Le maniérisme en Europe

« Les GRANDS PRÉCURSEURS ITALIENS LE FOYER ROMAINLa production de Raphaël et les premières oeuvres de Michel-Ange fournissent aux jeunes artistes d'innombrablesmotifs d'inspiration, faisant de Rome le premier foyer du maniérisme.• Jules Romain (1499-1546), élève puis collaborateur de Raphaël, est la première grande figure du maniérismeromain.

Il dirige la réalisation des fresques de la chambre de l'Incendie du Vatican.

Dès 1523, à Mantoue, il donnetoute sa mesure au palais du Te.La décoration intérieure, complexe et raffinée, unit les cycles peints aux stucs et aux frises.

Les fresques illustrentdes thèmes allégoriques à la gloire des Gonzague, utilisant des raccourcis audacieux, une luminosité et une violenceplus fantastiques que dramatiques (salle des Géants, palais du Te, Mantoue).• Sous le pontificat de Paul III, un regain de ferveur religieuse favorise un nouvel essor artistique.

Les dernièresoeuvres de Michel-Ange, contemporaines du mouvement maniériste, offrent une conception de l'espace, uneexpression dramatique et une dynamique des formes de plus en plus novatrices (Le Jugement dernier, chapelleSixtine, Rome ; La Crucifixion de saint Pierre, chapelle Pauline, Rome). LE FOYER TOSCAN — PREMIÈRE GÉNÉRATION Le maniérisme toscan se distingue par sa synthèse entre les innovations des grands maîtres du Cinquecento etcelles des Nordiques, tels Lucas de Leyde et surtout Dürer.

L'émulation artistique est si intense qu'on rencontredeux générations de peintres et de nombreux sculpteurs maniéristes.• À l'origine, Andrea del Sarto (1486-1530) dirige, sur le chantier du cloître de l'Annunziata de Florence, les artistesles plus brillants de son temps, comme Jacopo Pontormo (1494-1556) et Rosso (1494-1540).• Pontormo, premier représentant du maniérisme toscan, se caractérise par une négation des cadres de l'espacetraditionnel et une représentation hallucinée des visages.

Il amplifie peu à peu ces traits jusqu'à s'éloigner duréalisme et défier la pesanteur, au profit du flottement des formes et des corps (La Déposition de croix, Sainte-Félicité, Florence).• Collaborateur de Pontormo à l'Annunziata, Rosso se distingue par un dessin aigu inspiré de Dürer, des formesdynamiques et des couleurs vives et irréelles liées à une étrangeté latente (La Déposition de croix, Volterra).

Lechef-d'oeuvre de cette période, Le Christ mort (Museum of Fine Arts, Boston), est exemplaire du maniérisme raffinéde Rosso.

À partir de 1530, l'artiste, appelé par François I", poursuitses recherches à Fontainebleau.• Les sculpteurs toscans observent avec admiration les chefs-d'oeuvre contemporains de Michel-Ange, tels leTombeau de Julien de Médicis (chapelle Médicis, Florence) et la Pietà Rondanini (Castello Sforzesco, Milan).

Cescréations superbes leur fournissent des modèles de la figura serpentinata, qui exagère le contraposto classique, etd'oeuvres dénuées de pesanteur.• Parmi les disciples de Michel-Ange, Benvenuto Cellini (1500-1571), sculpteur et orfèvre, atteint une extrêmefinesse d'exécution dans les moindres détails, et exprime une élégance maniérée où l'élongation des proportions estde rigueur.

Après un séjour à Fontainebleau, il sculpte Persée(Loggia dei Lanzi, Florence), qui illustre l'apogée de son art. LE FOYER TOSCAN — SECONDE GÉNÉRATION Une seconde génération d'artistes apparaît à Florence, favorisée par le nouvel essor des Médicis.• Le plus original est Agnolo Bronzino (1503-1572).

Collaborateur de Pontormo à Sainte-Félicité, il réalise desportraits de la nouvelle aristocratie : poses artificielles, effigies idéalisées et couleurs sombres plus discrètes quecelles des maniéristes antérieurs caractérisent cette série, dont la palette métallique permet le rendu brillant destissus (Éléonore de Tolède, musée des Offices, Florence).• Le représentant le plus éminent de la sculpture maniériste est Jean Bologne (1529-1608), un Flamand arrivé àFlorence vers 1555.

Son style se distingue par un raffinement sensuelet flexibledes lignes, illustrant un nouvel idéal d'élégance et de mouvement(L'Enlèvement d'une Sabine, Loggia dei Lanzi, Florence ; Mercure, musée du Bargello, Florence). LE FOYER PARMESAN À Parme, Corrège (1489-1534) inspire ses jeunes élèves - et notamment Francesco Mazzola, dit Parmesan (1503-1540), qui constitue la personnalité la plus originalede cette région.• Parmesan conserve la grâce et l'élégance des gestes des madones raffinées de son maître, ainsi que l'illusionnismeaudacieux de ses décorations de coupoles.

Suite à un séjour à Rome, l'aspect linéaire de sa peinture s'accentuejusqu'à l'étirement des corps.

Les postures fluides et les figures sinueuses, notamment serpentines (en S), associées. »