies sous différents rayons, agrandissements ,
radiograph i
es) et chimiques (étude des constituants
d'une œuvre, des différentes couches de peinture d'un
tableau , de restaurer en diminuant au maximum les
fautes
grâce à une meilleure connaissance de la ma· tière, de dater et d'attribuer les œuvres avec une
grande certitude .
C'est en 1492 qu'apparaît
le terme de musée dans
son acceptation actuelle de «banque d'images » • dans un inventaire de la collection de livres et de gemmes
de Laurent de Médicis appelée « Museo dei codici e
cimeli artistici •· Pourtant, le musée existe déjà dès
l'Antiquité, sans que le mot soit utilisé.
Les temples
grecs possèdent un trésor , collection importante d'œu vres, due aux dons des fidèles .
Ces œuvres sont là ex posées, recencées , conservées, par un titulaire respon· sable , sorte de conservateur.
Les fidèles, puis plus tard
les touristes , peuvent les visiter moyennant une gratifi cation au gardien.
L'art est ainsi directement lié à la
religion : les musées sont compris dans les temples .
Pour la peinture, des pinacothèques existent
en Grèce
dès le Ve siècle avant J.-C..
La plus ancienne connue
est celle de l' Acropole .
Plus tard, à l 'époque hellénistique , de riches
particu liers réunissent des collections .
Celles-ci comprennent
des originaux ou des copies , sans que les uns aient
plu s de valeur que les autres , la forme trouvée par l'ar tiste important moins que l'idée qui preside à l'œuvre .
Viennent ensuite les Romains.
Ils ont une notion
très
co111munautaire de l'art Ainsi , n'existe-t-il pas de
musée à Rome, tout Rome est un musée.
Les notions
actuelles c d 'env ironnement •· q'c art dans la rue • y
sont parfaitement réalisées .
De même , ils ont leurs
maisons de la culture : les thermes ouverts à tous pour
un prix modique qui, outre les bains , abritent des sa lons de conversation, des salles d'audition littéraire et
musicale , des bibliothèques et même des collections
d 'œuvres d'art.
Les « portiques » également sont des
lieux publics couverts abritant des œuvres , où le pas· sant peut se promener, palabrer ou philosopher .
A côté
existent des collections privêes qu'il est possible de visi ter.
Au Moyen Age,
ce n'est plus pour leur ancienneté ou leur beauté répondant à des critères précis que l'on
apprécie les objets , mais pour leur étrangeté , leur mys tère, la richesse du matériau ou bien le témoignage re ligieux qu' ils portent.
Ils constituent les trésors, que les pèlerins peuvent vi$iter à côté des églises : pierres
antiques, reliques de saints que l'époque carolingienne
• P.
Hutren: futur dir ecte ur des a rts plastiques à B ea ub ou rg; in terview
d e Gu y de Fara m o nd, c Le M onde, 29 Juin 19 73.
»
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