Le magasin de Ben Vautier

« L2 histoire de l’art – lettres TD3- Art contemporain Exposé Le magasin de Ben 30/11/2022 1 Aujourd’hui, nous allons voir une œuvre un peu particulière.

Il s’agit d’une installation intitulée Le Magasin de Ben réalisée par Benjamin Vautier.

On peut voir cette œuvre au Centre Pompidou de Paris.

Il faut savoir que certaines des informations viennent d’une conversation téléphonique avec Benjamin Vautier datant du dimanche 20 novembre 2022. Tout a commencé en 1958, où Benjamin Vautier, dit Ben, crée son magasin à Nice.

Au début, il fait cela afin de revendre des disques d’occasions car il n’a pas d’argent.

Il récupère de nombreux autres objets, tous différents les uns des autres.

Sur le site du centre Pompidou, on peut lire « Il le transforme en un centre d’art total, lieu de publications, de rencontres et des discussions qui réunit des artistes de nombreux horizons »1.

Après avoir assemblé de multiples éléments, il le nomme N’importe quoi.

En 1972, Ben démonte ce magasin pour l’installer ici même au musée.

Nous allons donc nous intéresser à cette installation.

Pour comprendre pourquoi il le démonte, il faut remonter à cette époque.

En effet, Ben explique que c’est « Beaubourg » qui est venu à lui2.

« Beaubourg » est le nom plus familier du centre national d’art et de culture Georges-Pompidou que l’on appelle plus communément « Centre Pompidou ».

En réalité, il s’agit de Pontus Hultén qui alla à la rencontre de Ben, et qui acheta son magasin.

En 1969, le président George Pompidou choisit d’ouvrir un centre d’art et de culture permettant d’accueillir à la fois le Musée national d’art moderne et contemporain, ainsi qu’une grande bibliothèque publique (future BPI), puis un centre de recherche et de création musicale (Ircam).

Le Centre Pompidou est ouvert le 31 janvier 1977 par Valéry Giscard d’Estaing. Nous allons donc nous demander comment Le magasin de Ben traduit l’Œuvre de son créateur et comment a-t-il eu un impact dans sa carrière et dans l’art contemporain en général. Dans un premier temps, nous allons contextualiser l’œuvre, en voyant qui est Benjamin Vautier, dit Ben, le mouvement Fluxus, l’École de Nice et enfin quelques œuvres de Ben.

Ensuite, nous réaliserons une analyse plastique de l’œuvre en commençant par une description générale puis nous nous concentrerons sur quelques éléments.

Dans un troisième temps, nous effectuerons une analyse comparative avec l’œuvre Le temps de Rien de Richard Baquié et avec Barbara Kruger.

Pour finir, nous procèderons à une analyse sémantique en commençant par comprendre les ready-mades, puis la place de l’écriture dans l’art et enfin nous verrons que Ben est un artiste en constante réflexion. Le Magasin de Ben.

(s.

d.).

Centre Pompidou.

Consulté le 24 novembre 2022, à l’adresse https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/cKxLbEz 2 Entretien téléphonique avec Benjamin Vautier, le 20/11/2022 1 2 I- Contextualisation de l’œuvre 1) Qui est Benjamin Vautier ? Dans un premier temps, nous allons voir qui est Benjamin Vautier.

On peut affirmer qu’il s’agit d’un artiste majeur du XXe siècle.

C’est un artiste français d’origine suisse.

Il est né en 1935 à Naples (Italie).

Aujourd’hui, il est encore vivant, et a 87 ans.

Sa mère était irlandaise et occitane, et son père suisse francophone.

Il faut aussi noter qu’il est l’arrière-petit-fils de Marc Louis Benjamin Vautier qui était un peintre suisse du XIXe siècle.

À la suite de la déclaration de guerre en 1939, sa mère et lui vont beaucoup voyager (en Turquie, en Égypte, en Suisse, en Italie) avant de s’installer à Nice en 1949 alors que Ben est âgé de 14 ans.

À cette période, la mère de Ben l’inscrit à l’École du Parc Impérial.

N’étant pas très doué à l’école à cause de son mauvais français, sa mère lui trouve une place à la Librairie Le Nain Bleu dans lequel il lave les vitres et est garçon de courses.

Il fréquente la rue.

Il faut noter que son père était passionné de peinture et sa mère de musique, jouant du Mozart et du Chopin.

Il dit lui-même ne pas connaitre le monde ouvrier et être né dans un milieu de « prétentieux bourgeois ».

3 Ben a rédigé lui-même l’histoire de sa vie.

Quelques éléments sont importants à voir pour comprendre son Œuvre. On observe une sorte de tournant dans les années 1955 à 1958.

Il raconte se balader sur la Promenade des Anglais.

Il écrit lui-même : « Dans le domaine de l’Art, à l’époque, j’avais inventé la théorie du choc.

Pour que le beau soit beau il faut qu’il choque ou ait choqué.

Je feuillette les livres d’art au Nain Bleu en cherchant le choc.

Dès que je le trouvais, je déchirais la page.

Je commençais à chercher une forme abstraite n’ayant pas été faite et pouvant choquer.

»4.

Il se fascine pour la forme de la banane dont il réalise une série de dessins.

C’est également en 1955 qu’il rencontre Yves Klein.

Lors de notre conversation téléphonique, Ben raconte qu’il a rencontré Yves Klein car il a dragué sa femme, qui l’a amené chez lui.

Il s’est donc retrouvé involontairement chez cet artiste.

Quelques années après, en 1958, il ouvre une boutique dans laquelle il vend des disques d’occasion et décore sa façade avec n’importe quoi.

Yves Klein se rend dans ce magasin, c’est une rencontre majeure pour Ben. En 1959, il se marie avec Jacqueline Robert.

Il était, à ce moment-là, enthousiasmé par le Nouveau Réalisme, par Yves Klein et Duchamp.

Il commence à écrire sa propre vision de l’art : la théorie nouveau et du choc.

Durant les années 1960/63, il se met à signer beaucoup de choses.

Selon lui, l’art est appropriation.

L’artiste plasticien Daniel Spoerri apprécie l’enthousiasme de Ben.

Il l’invite à exposer à Londres.

Là-bas, il rencontre George Maciunas qui l’invite à rejoindre le mouvement Fluxus.

En 1963, après un concert, ses amis et lui décident de fonder le Théâtre Total. Durant les années suivantes, la troupe loue les salles pour soi-disant jouer du Molière alors qu’en réalité ils cassent des pianos.

La pièce qui a eu le plus de succès est Violon Solo de Nam June Paik. On peut aussi noter qu’en 1964, il se rend à New York afin de rencontrer George Brecht.

Ayant divorcé, en 1964, il se marie avec Annie Baricalla qui devient Annie Vautier.

Le 11 mai, sa fille Eva est née.

L’année suivante, il crée une galerie de 3m x 3m dans la mezzanine du magasin dans laquelle il expose tous ceux qui font du nouveau. Des années 1966 à 1970, Ben est marqué par le doute, par la recherche d’une situation postDuchamp à partir non pas de la forme mais de l’attitude.

En 1972, il décide de démonter le magasin afin de pouvoir l’exposer.

De plus, en 1977, il participe à une exposition collective intitulée « À propos de Nice » inaugurant le Centre Georges Pompidou.

Cette dernière permet une reconnaissance parisienne à l’École de Nice.

La préparation de l’évènement est confiée à Ben.

Dans la préface du 3 4 Entretien téléphonique avec Benjamin Vautier, le 20/11/2022 Communiqué de presse, réalisé par le MAC de Lyon.

Rétrospective Ben 03.03>11.07.2010.

Page 5 3 catalogue, Pontus Hulten (un collectionneur d’art et directeur de musée suédois) a écrit : « L’art contemporain n’aurait pas eu la même histoire sans les activités et les rencontres qui eurent lieu dans la région niçoise »5.

C’est cet homme qui va à la rencontre de Ben pour lui acheter son magasin.

Le choix de Ben se porte sur trois courants principalement : le Nouveau Réalisme, Fluxus et SupportsSurfaces.

Il permet également à de jeunes artistes de l’École de Nice d’exposer. Concernant les années 1980-1985, Ben écrit lui-même : « L’art perd de son importance pour moi.

Je centre de plus en plus mon intérêt autour des ethnies.

Les artistes me donnent l’impression d’être tous des grenouilles se gonflant pour ressembler à des vaches.

»6 De plus, Ben a eu de nombreuses rétrospectives et expositions pour retracer son Œuvre.

On peut citer celle de 2001 au Musée de Nice et en 2010, la grande rétrospective de son œuvre au musée d’art contemporain de Lyon nommée « Ben strip-tease intégral », et beaucoup d’autres. Pour terminer cette biographie, nous pouvons citer sa femme qui nous dit « Il y a plusieurs facettes de Ben, un Ben provocateur issu de Marcel Duchamp qui signe Tout et Rien, qui signe la vie en s’exposant dans une vitrine à Londres en 1962, qui cherche les limites de l’art en déclarant Dieu œuvre d’art etc.

Mais il y a aussi un Ben théoricien qui s’interroge sur le devenir de l’art “ qu’est-ce que l’art ? pourquoi l’art ? “ Un Ben qui, quand on lui demande la matière avec laquelle il travaille, répond toujours : je cherche la vérité.

Vérité objective, quand il écrit sur une toile : cette toile mesure 47 cm de long et qu’elle les mesure vraiment.

Vérité subjective quand il écrit : je suis jaloux de la gloire de Boltanski et de Beuys et que.... »